Pernod Ricard concrétise son accélérateur d'innovations
Pernod Ricard a lancé Fine Cocktails, quatre cocktails prêts à boire, haut de gamme et frais. Le premier résultat de sa politique d’intreprenariat ou entreprenariat interne.
Voici un peu plus de deux ans, Pernod Ricard lançait son premier Kangaroo Fund. Un concours qui proposait aux 18 000 collaborateurs du groupe de mettre en avant des idées qui pourront être transformées en innovations, à condition qu’elles soient validées par un comité composé d’Alexandre Ricard, PDG du groupe, et des membres du comité de direction.
De cette première édition, un seul projet (sur 140), présenté par une salariée suédoise travaillant au sein d’Absolut Company, a séduit par son originalité. Il s’agit d’un cocktail prêt à boire, haut de gamme. « Cette salariée a été détachée à temps partiel pour mener à bien son projet », explique Carine Sit, manager de The K Factory, l’accélérateur de projets internes de Pernod Ricard.
L’histoire d’un partenariat
À l’arrivée, ce premier « bébé » s’appelle Fine Cocktails. Lancées au printemps, les quatre recettes sont disponibles dans une quarantaine d’établissements (hôtels, épiceries fines, restaurants, etc.) parisiens. « Nous avons beaucoup de demandes pour que Fine Cocktails soit présent sur des événements comme l’ouverture de la maison éphémère de Airbnb, des vernissages de galeries d’art, des inaugurations de magasins …. », précise Carine Sit. Outre des mariages d’ingrédients peu communs, l’originalité de Fine Cocktails est d’être un produit frais, disposant d’une DLUO de quatre mois. Une originalité qui peut devenir une difficulté : les magasins, même les épiceries fines, n’ont pas l’habitude d’avoir des réfrigérateurs dans leur rayon spiritueux, ni de gérer des DLUO pour ces produits.
Si ces recettes ont été concoctées par un bartender suédois, c’est le centre de R&D du groupe, à Créteil, qui a finalisé les dosages pour que celles-ci soient « industrialisables ». Fine Cocktails ne sort pas des usines de Pernod Ricard mais de celle d’un partenaire capable de fabriquer des petites séries pour le rayon frais. Côté prix, une fiole de 200 ml de Fine Cocktails est vendue entre 8 et 12 €, selon le lieu de vente. À noter que de nouvelles recettes signées Fine Cocktails sont en cours d’élaboration, notamment une avec l’alcool le plus en vogue du moment, le rhum. Et Fine Cocktails arrive en test à Londres et dans le New Jersey. Quand le « bébé » Fine Cocktails sera prêt à marcher, il sera confié à l’une de filiales du groupe pour rejoindre ses autres élixirs.
Laboratoires d’idées
En attendant, une saison 2 du Kangaroo Fund a déjà eu lieu, en octobre 2015. Sur 110 projets, trois ont retenu l’attention du comité : le premier, proposé par une Française, est une sorte d’Uber pour bartenders ; le deuxième, présenté par un Français travaillant pour Pernod Ricard Japan, réinvente l’expérience du cocktail à domicile avec des sortes de capsules – certaines alcoolisées, d’autres non – à assembler ; le troisième, émanant d’une Grecque salariée du groupe au Royaume-Uni, est une solution d’éco-packaging.
Pernod Ricard dispose de plusieurs structures d’innovations dont Big, très médiatisé pour son projet de bibliothèque de spiritueux baptisé Gutenberg. « BIG, c’est un laboratoire qui fonctionne de façon autonome. Les idées qui émergent des salariés de Big doivent être très disruptives, tandis que les nôtres sont plus proches de notre cœur d’activité », compare Carine Sit. Reste que les frontières entre Big et The K Factory sont poreuses et que le groupe réfléchirait à simplifier son organigramme dédié à l’innovation.
« The K Factory a une dimension RH importante. Nous sollicitons tous les collaborateurs et les accompagnons si leurs projets sont retenus. »
Carine Sit, manager de The K Factory, l’accélérateur de projets internes de Pernod Ricard
Composées à partir de vodka, de gin ou de whisky, les quatre recettes de Fine Cocktails sont additionnées de jus (citron, framboise, litchi…), de citronnelle, de gingembre, de fleur de sureau et de menthe.