Les risques sur la qualité des produits conduit à un afflux d’exigences
Lors d’une table ronde organisée par la Feef et Trace One entre des distributeurs et des fournisseurs, la question de la qualité des produits débouche sur une multitude d’exigences via des cahiers des charges et des normes. Ce qui finit par renchérir les produits, parfois incompatibles avec les niveaux de prix du marché en Europe.
La question de la sécurité alimentaire est plus que jamais d’actualité. « Toutes les enseignes en Europe que nous avons contacté disent qu’ils accordent une part croissante non seulement à la prévention des risques alimentaires et à leur gestion en matière d’information, mais également à l’importance croissante en matière d’étiquetage, à la pression des consommateurs sur les ingrédients, à la nécessité de répondre à des "trafic lights" ou à l’indication d’allergènes », indiquait Jérôme Malavoy, pdg de Trace One. « Nous observons une inflation considérable de la demande d’informations de la part des acheteurs, sur la fabrication, le risque de migration des emballages, les normes ISO, et chacune des enseignes à ses propres exigences, exposait Gilles Charpentier, pdg de Merralliance. Rien que pour les normes, ma société dépense 500 000 euros de «qualité non perçue », soit 1 % de chiffre d’affaires. C’est une source d’inflation ».
Anticiper plutôt que subir
« Il faudrait commencer par stabiliser les référenciels sécurité alimentaire, c’est un élément clé pour stabiliser les coûts. Avec la réglementation, nous sommes contraints de gonfler les équipes qualité et je sais que nos demandes auprès des industriels sont plus nombreuses », ajoutait Laurent Francony, directeur de la qualité pour Système U. « Il faut trouver les moyens de prouver la qualité, sans ampiler les couches de protection, ajoutait Hervé Gomichon, pour Carrefour. Mais je ne crois pas à une simplication dans les années à venir, au contraire, les sujets sur les pesticides, les protections virales, sont déjà dans les tuyaux et il faudra y répondre. Sans oublier les pressions des ONG et des consommateurs sur les sujets environnement et santé publique. Et il vaut mieux anticiper, que subir ». Les intervenants ont convenu de la difficulté d’affronter le domaine de la qualité dans le contexte économique. « Dans les appels d’offres, nous sommes soumis à une concurrence européenne qui ne met pas toutes les entreprises au même niveau », a déclaré un intervenant.
Concurrence sur le cornichon
«Nous avons installé une usine de cornichons en Inde avec le même niveau de sécurité que celui exigé en France, indiquait Christophe Gudin, directeur commercial de Reitzel. Mais il y a des brokers qui achètent auprès d’industriels sans normes, et les enseignes sont sensibles à leur offre. Du coup, nous sommes en grande difficulté, même en ayant délocalisé ». «Sous la pression des consommateurs, nous avons décidé d’enlever l’huile de palme dans 75 % des produits, alors que nous savons que la politique du « sans » n’est pas l’avenir, ajoutait le directeur qualité de Casino. Mais la pression médiatique est là et nous devons en tenir compte ».
Fragilisation des PME
Mais, pour l’ensemble des intervenants invités par la Feef, si la question de la sécurité alimentaire est incontournable, son coût semble représenter désormais un risque considérable pour les PME. Et sauf à se retrouver à négocier seulement face à des multinationales de l’agroalimentaire, les enseignes devront tenir compte de cette nouvelle fragilité.