Processeurs : Intel lâche la concurrence
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Encore une barrière psychologique qui tombe. Pièce maîtresse des PC, le processeur central conditionne le prix final de la machine et constitue son principal argument de vente. Dans ces conditions, le lancement du premier processeur à 2 GHz ne peut pas laisser indifférent.
Mais si l'on ne s'attendait pas à voir les concurrents d'Intel applaudir, on peut s'étonner de la volée de bois vert administrée au numéro un mondial. « Chez Apple, explique Jean-René Cazeneuve, directeur général France, nous innovons au lieu de nous débattre dans une guerre des mégahertz. » « La plus grosse fréquence, c'est un argument qui parle immédiatement », déplore Christian Olivieiri, responsable des ventes France chez VIA. Quant au principal challenger, AMD, son vice-président en charge du marketing, Pat Moorhead, assure que « les comparatifs prouvent que les mégahertz seuls ne sont plus une indication suffisante pour mesurer les performances d'un processeur ».
Sourire de Maria Marced, vice-présidente d'Intel. « AMD dit que la fréquence d'horloge n'est pas tout ?, s'étonne-t-elle. C'est amusant ; il y a quelques mois, ils disaient le contraire ! Nous, nous ne changeons pas, à vous de voir qui a le discours le plus cohérent » Accusations infondées formulées par des concurrents distancés ? Intel le sous-entend. Avant d'admettre que la vitesse d'horloge pure n'est pas tout et que la nouvelle architecture lancée avec le Pentium 4 permet une optimisation générale du fonctionnement des PC.
VIA joue le prix
C'est au moins un point qui fait l'unanimité : si le coeur de la machine ne suit pas, un très gros processeur ne sert à rien. « Quand vous achetez une voiture sportive, explique Shane Rau, analyste chez IDC, vous voulez savoir en combien de temps elle passe de 0 à 100 km/h, pas à combien de tours fonctionne le moteur ! » L'analogie est transposée au PC : mieux vaut un processeur tournant à une vitesse plus réduite - comme l'Athlon 1,4 GHz, le haut de gamme d'AMD - mais traitant plus d'informations à chaque tour d'horloge.
Pour Maria Marced, l'envolée des fréquences se justifie pourtant. « L'utilisation des PC évolue en permanence, note-t-elle. Nouvelles applications, nouveaux types de fichiers, besoins croissants en communication. Cela rend nécessaire la recherche de plus de puissance. » Chez VIA, fabricant taiwanais de composants qui s'est lancé dans l'aventure du processeur, Christian Olivieiri relativise. « Les applications gourmandes en capacité de processeur concernent 20 % du marché, proteste-t-il. Ce sont les logiciels qui nécessitent des calculs en virgule flottante, c'est-à-dire les gros jeux en 3D. »
Un discours pourtant mal reçu par les fabricants et assembleurs de PC à qui il vante les mérites de son modeste C3 à 866 MHz. Même si cette puce permet à certains de ses clients de proposer des PC à moins de 533,57 EUR (3 500 F), voire 304,90 EUR (2 000 F) avec l'ensemble des composants Via. « Le problème, c'est que lorsque je dis ça à un constructeur ou à un distributeur, il me répond qu'il vend des PC à 1524,49 EUR (10 000 F). Alors pourquoi prendrait-il le risque de vendre des PC d'entrée de gamme qui lui rapporteraient trois fois moins de marge ? » Même en interne, VIA se voit contraint de suivre la tendance. Le premier processeur C3 à 1 GHz est attendu en fin d'année.