Pernod-Ricard, quarante ans de conquêtes
Alexandre Ricard, jeune président du numéro deux mondial des vins et spiritueux, compte emmener le groupe plus loin encore, dans les 40 prochaines années.
Pernod Ricard ? C’est tout simplement l’un des plus beaux portefeuilles de vins et spiritueux de la planète. Un portefeuille étoffé tout au long des quarante années d’existence de ce groupe, aujourd’hui numéro deux du secteur, loin derrière le britannique Diageo. Car, en 1975, quand Jean Hémard, patron de Pernod, société fondée en 1805, et Paul Ricard, qui créa son anisé en 1932, ont uni leurs destins, les ventes de leurs anisés et autres marques d’apéritifs étaient à 90% réalisées dans l’Hexagone. Quarante ans plus tard, la France ne pèse plus que 9% des près de 8 milliards d’euros de ventes annuelles du groupe. Et Pernod-Ricard cumule les positions de leader des spiritueux premium dans bon nombre de pays dont la Chine et l’Inde, deux marchés à fort potentiel.
C’est que les dirigeants de Pernod Ricard ont eu du flair tout au long de ces quarante années. Notamment Patrick Ricard, deuxième fils de Paul Ricard, qui en prit les rênes en 1978. Il avait tout juste 33 ans, et succéder à un père au caractère bien trempé n’était pas simple. Il imposa toutefois sa vision : étoffer son portefeuille principalement avec des marques étrangères pour conquérir le monde. Et pour cause. Le groupe était alors très centré sur les anisés, des spiritueux peu consommés au-delà des frontières hexagonales. En 1981, il met la main sur le bourbon Wild Turkey (revendu depuis) puis, en 1988 sur le whisky irlandais Jameson et, en 1989, sur les vins australiens Jacob’s Creek. En 1993, Patrick Ricard part à Cuba signer avec Fidel Castro un accord pour distribuer le rhum Havana Club dans le monde entier, sauf aux États-Unis (à cause de l’embargo de 1962, qui devrait bientôt cesser).
Des rachats sans pareils
Une jolie pioche, mais insuffisante pour hisser le groupe au rang de numéro deux mondial. Alors, au début du XXIe siècle, Patrick Ricard passe à la vitesse supérieure et réalise les trois plus grosses acquisitions de l’histoire des spiritueux : Seagram en 2001 – ce fabricant canadien disposait du whisky écossais Chivas Regal et du cognac Martell –, Allied Domecq en 2005 (whisky Ballantine’s, liqueur Malibu, champagnes Mumm et Perrier-Jouët, etc.) et Vin & Spirit en 2008. Cette pépite, suédoise, a coûté cher : 5,6 Mrds €. Le prix pour remporter Absolut, quatrième marque mondiale d’un marché en plein essor, la vodka.
Depuis, le groupe a calmé le rythme, cherchant davantage à se désendetter qu’à grossir. Il s’est contenté de racheter des marques plus petites comme Lillet ou les vins californiens Kenwood.
Depuis février 2015, Alexandre Ricard, 43 ans, est aux commandes de ce paquebot. La période est moins faste que du temps de son oncle Patrick (décédé en 2012), et de son grand-père Paul. Il compte cependant sur un marché d’avenir, l’Afrique sub-saharienne, sur l’utilisation du digital pour communiquer sur les marques, mais aussi pour mieux connaître les consommateurs actuels, ainsi que sur l’innovation pour dépasser Diageo, et devenir le leader mondial des vins et spiritueux.
en dates
1975 Fusion des sociétés Ricard et Pernod
1978 Patrick Ricard prend les rênes du groupe
2001 Acquisition des actifs de Seagram dans les spiritueux
2005 Acquisition du britannique Allied Domecq
2008 Acquisition du suédois Vin & Spirit (Absolut)
2015 Alexandre Ricard est PDG
7,9 Mrds € de CA en 2013-2014
1 Mrd € de résultat net
101 sites de production
85 filialesdans le monde
18 000 salariés
37 marques internationales
Source : Pernod-Ricard