Nouvelle donne
par Yves Puget, directeur de la rédaction
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par Yves Puget, directeur de la rédaction
En annonçant le gel du déploiement de Carrefour Planet, Lars Olofsson n'a guère étonné. Certains y voient l'aveu d'un fiasco, l'arrêt d'un concept au positionnement trop flou pour convaincre. D'autres imaginent qu'il a été décidé d'attendre l'arrivée de Georges Plassat pour prendre une décision sur cette initiative estampillée Lars Olofsson. Ce statu quo démontre surtout la cruelle erreur du Groupe Carrefour. Les dirigeants du numéro deux mondial de la distribution ont simplement oublié qu'on ne lance pas un nouveau concept comme on met sur le marché un paquet de lessive. Tous les distributeurs le savent : un concept se teste, se jauge et, surtout, s'ajuste au fil du temps. Chez Auchan, par exemple, il est de coutume d'attendre quelques années avant de se lancer dans un éventuel déploiement. Histoire de percevoir les ajustements nécessaires, mais surtout d'analyser finement et sûrement la rentabilité du projet. Non, même si les résultats ne sont pas mauvais, le lancement de Carrefour Planet ressemblait plus à une opération de séduction pour la Bourse et les financiers qu'à la profession de foi d'un commerçant.
Pourtant, il faut reconnaître que Carrefour a eu le mérite d'essayer de faire bouger les lignes de l'hypermarché. Certaines initiatives, comme la zone Marché, ne méritent pas le dédain de la profession. Lars Olofsson et ses équipes ont compris qu'il était temps d'investir dans les points de vente, dans l'outil de travail. Car demain, la bataille de concepts sera essentielle. Plus que jamais, les distributeurs vont chercher à se démarquer et à confirmer leur positionnement. Mais ce n'est pas tout. Les commerçants savent que les cartes sont actuellement redistribuées. Que le développement du drive - 169 unités chez Leclerc -va changer la manière de faire ses courses. Que l'explosion du commerce électronique impose une nouvelle réflexion autour des points de vente, type Apple Store. Il faut repenser l'offre, le merchandising, les services. Des produits sortiront des rayons et d'autres seront présents uniquement au travers de bornes interactives. Quant aux zones de démonstration et dégustation, elles se multiplieront. Les grandes surfaces - alimentaires ou autres - n'ont pas dit leur dernier mot. Il faut imaginer une nouvelle façon de faire ses courses, trouver ce qui va justifier le temps passé ici ou là (prix, services...). Autrement dit, miser sur l'attractivité, à l'instar d'Abercrombie.
C'est pourquoi LSA a décidé de développer sa rubrique Concepts, pour montrer sur quatre pages à quel point la vie commerciale connaît de profonds bouleversements, dévoiler et expliquer comment les distributeurs s'adaptent aux nouvelles donnes. Une veille commerciale pour anticiper ce qui se fait de mieux dans l'alimentaire et ailleurs, sur le Net et dans les magasins, en France et dans le monde. Histoire de préparer l'avenir...