Michel-Edouard Leclerc dénonce (encore) les hausses de prix des fournisseurs…et deux propositions de loi
En pleine période de négociations commerciales, le président du comité stratégique des centres E.Leclerc pointe du doigt les hausses de tarifs demandées par les grands industriels et tacle au passage deux propositions de loi bientôt étudiées par les députés.
Il nous a habitués, depuis quarante-cinq ans, aux coups de gueule contre les fournisseurs, et plus spécialement contre les plus gros, les multinationales. Ce 5 janvier, sur son blog De quoi je me Mel, le voilà qui épingle, dans l’ordre, Mondelez, Kellogg’s, Beiersdorf, et Unilever. Toujours dans l’ordre, le premier demanderait des hausses de prix aux distributeurs de 17% sur les biscuits, le deuxième de 17% également sur les céréales et le petit déjeuner, le troisième de 15% sur la parfumerie et le dernier de, respectivement, 25% sur la moutarde et de 14% sur l’entretien et la parfumerie. Jusque-là, rien de bien étonnant, connaissant le goût de la polémique de l’impétrant et surtout le contexte inflationniste depuis plusieurs mois qui renchérit le coût des produits et tend les relations commerciales. Un coup de gueule fort opportun donc, alors que les négociations battent leur plein et que deux propositions de loi arrivent à l’Assemblée nationale.
Deux propositions de loi en ligne de mire
Car sa sortie vise bel et bien deux propositions soutenues par Renaissance et par LR qui seront étudiées en Commission des affaires économiques le 11 janvier et en plénière le 16 janvier. « Je ne cherche pas la provoc, écrit le président du Comité stratégique des centres E.Leclerc. Mais alors que l'inflation dépasse 13% sur l'alimentaire et atteint un niveau inédit depuis 20 ans en France, il existe des députés qui veulent limiter les grosses promotions. Ils veulent reconduire des marges minimales sur les produits alimentaires ! Surtout, ces députés veulent faire en sorte que même les grosses firmes puissent répercuter, sans négociation, leurs hausses sur les consommateurs ! » Et de conclure : « si les projets de loi de Julien Dive (LR) et Frédéric Descrozaille (Renaissance) étaient votés, aucune enseigne de commerçants ne pourrait s'opposer à des augmentations de tarifs de 10 à 30%. » Sur Twitter, Michel-Edouard Leclerc se moque au passage de ces députés inféodés, selon lui, au lobby des grands industriels, à savoir l'ILEC.
L'article 3 en question
L’article 3 de ces propositions établit effectivement que faute d'accord à l'issue des discussions d'achat, c'est le tarif du fournisseur qui s'imposera. « En cas d’échec des négociations annuelles au 1er mars, il ne devrait plus y avoir ni commande du distributeur, ni livraison de produits. Cette règle viendrait clarifier une situation dans laquelle, en cas d’échec des négociations commerciales, il est généralement considéré que le maintien des livraisons par le fabricant devrait se faire au prix de l’année précédente pendant une période de préavis de plusieurs mois." Or, estiment les députés à l'origine des propositions de loi, "dans une période d’hyperinflation, une telle pratique crée un fardeau économique insupportable pour l’industriel et une désincitation à trouver un accord pour le distributeur. Par ailleurs, hors période d’inflation, les conséquences d’une absence d’accord sur le prix doivent être plus équitablement réparties entre le fournisseur et l’acheteur". Les débats promettent.