Pernod Ricard cède le whisky Paddy à un américain
Le numéro deux mondial des vins et spiritueux, via sa filiale Irish Distillers, se sépare de l’une de ses trois marques de whiskeys irlandais. Paddy est reprise par Sazerac, un groupe familial américain encore inconnu en France.
Irish Distillers est en passe de se dessaisir de Paddy, quatrième marque mondiale de whiskeys irlandais avec 200 000 caisses de 9 litres vendues chaque année dans 28 pays. Ainsi, cette filiale de Pernod Ricard, spécialisée dans les élixirs irlandais, a annoncé être entrée en négociations exclusives avec l’américain Sazerac. Sazerac ? Si certains connaissent le cocktail du même nom – du cognac ou du whisky de seigle, un bitter et quelques larmes de pastis –, peu savent que c’est également le nom d’un groupe de spiritueux « important aux États-Unis », note un connaisseur du secteur.
En France, Sazerac est quasi inconnu. Car, si ce nom « sonne » français, l’entreprise est basée à la Nouvelle-Orléans (Louisiane), depuis sa création en 1850, et réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires aux États-Unis et un peu au Canada, avec une gamme importante de bourbons, rhums, vodkas, gins et tequilas. Si les Autorités de la concurrence donnent leur feu vert, Paddy deviendra sa première marque internationale, et son rachat marquera sans aucun doute la volonté de ce troisième acteur américain des spiritueux de se développer au-delà du continent nord-américain.
Plusieurs acquisitions
« Sur le marché mondial, c’est le whiskey irlandais qui a connu la plus forte croissance en volume sur ces cinq dernières années, dépassant tous les autres segments, a déclaré Mark Brown, le patron britannique de Sazerac, lors de l’annonce du rachat de Paddy. Les consommateurs du monde entier y voient une alternative aux autres whiskys. Si la transaction est conclue, nous sommes confiants en notre capacité de faire passer un nouveau cap à Paddy, en capitalisant sur son histoire et ses racines. »
Début 2016, Sazerac avait mené une autre acquisition, qui témoignait également de la volonté de ce groupe de s’épanouir hors de ses frontières. Il avait alors mis la main sur Southern Comfort – une liqueur américaine à base d’alcool rectifié, d’épices, de fruits et d’arômes de whisky –, et sur la tequila Tucua, deux marques du portefeuille de Brown Forman, le propriétaire du bourbon Jack Daniel’s. En France, Southern Comfort, liqueur très appréciée des barmen, est distribuée par La Maison du Whisky.
De son côté, Pernod Ricard conserve ses deux autres marques de whiskeys irlandais : Jameson (50,6% de part de marché en volume en France), et la marque la plus vendue au niveau mondial, ainsi que Powers, signature très populaire en Irlande. Toutes deux sont plus valorisées que Paddy. Si cette transaction se réalise, le groupe français devrait conserver la fabrication de Paddy, dans sa distillerie de Midleton, à Cork. Pour une bonne raison : Paddy n’est pas adossée à une distillerie.
Une histoire originale
À la fin du XIXe siècle, Patrick O’Flaherty était l’un des représentants de la Compagnie des Distilleries de Cork, en Irlande.
Chaque fois qu’il arrivait dans un pub, il offrait une tournée, ce qui le rendit très populaire.
À tel point que, lorsque les bars passaient commande, ils demandaient du « Paddy Flaherty’s whiskey », Paddy étant un diminutif de Patrick.
C’est pourquoi sa signature fut ajoutée sur l’étiquette de ce spiritueux. La marque appartient depuis 1988 à Pernod Ricard.
Le chiffre
- 25,4% : la PDM en volume de Paddy (+ 6% en 2015), soit la 2e marque françaisede whiskeys irlandais, un segment de 6,4 M€ et 3,3% du marché total des whiskys en valeur
Source : Nielsen ;origine : fabricant
"Si la transaction est conclue, nous sommes confiants en notre capacité de faire passer un nouveau cap à Paddy, en capitalisant sur son histoire et sur ses racines."
Mark Brown, président et CEO de Sazerac