Prix de la viande: les conclusions du rapport de Francis Amand
Dans son rapport publié mercredi 22 juillet 2015 sur le site du Ministère de l’agriculture, Francis Amand, le médiateur des relations commerciales agricoles revient sur l’application de l’accord conclu le 17 juin 2015 par l’ensemble de la filière pour une revalorisation des prix.
En préambule de son rapport, le médiateur des relations commerciales agricoles insiste sur la complexité de la situation. Sous peine de tomber sous le coup d’une condamnation des autorités de la concurrence européenne ou française, il est en effet impossible d’établir des consignes de prix auxquels il convient d’acheter les animaux aux producteurs. De fait la réalisation des engagements collectifs pris dans le cadre du 17 juin 2015 est donc totalement « tributaire de l’information à la connaissance de chaque acteur et de sa bonne volonté de faire », insiste le rapport. A cet égard, abatteurs et distributeurs ont-ils fait preuve de bonne volonté ? Inutile de chercher le nom de coupables qui n’auraient pas joué le jeu et poussé les éleveurs à multiplier les blocages sur les routes de France. Dans les tableaux de prix figurent des lettres pour désigner les entreprises
Un accord difficile à mettre en oeuvre
Dans son rapport Francis Amand souligne que « les abatteurs-découpeurs ont pour leur part considéré dans un premier temps que l’effort de prix devait porter sur les seules races à viande (sans réelle quantification), les races laitières connaissant déjà un prix élevé par rapport à l’historique des cours ». Pour leur défense, les abatteurs-découpeurs ont insisté sur les difficultés spécifiques de la filière jeunes bovins qui ne trouve plus de débouchés et de valorisation de la production à l’export.
Les distributeurs ont joué le jeu mais ...
Quant aux distributeurs, le médiateur n’a pas eu connaissance de refus de la part des huit principales enseignes de la distribution d’accepter la revalorisation des prix aux producteurs de viande bovine. De fait s’il y a bien eu une revalorisation des prix pour les achats sous contrats et les achats de demi carcasse, de nombreux distributeurs se seraient tout de même fournis auprès d’abatteurs-découpeurs ayant remporté les marchés en « cassant » les prix par des approvisionnements auprès d’éleveurs contraints de brader leurs bêtes. En clair, jouant de la complexité de fixation des prix et du cadre très général de l’accord du 17 juin, distributeurs et abatteurs, s’ils ne se sont pas opposés aux hausses ne semblent pas avoir joué un rôle dynamique dans leur mise en œuvre.
La FNB déterminée à lever les ambiguïtés
Après avoir débloqué une enveloppe de 600 M€ et présenté 24 mesures de soutien à l’élevage, le Ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, va-t-il parvenir à faire retomber la tension? Dans quelle mesure industriels et distributeurs sont-ils prêts à aller plus loin dans l’application de l’accord du 17 juin 2015? Pas question d’en rester là pour la Fédération Nationale bovine (FNB) présidée par Jean-Pierre Fleury qui entend dès la semaine prochaine régler au cas par cas les ambiguïtés qui peuvent exister avec les abatteurs. En attendant, le président de la République, François Hollande est parti dès ce jeudi 23 juillet à la rencontre des éleveurs à Dijon afin de leur expliquer le plan de soutien dont ils vont pouvoir bénéficier.