Mobilier Européen (Fly) file tout droit vers une vente à la découpe
En pleine déroute, le groupe Mobilier Européen a reçu des marques d’intérêt pour les trois quarts de ses magasins, sans offre de reprise ferme ni globale. L’éclatement du réseau semble inéluctable, et le groupe va demander aujourd’hui son placement en redressement judiciaire.
Le scénario que Mobilier Européen (et ses enseignes Fly, Crozatier et Atlas) voulait à tout prix éviter se profile avec insistance. En procédure de sauvegarde judiciaire depuis plusieurs mois, le groupe n’a pas reçu d’offre de reprise globale et se dirige vers une vente à la découpe. La direction, qui s’est exprimée via un communiqué de presse, a précisé qu’au 17 septembre, treize manifestations d’intérêt avaient été reçues à date. « Si l’on considère le périmètre élargi du groupe (succursales + franchisés), ce sont 153 magasins sur 197 qui font au total l’objet d’une ou plusieurs offres de reprises ». Ces offres, dont le détail n’est pas connu, portent à chaque fois sur une partie du réseau. Et surtout, elles sont pour le moment non engageantes, le dépôt ferme d’offres de reprises étant fixé au 7 octobre. Selon Serge Barré, délégué syndical cité par notre confrère du Monde, 46 des 60 succursales de Fly ont fait l’objet d’au moins une marque d’intérêt, le chiffre étant de 4 sur 5 pour les succursales de Crozatier, et 6 seulement pour les 27 magasins Atlas. Conforama, un temps intéressé par une montée au capital de Mobilier Européen, semble avoir jeté l’éponge, après avoir repris il y a quelques mois une trentaine magasins stratégiques en Suisse et en France.
Une perte de terrain ininterrompue
Pour « avancer sur le plan de cession des actifs », Mobilier Européen, fondé et détenu par la famille alsacienne Rapp, va demander aujourd’hui son placement en redressement judiciaire, une décision « qui ne traduit pas une détérioration brutale de la situation du groupe » tient-il à préciser. Depuis plusieurs semaines, nombre de magasins ont été mis en liquidation pour générer de la trésorerie et assurer la poursuite des affaires courantes. Car Mobilier Européen a été touché de plein fouet par les difficultés qui touchent le secteur de l’ameublement, dont les ventes reculent année après année (près de 13% en deux ans selon les données de la banque de France). Les trois enseignes du groupe représentent un chiffre d’affaires annuel de 744 millions, en chute constante. Fly qui flirtait avec les 700 millions d’euros en 2008 est maintenant passée largement sous les 500 millions.
Les effectifs du siège pourraient être divisés par 6
A ce jour, sur les 101 magasins détenus en direct par Mobilier Européen en France, 57 ont fait l’objet d’un intérêt de la part de repreneurs potentiels. Sur le plan de l’emploi, Mobilier Européen, Meubles Rapp et le GIE, installés au siège alsacien de Kinghersheim ne conserveraient que 50 des 300 emplois actuels. En l’état actuel des choses, « 2834 emplois sont concernés par une ou plusieurs offres déposées sur un chiffre total de 3747 emplois (300 au siège, 1848 en magasins détenus en direct, et environ 1600 dans les magasins en franchise) » indique Mobilier Européen, qui évoque en conséquence « environ 850 emplois en danger et environ 44 magasins menacés de fermeture ». Ces projections, encore théoriques, évolueront à compter du 7 octobre quand d’éventuelles offres fermes de reprise auront été formulées. Elle pourront être améliorées juqu'au 24 octobre. Mais le groupe Mobilier Européen aura alors vécu.