Laurence Peyraut, Danone : "Les prélèvements des minéraliers se limitent à 0,3% de l’eau souterraine renouvelable"
"Prélevez-vous trop d’eau au regard de la tension sur cette ressource ?". C’est une question qui importe à tous ceux – consommateurs, agriculteurs, pouvoirs publics, associations de défense de la nature, etc. – que la sécheresse de l’été 2022 a angoissé. Nous l’avons posée à Laurence Peyraut, secrétaire générale de Danone France. Voici sa réponse.
"Notre ligne directrice est claire : ne jamais puiser plus que ce que la nature nous donne. En tant qu’acteur majeur de l’eau minérale naturelle avec evian, Volvic, Badoit et La Salvetat, nous savons à quel point l’eau est une ressource précieuse. Et ce depuis longtemps, car c’est même le cœur de notre métier de minéralier : proposer au plus grand nombre une eau naturellement pure, tout en veillant à respecter le renouvellement de la ressource en eau pour les générations futures. Et nous n’avons pas attendu les épisodes de sécheresse des dernières années pour agir.
Pour cela, nous travaillons avec des hydrogéologues qui étudient chaque jour le niveau des nappes afin d’adapter notre activité et nos actions. Cela nous assure de toujours prélever en-dessous des autorisations accordées par les services de l’État.
J’en suis convaincue : non seulement nous ne sommes pas le problème – puisque la totalité des prélèvements des minéraliers se limite à 0,3% de l’eau souterraine renouvelable, pour un usage essentiel : s’hydrater. Mais nous apportons même des solutions, en partageant notre expertise de plus de 30 ans dans la préservation de l’eau, grâce à une démarche concertée aux côtés des acteurs locaux.
Nous travaillons ainsi depuis des années main dans la main avec les collectivités et les acteurs locaux - à travers 4 associations public-privé autour de chacune de nos sources – pour préserver les impluviums, ces territoires où s’infiltre l’eau qui, au fil du temps et de son passage à travers des roches, se charge en minéraux et lui donne ses qualités d’eau minérale naturelle.
Grâce à ces associations, nous accompagnons de nombreux agriculteurs dans l’adoption des pratiques de l’agriculture régénératrice pour préserver les sols. Cela compte d’autant plus pour nous que nos activités sont complémentaires ; nos eaux minérales naturelles sont prélevées à plusieurs dizaines de mètres sous terre dans des nappes peu sensibles aux sécheresses saisonnières et à l’évaporation.
Un autre exemple qui m’est cher : sur l’impluvium de Volvic, qui couvre 38 km2, nous travaillons avec la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Leur rôle est essentiel pour la préservation de la biodiversité de ces lieux d’exception et veiller à la sauvegarde d’espèces menacées, comme les chauves-souris ou encore le Milan Royal, grand rapace protégé. Et nous sommes résolument à leurs côtés pour le faire.
Sur l’aspect industriel, nous avons aussi des solutions à partager. Nous testons par exemple un système pilote de traitement et de recyclage des eaux usées dans notre site d’embouteillage de Volvic afin de la réutiliser pour d’autres usages internes comme le nettoyage de nos lignes. Une innovation pionnière, qui pourrait inspirer d’autres industries.
Nous avons bien sûr des défis mais ma conviction profonde est que, grâce à cette gestion concertée et à l’innovation, l’eau minérale naturelle crée du dynamisme économique durable dans les territoires ruraux et contribue à préserver nos terroirs. Loin des caricatures, et définitivement au cœur des solutions".
