Les perturbateurs endocriniens dans le collimateur de l'UFC Que Choisir
Les perturbateurs endocriniens inquiètent l’UFC Que Choisir. A quelques jours de la publication de la stratégie de la Commission européenne sur le sujet, l'association a savamment choisi son moment pour livrer son étude.
EMMANUEL GAVARD
\ 12h09
EMMANUEL GAVARD
L’organisme de défense des consommateurs a réalisé une étude comportant sur 66 produits d’hygiène et de beauté. Elle affirme y avoir trouvé des perturbateurs endocriniens "sous forme de conservateurs, d’antibactériens, de filtres solaires et d’émollients." Les perturbateurs endocriniens peuvent avoir un impact sur la fertilité ou des troubles comportementaux. Mais tout est dans le dosage.
Cette découverte n’est pas surprenante en soi: les parabènes notamment, sont des conservateurs très utilisés en cosmétiques. Un projet de loi a été déposé en France en juillet 2011 pour les interdire, mais qui à ce jour, n’a pas encore donné suite.
L’UFC cible des produits et des marques en particuliers. Ainsi, "Sur le dentifrice Colgate Total (2) nos mesures ont révélé une teneur en triclosan susceptible d’effet sur la thyroïde. Quant au gel douche Nivea "Water lily & oil" (3), nous y avons trouvé du propylparaben à une dose supérieure à la recommandation du Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC)."
"Menace mondiale" selon l'OMS
Mais si l’UFC ne fait que mesurer la présence de pertubateurs endocrinien, elle n’avance pas d’argument sur leur nocivité, dont l’étude scientifique requiert des analyses plus poussées. Et dont l’interdiction des tests sur les animaux en Europe rendra d’autant plus difficile la lecture à long terme de leurs effets. En revanche, elle rappelle dans son communiqué l’inquiétude des pouvoirs publics, notamment de l’organisation mondiale de la santé (OMS), pour qui les perturbateurs endocriniens constituent "une menace mondiale pour la santé". L’embarra des effets de ces substances vient du fait qu’ils se transmettent de génération en génération.
En revanche, l’UFC pose la question de l’effet "cocktail" de ce type de produit. En effet, si un produit seul ne comporte pas de dose considérée comme dangereuse – ce que des études scientifiques doivent encore prouver sur le long terme – la question est tout autre pour plusieurs produits utilisés quotidiennement. "C’est ce que nous avons constaté avec le triclosan pour lequel nous avons trouvé des teneurs acceptables sur les dentifrices et les déodorants pris isolément, mais qui atteignent un niveau de risque significatif pour une utilisation combinant les deux produits", affirme l’association.
Effets additionnels
Le 14 mars dernier, déjà, les députés européens avaient appelés à prendre des mesures contre ces substances. Et la Commission doit rendre dans les prochains jours son verdict. Non pas les interdire, mais prévoir un plan d’action.
De son côté, l’UFC réalise son travail de lobbying en demandant à cette dernière de "diligenter des recherches indépendantes sur l’impact sur le long terme" de ses ingrédients, et de contraindre les professionnels "à réaliser des étiquetages complets sur la composition réelle de leurs produits, et de retirer de leurs formulations les molécules ayant des effets de perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés."
Le casse-tête ne fait que commencer. Car la grande question, c’est par quoi les remplacer? Les seuls parabènes ont levé une polémique à eux tout seul dans tout le monde de l’hygiène-beauté, allant jusqu’à créé un segment de marché. Mais en décembre dernier, la société française de dermatologie (SFD) tirait la sonnette d’alarme sur le methylisothiazoline (MIT), un des ersatz censé suppléer ces conservateurs.