Portrait de franchisé : Serge Engel (Gautier) marche sur les traces familiales
Serge Engel, 59 ans, a ouvert en mars 2023 un magasin Gautier, exploité par ses soins en franchise. Mais là où l'histoire devient extraordinaire, c'est qu'il a ouvert là où, auparavant, quelques décennies plus tôt, son père et, avant lui, son grand-père exerçaient. Une saga familiale qui a tout du conte de fée. Portrait.
L’histoire n’est pas banale. C’est celle d’un retour aux sources. Aux sources familiales et aux sources entrepreneuriales. C’est l’histoire d’une famille, sur trois générations, et c’est l’histoire d’un lieu. Cette famille, ce sont les Engel, et ce lieu, c’est le 55, rue du Faubourg-Saint-Antoine, dans le 11e arrondissement de Paris, à quelques pas de Bastille.
Ici, depuis le 3 mars 2023, sur deux niveaux et près de 400 m² d’espace de vente, en remplacement d’une parapharmacie moribonde, trône un magasin de meubles Gautier. Et c’est comme si, d’un coup, ce si banal emplacement du 55 de la rue du Faubourg revivait ; renaissait. C’est comme si tous les fantômes du passé, bien vivants, merci pour eux, resplendissaient à nouveau. C’est comme un bout du Paris d’antan, commerçant, aux allures de village, qui revient.
C’est nostalgique, parce que l’histoire est belle, mais c’est tout ce qu’il y a de plus moderne, aussi ; tout ce qu’il y a de plus ancré dans le XXIe siècle. Ici, Serge Engel exploite depuis maintenant deux mois une franchise Gautier, avec tables, canapés, bibliothèques, lits et autres armoires tout ce qu’il y a de plus dans l’air du temps.
Trois générations en un même lieu
Un retour aux sources aux allures de fontaine de Jouvence pour cet homme de 59 ans qui, comme il le dit lui-même dans un grand sourire, « est né ici. » Et pour cause : son père, Charles, exerçait autrefois en ce même lieu, le même métier. On allait dire la même passion… Serge Engel, pour marquer la filiation, a tenu à reproduire, pour la photo et pour la postérité, la même pose à l’extérieur de sa boutique, comme son père, exactement, quelque 44 ans plus tôt. Le cliché est émouvant.
Et l’histoire l’est plus encore si l’on sait que Charles Engel, portant haut ses 96 ans, est là pour assister à cette apothéose familiale. « Mon père est évidemment venu voir le magasin ; le voir et le revoir même. Ma mère également et, croyez-moi, il ne faut pas attendre longtemps pour que, tous les deux, retrouvent leurs réflexes professionnels », s’amuse le fiston, pas peu fier. On trouve, dans le point de vente, discrets, quelques clichés sépias au mur, venant rappeler cette époque peu commune. Le visiteur un peu curieux pourra les apercevoir et, alors, lui sautera aux yeux cette évidence : cet endroit à une âme. Il s’en dégage quelque chose d’éminemment positif ; une atmosphère chargée de bienveillance.
La bosse du commerce et plus encore
L’hôte des lieux n’est y évidemment pas pour rien. Serge Engel, volontiers volubile, a le don pour mettre à l’aise. Appelons cela la bosse du commerce, même si elle répond plus sûrement encore à des qualités humaines d’empathie. Serge Engel tient ainsi à rappeler le souvenir de son grand-père, Henri, tapissier ensemblier-décorateur dans le Faubourg, et notamment rue de Cotte, à quelques encablures de là, dès les années 1930. Voilà quasi un siècle que les Engel œuvrent dans le quartier, se démenant pour meubler et décorer des appartements. Et si les années ont passé, si les tendances ont changé, on en revient toujours aux mêmes choses : la satisfaction du client. Comme c’est simple, finalement, le commerce… « Que les gens rentrent ici, découvrent nos gammes et s’émerveillent, autant de fois que possible. Plus sûrement encore, qu’ils se sentent comme chez eux, et surtout pas dans un banal magasin de meubles. Je veux qu’ils ressentent être chez un décorateur avant tout, qu’ils trouvent de quoi concrétiser tous leurs projets d’aménagement les plus fous », souligne Serge Engel.
Agenceurs plus que vendeurs
Cela tombe bien, c’est parfaitement en ligne avec la stratégie de Gautier, groupe aux plus de 120 magasins dans le monde pour, en 2022, un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros, réalisé à 80% en France. « Nous allons de plus en plus vers un métier d’agenceurs plus que de simple vendeur de meubles, appuie ainsi Julien Gauducheau, le directeur de la communication de Gautier. C’est une évolution majeure, pour le secteur et pour nous, et cela se reflète dans les profils que nous recherchons, en privilégiant les décorateurs d’intérieur. Dans le modèle de consommation tel qu’il se dessine aujourd’hui, il devient rare de vendre un meuble seul, une table ou une étagère. C’est désormais plutôt un salon entier que les clients recherchent, un environnement global, et des projets souvent complexes, à plus de 5000 ou 10000 euros parfois. C’est pourquoi nous travaillons de plus en plus sur des accompagnements personnalisés et du sur-mesure, avec des meubles modulaires, capables de s’adapter à n’importe quel besoin particulier. »
De quoi plaire à Serge Engel. Outre ses origines familiales, voilà plus de trente-cinq ans qu’il exerce dans le métier du meuble, chez Crozatier, Mobilier de France, Bo Concept ou encore auprès de Claude Dalle et de son groupe Roméo. « Maintenant que les enfants sont grands, j’ai davantage de temps à consacrer à cette grande aventure que constitue, en soi, l’ouverture d’un magasin », avance-t-il.
Découvrez quelques photos du magasin du 55, rue du Faubourg-Saint-Antoine, à Paris :