RFID, l'arme secrète de Zara [En images]

ANew York, dans les cabines d’essayage du flagship mondial de Zara, à Soho, une machine de self-checkout permet depuis peu de régler ses achats sans passer par la caisse. Entre autres fonctions, elle n’autorise les clients à retirer l’alarme qu’une fois le paiement effectué. Cette innovation est la dernière preuve en date des possibilités de la technologie RFID (radio fréquence identification). Placée entre les mains d’Inditex, c’est devenu son arme privilégiée pour assurer sa suprématie mondiale dans le secteur de la mode.

Zara, première des enseignes du groupe à implanter ce système, aurait dix années d’avance face à d’autres utilisateurs tels que Decathlon, Next, Levi’s ou Nike, estiment les experts. « L’introduction de la RFID est le changement le plus important que nous ayons réalisé à ce jour dans la gestion opérationnelle de nos boutiques », se réjouit Pablo Isla, PDG d’Inditex. Un constat modeste. En effet, c’est l’ensemble de la gestion qui se trouve bouleversée par cette révolution technologique.

« L’edge computing »

Non seulement Zara enregistre sur ses étiquettes rigides EAS, qui sont encapsulées dans les alarmes et pourvues de la double technologie acoustomagnétique-RFID, davantage d’informations que ses concurrents, mais toute l’architecture repose sur la philosophie de « l’edge computing », soit l’utilisation simplifiée des données pour les utilisateurs. Autrement dit, les points de vente disposent de leurs propres mini data centers, ce qui augmente beaucoup la vitesse de traitement des informations. Performant, rapide, ce système est ancré dans la culture particulière d’Inditex, savant mélange de mondialisation et de localisme. Les étiquettes rigides contenues dans les alarmes sont posées dans les sites de fabrication. Ensuite, comme la logistique est centralisée, toute la production repasse par l’Espagne avant d’être répartie dans le monde. Les tunnels de lecture et d’encodage, fournis par Checkpoint Systems, permettent de vérifier en entrepôts le contenu des envois sans les ouvrir, puis de les codifier à grande échelle. Premier avantage : la possibilité de modifier la destination des cartons jusqu’au dernier moment en fonction de la demande ou des aléas climatiques, puisque leur contenu est connu à distance. Simple à première vue, mais le travail réalisé en amont pour uniformiser les cartons et l’emplacement des alarmes sur les vêtements n’a pas été une mince affaire.

Le centre de distribution de Zara d’Arteixo (La Corogne) est capable de codifier, entre vêtements empaquetés ou sur cintres, 1,5?million de pièces par jour. Mais c’est surtout sur le point de vente que les antennes des étiquettes RFID, fournies par Tyco Retail Solutions, font leur preuve. La boutique Zara du centre commercial Marineda City, à La Corogne, en est un exemple parlant. Munie d’un lecteur RFID portable, la directrice réalise l’inventaire de l’entrepôt en moins de deux heures contre vingt-quatre avant. Et peut vérifier en quelques minutes la totalité de ses deux réassortiments hebdomadaires, d’environ 3 000 pièces chacun. Ces données alimentent un système d’inventaire, qui signale en temps réel les articles devant faire l’objet d’une nouvelle commande. À l’intérieur du magasin, étiquettes RFID et codes-barres coexistent.

La qualité du service

L’explication tient en quelques mots : la qualité du service. Afin de vérifier la disponibilité d’un modèle ou d’une taille à la demande d’un client, il est plus simple et plus rapide de scanner le code-barres sur un iPod, lequel consulte immédiatement le mini data center via une application. La réponse apportée concerne la boutique en question, les Zara situés à proximité et le site de vente en ligne de l’enseigne. Par ailleurs, l’introduction de la RFID s’est traduite par une refonte de l’encaissement. Les pistolets code-barres ont été remisés, et c’est le retrait manuel de l’alarme qui déclenche l’affichage du prix et la procédure de vente. Garantie pour le client en matière de protection des données, cette solution n’est néanmoins viable que couplée à un code-barres pour répondre à la problématique d’un éventuel retour de l’article concerné. Les alarmes sont ensuite récupérées par Tyco Retail Solutions qui « nettoie » les étiquettes RFID et les renvoie aux usines. Le tout pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers de réutilisations. Les avantages de la RFID sont tels que Zara intensifie ses efforts pour l’implanter dans un maximum de boutiques. La quasi-totalité de son parc sera du reste équipée à fin 2016.

Les avantages du système

• Réduit la démarque inconnue.
• Vérifie le contenu des envois des fournisseurs, qu’ils soient en cartons ou sur cintres.
• Propose un tracking permettant, entre autres, de réaffecter les produits en fonction de la demande ou des aléas climatiques.
• Diminue de 80% le temps consacré à l’inventaire.
• Permet un inventaire intelligent qui signale en temps réel les articles nécessitant une nouvelle commande.
• Améliore la qualité du service aux clients (localisation plus rapide d’une taille ou d’un modèle).

Les chiffres

• 1 542 boutiques Zara équipées à fin 2015
• 63 pays, dont 47 où l’ensemble des boutiques Zara présentes sont équipées
• 2 000 boutiques Zara équipées à fin 2016

Source : Inditex

Une solution unique

• Le data center d’Arteixo centralise les données globales
• Les étiquettes RFID sont encapsulées dans les alarmes
• Zara codifie les étiquettes dans ses entrepôts espagnols
• Les étiquettes RFID de Zara contiennent davantage d’informations que celles des autres enseignes
• Les boutiques sont équipées de mini data centers, d’où un gain de temps dans leur gestion au quotidien
• La RFID est couplée au système d’encaissement