Philippe Mangin (Coop de France) craint une nouvelle crise en Bretagne
« On se dirige tout droit vers une nouvelle catastrophe en Bretagne avec Gad, Doux et Tilly Sabco », a lancé ce matin lors d’une conférence de presse le président de Coop de France, Philippe Mangin. Il déplore une situation qui se dégrade dans toute l’industrie agroalimentaire. Et il ne se "réjouit pas" de la reprise de Gad par Intermarché.
Sylvain AUBRIL
\ 11h53
Sylvain AUBRIL
Le président de l’industrie alimentaire coopérative n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, ce matin, sur la situation de l’agroalimentaire et notamment des filières volailles et porc. Il a d’abord fustigé la reprise de Gad par Intermarché « qui va se traduire par la suppression de la moitié des emplois », soit environ 500 sur les 1 000, mais qui aurait aussi des répercussions sur toute l’industrie d’abattage du porc. «On va vers une catastrophe en Bretagne dans le porc et la volaille. Tout le monde se demande comment on va en sortir. Le scénario qui se dessine et dont beaucoup se réjouissent, la reprise de Gad par Intermarché, ne nous réjouit pas tant que cela. Il n’y a qu’en France où la distribution peut investir ou a déjà investi dans l'industrie. Cela n’existe nulle part ailleurs et c’est même interdit par la loi en Grande-Bretagne. Or, nous voyons déjà comment un acteur comme Leclerc active une stratégie de produits d’appel qui pénalise la filière bovine toute entière. Aucun acteur industriel ne peut rivaliser. A court terme, la reprise de Gad sauve des emplois, mais nous sommes inquiets pour le long terme ».
Concernant Doux et Tilly Sabco, Philippe Mangin dénonce une situation «ubuesque ». «Doux connaît un endettement de 180 millions d’euros pour lequel aucune solution ne semble se dessiner, avec une séparation des activités avec le Brésil qui n’est toujours pas réalisée, et à côté le groupe Tilly Sabco, à bout de forces, ne travaille plus qu’un jour par semaine. Rien ne se passe, mais les coopératives de producteurs tiennent ces sociétés à bout de bras, on est dans le brouillard le plus total, les inquiétudes des producteurs sont immenses ». Philippe Mangin regrette que ces sociétés ne soient pas mises en vente, afin que les coopératives puissent créer un tour de table qui sécurise la filière, laquelle «en souffre dans sa globalité ».
Auparavant, le président de Coop de France avait dressé un bilan global déjà très sombre de l’industrie alimentaire, « environ 1000 emplois perdus depuis le début de l’année après les 4 000 de l’an dernier ». Une situation qu’il attribue à la chute des prix – 1,8 % en juin - et des volumes - 2,2 %, en raison de la guerre des prix en grande surface «où rien n’est réglé malgré la réunion avec les ministres en juillet" – ou encore en raison de l’embargo russe qui fait chuter les cours. Il en appelle à nouveau au gouvernement. Une réunion devait se tenir au ministère de l’Agriculture dans la journée consacrée aux conséquences de l’embargo russe sur les filières.