Les appareils photo ont-il encore un avenir ?
En recul année après année, les ventes d’appareils photo numériques ont chuté de manière inquiétante en 2013. Le smartphone n’est-il pas en train d’enterrer l’APN ?
Le plus vendu
Le Coolpix S3500 de Nikon est l’appareil photo qui s’est le plus vendu en France en 2013.
Démocratisation
Avec sa gamme Nex (ici, le 3N à moins de 400 €), Sony veut démocratiser les appareils hybrides à objectifs interchangeables.
«Un marché en transition », « qui évolue », « arrivé à maturité »… Les circonvolutions verbales sont variées lorsqu’on interroge les responsables des grandes marques sur leur marché de la photo. Des formules variées pour décrire une même réalité : l’appareil photo numérique va mal. Quelques chiffres pour l’illustrer : en 2013, les ventes ont plongé de 18%, à 3,5 millions d’unités vendues. Le chiffre d’affaires généré s’est, lui, contracté de 16%, pour atteindre 735 millions d’euros.
Vintage
Olympus joue la carte du vintage avec sa gamme OM, qui reprend le design des modèles des années 60.
À titre de comparaison, il se vend en France actuellement quatre smartphones pour un appareil photo numérique. La faute principalement aux compacts. « L’appareil compact porte à lui seul cette baisse, et toute l’attention repose donc sur ce segment, note GfK dans son bilan annuel des biens techniques. Comptant pour encore trois ventes d’appareils photo sur quatre, il ne peut plus s’appuyer sur la course aux pixels qui, en phase d’équipement, lui avait permis d’atteindre des records de ventes (4,5 millions d’unités en 2010). La chute des volumes, comme toute bulle qui éclate, est alors inexorable. » Petit problème, il n’y a plus aucun segment pour prendre le relais : depuis 2013, le reflex, malgré des ventes en légère hausse en volume (+ 1%), ne génère plus de croissance. En valeur, le marché a reculé de 8% (290 M €). Quant au marché naissant de l’hybride, outre le fait qu’il reste marginal (39 M € en 2013), il a lui aussi baissé en valeur de 8% pour une hausse très modérée (3%) pour un marché qui devrait décoller.
« Télépho-tographie »
Longtemps relativisée par les fabricants d’APN, la responsabilité du smartphone dans ces mauvais résultats est aujourd’hui pointée. Car le paradoxe, c’est que les gens prennent de plus en plus de photos. Selon Jacques Hémon, spécialiste en la matière, « 850 milliards de photos ont été prises dans le monde en 2012, c’est dix fois plus qu’en 2001. » Mais elles se prennent de plus en plus sur smartphones qui, avec leurs capteurs qui dépassent les 5 Mpx, rivalisent avec les petits compacts. D’autant que, selon un adage bien connu, le meilleur appareil photo est celui qu’on a toujours sur soi. C’est évidemment le cas du téléphone.
L’avenir de l’appareil photo paraît bien sombre. Pourtant, les fabricants veulent y croire. « Quand on interroge les consommateurs, 36% d’entre eux nous disent que c’est le reflex qui correspond le plus à leur besoin, devant le compact 31% et loin devant le smartphone », assure Valérie Pierre, la directrice de la division image de Nikon France.
Les deux principaux défauts adressés au téléphone sont le zoom et l’incapacité à faire de jolies photos en basse lumière. « D’ailleurs, poursuit la directrice de Nikon, 28% des photographes amateurs se disent prêts à passer sur compact expert ou reflex et, pour les y pousser, nous proposons des produits connectables, dotés de GPS, simples d’usage et au design vintage. » Des pistes de relance intéressantes mais qui pourraient ne pas suffire. Si l’appareil photo numérique ne devrait pas disparaître, son utilisation devrait continuer à se marginaliser et n’être plus utilisé que quelques fois par an. Une sorte d’appareil à raclette de l’image…
Un secteur très concentré
A eux quatre les principaux fabricants japonais détiennent 80% du marché de la photo en France. Un marché dominé par Nikon depuis deux ans
- 16%
L’évolution en valeur du marché de la photo en France, à 735 M €
-18%
L’évolution en volume, à 3,5 millions d’unités
Source chiffres : GfK, 2013
L’effondrement du compact
- 22% en volume à 2,6 M d’unités
- 24% en valeur, à 318 M €
Le filon du reflex épuisé
+ 1% en volume, à 480 000 unités
- 8% en valeur, à 318 M €
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Produits connectables, GPS, utilisation simplifiée et design vintage sont les trois pistes pour relancer ce marché en transition.
Valérie Pierre, directrice image Nikon France
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