Place à la logistique de récup !
Offrir une seconde main de première main : c'est le leitmotiv des retailers aujourd'hui qui s'organisent pour proposer de la vente d'occasion. Une démarche de sens, durable mais qui reste bien entendu une démarche de business. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle chaque enseigne suit un modèle de re-commerce qui lui est propre, avec une logistique adhoc. Explications de Sébastien Lefébure, Directeur général Europe du Sud de Manhattan Associates.
Seconde vie ! C'est le joli nom donné par Decathlon à son nouveau site dédié aux produits reconditionnés. En 2021, l'ambition de l'enseigne est de "sauver" près de 30 000 produits en leur offrant un réemploi. La spécificité des produits « Seconde Vie » est qu'ils n’ont jamais été utilisés par des clients : il s’agit d’articles de sport reconditionnés et vendus avec une décote moyenne de 20 %. Dans le textile, Kiabi s’appuie, lui, sur son modèle cross canal en proposant un accès facile à la seconde main en digital ou en physique. Les clients peuvent ainsi vendre leurs vêtements, quelle que soit la marque, et acheter en ligne de la seconde main. Un parcours parfaitement sans couture, mais qui nécessite une logistique au cordeau et des process bien rodés, pour la collecte, la reprise, une gestion du stock revue pour prendre en compte le critère d'état du produit, la remise "en vitrine" après reconditionnement … le service après-vente sur ces produits de seconde main doit également être repensé.
Autre modèle, mais toujours dans la mode, celui de Pimkie, qui a choisi, lui, la vente de vêtements d'occasion au kilo. Pour cela, un partenariat a été noué avec le groupe Eureka, spécialiste de la fripe avec ses enseignes Kiloshop et Hippy Market. Depuis la réouverture le 19 mai, ce sont ainsi quatre boutiques du réseau Pimkie (à Paris, Lille, Bordeaux et Rouen) qui disposent d'un nouvel espace dédié à la mode d'occasion.
Les e-commerçants ne sont pas en reste sur la question de la seconde main. A l'image de Spartoo, qui fait "distribuer" sa mode de seconde main par l’entreprise basque Patatam. C'est elle qui collecte, trie et diffuse de la mode de seconde main sur tout le territoire par le biais de nombreux corners. Autre initiative, celle de Veepee qui attaque le marché de la seconde main avec le service Re-cycle. Le concept ? Les clients n’achètent pas de produits mais renvoient un article ancien en échange d’un bon d’achat. La marchandise est renvoyée sur un entrepôt du site e-commerce qui se charge alors de trier les produits, entre valorisation des matières premières et remise en état pour une nouvelle vie.
La seconde main, une occasion à ne pas manquer
Tous ses exemples récents montrent que les retailers ont bien compris que la seconde main était une occasion à ne pas rater. Les études ne disent pas le contraire : d'après une étude Xerfi Precepta, le marché de l'occasion est en croissance régulière depuis la crise de 2008 et a généré dans l'Hexagone 7,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020 (hors autos). Selon une étude Kantar publiée fin 2020, 51 % des Français interrogés souhaiteraient trouver des offres de seconde main en boutique. Quant à la part des vêtements de seconde main dans le budget mode des Français, elle progresse, atteignant 9,3 % l'an dernier, contre 8,4 % en 2019. Soit un montant annuel moyen de 77 euros consacré à l'achat d'habits d'occasion. Sur le plan mondial, la tendance est bien évidemment semblable. Évalué entre 30 et 40 milliards de dollars, ce marché, qui concerne aussi bien les marques de masse que de luxe, devrait avoisiner les 15 à 20 % de taux de croissance annuel pour les 5 prochaines années au niveau mondial (Etude BCG Vestiaire Collective).
Bref, la seconde main est partout. Clairement, l'occasion représente aujourd'hui une opportunité de business additionnel pour tous les retailers. À condition qu'ils mettent à niveau leur supply chain, notamment en intégrant les process de logistique inversée.
La ‘reverse logistic’, le nouveau maillon fort
Place à une logistique de retours efficace, avec des process courts (car plus un produit reste dans le système, plus sa valeur est amenée à décliner), comportant peu de manutention et de rupture de charge. Une rétro-logistique maitrisée et industrialisée s'impose, en particulier pour les retailers générateurs de gros volumes. Avec notamment des outils technologiques permettant de réduire le temps d’immobilisation des marchandises entre le moment où elles sont retournées et celui où elles sont de nouveau disponibles à la vente (contrôle qualité, remise en stock physique et financière, mise à jour des niveaux de stocks sur tous les systèmes d’information en temps réel, reconditionnement). Aussi, il faut pouvoir exécuter rapidement ce retour en stock n’importe où dans le réseau – magasin, corner, centre d’appel, prestataire logistique, centres de distribution – ou dans un circuit de vente d'occasion dédié. Il faut aussi en assurer une sortie rapide quel que soit le nouveau canal d’achat : expédition depuis le magasin où la marchandise a été retournée ou vers un autre point de collecte...
A ce jour, l'outil le plus efficace pour orchestrer l'ensemble de ces process est l'Order Management (OMS). C'est un système de gestion des commandes qui permet d’organiser et de rationaliser leur processus d’exécution. Il a la capacité de réconcilier les stocks, d'avoir une vue unique sur eux et de pouvoir renvoyer des données mises à jour en temps réel (qui sont des données nouvelles dans le cas de la seconde main, comme état de l'article etc…) aux services concernés. Intégré au cœur du système d’information du retailer, l'OMS assure aussi le respect des règles de rentabilité fixées avant d’affecter un stock vers une commande. Ce qui permet de mesurer les gains d'une bonne gestion des retours. Attention : seul un OMS disposant de fonctionnalités robustes développées pour orchestrer ces scénarii omnicanaux assurera la qualité de service attendue par les retailers. C'est LA condition sine qua non pour bénéficier d'un nouveau levier de croissance rentable tout en répondant aux nouvelles demandes des consommateurs, de plus en plus soucieux de privilégier des achats durables.
Diplômé de Kedge Business School, Sébastien Lefebure a débuté sa carrière chez Steria en 2000. Il intègre Manhattan Associates en 2002 en tant que responsable des Services et de plusieurs projets en France et au Japon. Sébastien Lefebure y officie ensuite comme chef d’équipe sur le marché de l’order management en Europe en croissance rapide, puis comme chargé des programmes de transformation de moyenne et grande envergure dans le domaine de la Supply Chain Execution (WMS) et de l’Omnicanal (OMS) pour des clients de la grande distribution et de l’industrie, et enfin comme chargé du développement commercial au cours des 6 dernières années. Il a investi ses nouvelles fonctions de Directeur général Europe du Sud en décembre 2019.
Manhattan est reconnue mondialement pour la qualité technologique et la richesse fonctionnelle de ses solutions logicielles WMS (gestion d’entrepôt), TMS (pilotage des opérations de transport) et OMS (orchestration des commandes) qui permettent d’unifier l'information à travers toute l'entreprise, en faisant converger les ventes avec l'exécution logistique.