Les chariots se connectent à la lumière
C’est au tour d’un E. Leclerc parisien d’adopter la lumière connectée. Cette fois, le but est de connecter les chariots et d’analyser les parcours clients. Une réflexion partagée par d’autres distributeurs, comme Carrefour.
Avril 2016 : E. Leclerc remet un pied dans Paris intra-muros avec un magasin de 1 450 m² à la logistique pointue, car le supermarché installé dans le 19e arrondissement ne dispose pas de réserve d’appoint. Autrement dit, avoir une connaissance précise des besoins des clients représente un enjeu clé… Un an après son ouverture, le point de vente s’équipe donc de LiFi (Light Fidelity, soit de la lumière connectée) afin de traquer les chariots. Le déploiement sera finalisé à la rentrée 2017, l’adhérent travaillant encore avec Oledcomm, spécialiste de la lumière connectée, sur l’implantation d’un récepteur LiFi dans la poignée du chariot. Ce dispositif captera les signaux que chaque led émettra dans le magasin. Et comme toutes les lampes sont géolocalisées, le système pourra suivre précisément le parcours du client et même lier cette information au ticket de caisse. « L’avantage du chariot, c’est qu’il est anonyme, précise Benjamin Azoulay, CEO d’Oledcomm. Les informations seront envoyées dans un cloud LiFi et le magasin pourra en tirer divers enseignements, comme les zones chaudes et froides ou le temps passé en caisse. » Au-delà du suivi de chariot, une application pour smartphone est également en cours de conception, afin d’apporter du service au client, comme la localisation de produits occasionnels. Le magasin réfléchit à des tablettes, mais tout est une question de budget et de services. Infomil, la branche informatique du groupement, planche également sur cette technologie, et s’est doté, près de Toulouse, d’un laboratoire équipé de LiFi.
Un modèle économique à trouver
E. Leclerc n’est pas le seul. De juin à décembre 2016, les clients de Carrefour Euralille pouvaient retirer à l’accueil une tablette qui s’attachait au chariot. Avec cet outil, ils avaient l’opportunité de trouver en magasin les promotions du catalogue ou de recevoir des offres géolocalisées et les annonceurs, de leur côté, pouvaient « pousser » des publicités sur l’écran. Pour Élise Maingueneau, directrice marketing de Mediaperformances, qui a monétisé l’espace médias,« les clients ont vite pris en main l’outil et jugé le concept pertinent, bien que devoir prendre la tablette à l’accueil représente tout de même un frein ». Quant aux services attendus, les utilisateurs veulent pouvoir insérer leur liste de courses, recevoir des notifications personnalisées, ou encore réserver des produits au rayon traditionnel et être prévenus quand leur commande est prête. « Les acteurs de la grande distribution regardent les chariots connectés mais les vraies questions portent sur l’équipement utilisé, plus que sur la technologie, estime Élise Maingueneau, et sur le modèle économique à trouver. »
Auchan partage cette vision. Ainsi, après le test de wiiGO, un chariot qui suit le client , le distributeur nordiste continue de s’intéresser au chariot connecté. « Nous voulons apporter de la valeur ajoutée à nos clients, précise Denis Vanbeselaere, directeur de l’innovation opérationnelle d’Auchan Retail International & France. Avec wiiGo, nous avons validé une appétence des consommateurs pour ce type d’équipement. Nous travaillons avec les concepteurs sur une nouvelle version plus aboutie et nous allons tester d’autres types de chariots connectés. » Quant à la technologie, le dirigeant souligne : « Beacon, LiFi, résonance magnétique, toutes les technologies de géolocalisation intérieure nous intéressent, elles ont chacune leurs avantages, avec des coûts variés. Nous croyons plus au couplage de technologies mais il faut faire des tests en magasin pour valider les scénarios. »