Quand le prix des jouets fait débat…
C’est devenu l’une des polémiques rituelles de la saison de Noël : les distributeurs attendent-ils le 1er décembre pour remonter les tarifs de leurs jouets ? Une question qui n’est pas aussi évidente qu’il n’y paraît.
Véronique Yvernault
\ 16h13
Véronique Yvernault
De même que le Père Noël revient chaque année, la polémique sur les prix des jouets fait désormais partie des rituels incontournables de la saison. Cette année encore, notre confrère UFC – Que Choisir a publié son étude sur l’évolution des tarifs d’un panier de 34 jouets suivis sur douze sites marchands (pure players, spécialistes et hypermarchés).
Et comme chaque année, le magazine pointe une hausse moyenne des tarifs à partir de décembre, période qui coïncide avec la fin de la validité des catalogues de Noël des enseignes.
Montée des prix et fin de catalogue
"Nos courbes le démontrent chaque année, le prix des jouets est élevé en septembre, supérieur à l’indice 100 qui correspond aux prix moyens sur toute la période. La baisse s’amorce début octobre, et c’est à la sortie des catalogues de jouets, qui intervient en moyenne du 20 au 27 octobre, que les prix se stabilisent au plus bas. Ils restent à ce prix plancher de fin octobre à fin novembre. Ils remontent dès les premiers jours de décembre sur les sites marchands, retrouvent leur niveau élevé de septembre autour de la mi-décembre, puis le dépassent quelques jours avant Noël", commente ainsi le journal, concluant qu'il est donc préférable de faire ses emplettes de Noël durant la période de validité des catalogues de Noël.
Maintien des prix, promotions ou inflation ?
Un conseil en forme de lapalissade qui agace dans la profession. Ainsi, dès 2014, JouéClub, furieux du "bad buzz" autour de la remontée des prix dans le jouet en décembre, avait fait une publicité spécifique pour clamer haut et fort que le groupement maintenait ses prix catalogue jusqu'à Noël. Une politique tarifaire que met toujours en pratique et en avant JouéClub ainsi que d'autres spécialistes tels Oxybul Eveil et Jeux : le Père Noël ne payera pas plus cher ses jouets plus chers la veille de Noël qu'en début de saison.
Pas question non plus dans d'autres enseignes d'augmenter ses tarifs au moment où la saison bat enfin son plein. L'heure est plutôt aux promotions, comme chez La Grande Récré qui fête actuellement l'anniversaire de ses "4 fois 10 ans", ou encore King Jouet qui prévoit une forte opération trafic dans ses magasins pour début décembre et multiplie les offres sur son site internet, comme ses "happy hours" mis en place tous les mardis soirs. De son côté, Toys'R'Us, outre sa "garantie prix bas" met en avant sur son site des promotions allant jusqu'à -50% sur les jouets premier âge, -25% sur les gammes de blasters Nerf d'Hasbro ou encore des bons d'achats sur les produits Barbie de Mattel.
Un "non-sens commercial"
"Pour les enseignes alimentaires, monter les prix des jouets passés le 1er décembre serait un non-sens commercial et surtout, le risque que les produits jugés trop chers restent trop longtemps dans les rayons au moment où il faut faire de la place pour les produits alimentaires du réveillon", tranche le directeur d'un hypermarché.
Alors pourquoi ne pas maintenir la validité des catalogues jusqu'à la fin décembre ? D'abord car un prix affiché sur un catalogue ne peut voir sa valeur faciale modifiée - à la hausse comme à la baisse - durant toute la validité du catalogue. Impossible donc de proposer des réductions de prix ou autres promotions agissant sur le tarif, même si d'autres leviers (points de fidélité, primes...) peuvent être activés. L'autre point problématique est la disponibilité du produit en rayon : " les catalogues obligent une enseigne à avoir le produit disponible en magasin jusqu'à la fin de sa période de validité. Il peut y avoir des ruptures occasionnelles durant cette période. Mais plus on approche de Noël, plus les ruptures risquent d'être nombreuses et définitives", rappelle un distributeur spécialiste. Difficile donc d'être sûr de ne pas tomber en rupture sur certains produits pourtant toujours présents au catalogue. "L'avantage de ce nouveau buzz est qu'il motivera peut-être les consommateurs à venir en masse faire leurs emplettes en magasin le week-end prochain", philosophe un concurrent. Sur le marché du jouet, on l'espère en tout cas !