Management : la holacratie, testée et approuvée par Biocoop, séduit les retailers
En abolissant l’organisation pyramidale de sa structure, la coopérative rennaise de Biocoop, Scarabée Biocoop, a gagné en deux ans 15 % de chiffre d’affaires. Ce modèle de management, qui responsabilise chaque salarié, fait des émules dans la distribution.
Julie Delvallée
\ 11h02
Julie Delvallée
La hiérarchie au sein de l’entreprise aurait-elle trouvé ses limites ? La coopérative Scarabée Biocoop, basée à Rennes (35), l’admet, ce modèle d’organisation ne lui convenait plus: « Nous nous sommes rendus compte que notre organisation était devenue inadaptée pour faire face à la croissance de notre activité. Nous nous sommes alors mis en chasse d’un système pertinent et efficace, et surtout adapté à une structure militante comme la nôtre », affirme Isabelle Baur, présidente du directoire.
Un processus parfois « violent »
La PME, qui compte 160 salariés, 5 magasins et 4 restaurants, a adopté fin 2014 la holacratie. Ce système d’organisation, qui dérive du terme « holarchie » inventé en 1967 par Arthur Koestler, abolit la hiérarchie pyramidale et fragmente les décisions auprès des différents collaborateurs, qui deviennent en quelque sorte des chefs de projet.
Dans le cas de cette coopérative, qui été accompagnée par iGi Partners, diffuseur de cette technique de management en France et en Europe, le processus a été assez drastique. Première étape, faire accepter par tous, y compris par les dirigeants, la nécessité d’abandonner tous les attributs liés au pouvoir. Il faut ensuite impliquer l’ensemble des collaborateurs, car la particularité de ce modèle est de mettre tout le monde devant ses responsabilités et de dire les choses franchement. Un processus parfois « violent », comme le souligne Scarabée Biocoop.
« Un révélateur de talents »
Mais à en croire Isabelle Baur, le jeu en vaut la chandelle : elle assure que la holacratie a été « un révélateur de talents » pour de nombreux salariés, qui sont plus « autonomes, responsables et épanouis » avance-t-elle encore. Côté financier, ce nouveau système mis en place aurait permis de dégager un chiffre d’affaires à la hausse de 15 % en 2015. La structure, qui se développe en franchise, prévoit des recrutements pour cette année 2016.
Danone, Castorama et L’Oréal dans la même mouvance
La coopérative Scarabée Biocoop n’est pas la seule à parier sur la pertinence de ce modèle. Chez les industriels, Danone, L’Oréal, et PepsiCo ont mis en place des systèmes de gouvernance où les salariés prennent part au processus décisionnel, avec, le plus fréquemment, des groupes de travail mis en place pour réfléchir à une solution globale pour l’entreprise. Du côté des retailers, Castorama et Nature et Découvertes testent également ce modèle, avec des salariés de référence pour des projets attitrés. Zappos, l’e-commerçant américain dans le giron d’Amazon, fait référence dans ce domaine. Ce chausseur en ligne a en effet bani tout bonnement tous les managers dans son entreprise…