Leclerc, Carrefour... Trop d’applis tue l’appli
Les grandes enseignes alimentaires multiplient les applications sur smartphones (jusqu’à 12 pour Leclerc). Et si on passait du quanti au quali?
FRÉDÉRIC BIANCHI
\ 07h00
FRÉDÉRIC BIANCHI
Il en va des applications mobiles comme des drives. La grande distribution s’y jette à corps perdu depuis quelques mois afin d’avoir la plus grande présence possible. Mais comme avec le drive, ce qu’on gagne d’un côté, on peut le perdre de l’autre. A vouloir avoir trop d’applis, les distributeurs ne risquent-ils pas de perdre leurs clients? Sur l’excellent blog "Je bosse en grande distribution", l’auteur a donc établi un classement des enseignes par nombre d’applis.
Et que ressort-il de ce classement? Que les enseignes ont beaucoup d’applis. Beaucoup trop? Sans doute. La "prime" en revient à Leclerc qui en compte pas moins de 12. Un petit tour sur l’appStore d’Apple permet de voir de quoi il s’agit: on a donc l’appli Prospectus (pour consulter les prospectus donc), l’appli Mon Leclerc (qui rassemble divers services comme les bons de réduction), la comparateur Quiestlemoinscher, l’appli Leclerc Drive, le scan pour les QR codes, une appli musique, une autre pour le carburant, pour le Manège à bijoux, pour les bornes de recharge électrique etc. etc. etc... Difficile de savoir si elles ont du succès (et encore plus si elles sont réellement utilisées après avoir été téléchargées) mais si on peut juger du succès d’une appli en fonction de son nombre de critiques, force est de constater qu’en dehors de LeclercDrive (277 critiques déjà pas Byzance), pas une ne dépasse les 50. Et la majorité n’en a même pas.
Un tour du côté de Carrefour. Le concurrent n’en possède "que" sept: une pour le vin, pour les QR Codes, le drive... Là encore, on ne sent pas l’engouement si l’on s’en tient aux notes données par les "applinautes". La plupart n’en ont pas ou quasiment pas. Une exception notable: l’appli Carrefour Spectacle. Cette application de 2011 au concept simple (mais assez rare finalement) propose de voir quels sont les spectacles autours de vous et d’acheter les places. Le tout avec un classement par rubrique: sport, musique, expo, musée, parc, danse, humour... Un vrai service utile et malin. D’ailleurs avec quelque 5300 notes attribuées (et une moyenne de 4 étoiles sur 5 sur l’appStore), les mobinautes semblent la plébisciter.
Mais dans l’ensemble, la stratégie des distributeurs en ce qui concerne les applis mobiles est interchangeable. Le drive, le carburant, le scan QR codes (à ce sujet il serait intéressant de savoir qui utilise réellement ces fameux QR codes, bref...)... Les partisans du "tout sous un même toit" multiplient ainsi sur mobile les formats ultra-spécialisés avec des services qui ne passionnent que rarement les clients semble-t-il.
Pourquoi ne pas toutes les réunir dans une seule application simple et facile d’utilisation? Où l’inscription serait qui plus est aisée. Ce qui n’est pas toujours le cas. Un (contre?) exemple: l’appli drive d’Intermarché. Une fois téléchargée, on nous demande de nous connecter. Si on ne possède pas d’identifiant, l’appli nous enjoint d’aller nous inscrire... sur internet depuis un ordinateur. Pratique, non?
Le blog "Je bosse en grande distribution" donne malgré tout un bon point à un distributeur: Delhaize. Le groupe belge n’en a lancé qu’une qui réunit tous les services essentiels: shopping, listes de courses, magasin le plus proche... Simple et efficace.
L’intérêt d’avoir une seule bonne appli? Ça simplifie la communication des enseignes ("Téléchargez l’appli pour accéder à l’ensemble des services de ma marque") et ça permet aux utilisateurs déjà très sollicités de la retrouver plus facilement. Plus globalement, c’est la bataille du m-commerce qui se joue avec les applis. Ainsi, selon une étude récente de ComScore, 30% de la fréquentation des sites de e-commerce proviendrait de supports mobiles, smartphones et tablettes.
En revanche, en ce qui concerne la conversion en achats, ces mêmes supports accusent toujours un très grand retard par rapport à l’ordinateur.
S'il fallait une raison pour soigner son appli mobile...