Quel avenir pour les surgelés Findus ?
Le 4 juin, le groupe Findus est entré en négociations exclusives avec la société d’acquisition Nomad, propriétaire d’Iglo, en vue d’une éventuelle cession de ses activités Europe du Nord et Europe du Sud. Un rapprochement qui pourrait avoir des conséquences en Europe et en France.
Les cartes bougent dans l’univers du surgelé. Petit rappel des faits. En mars, le leader de la distribution de produits surgelés, Picard, est racheté à hauteur de 49% par le suisse Aryzta. En avril, Iglo passe entre les mains de la société d’acquisition Nomad, pour 2,6 milliards d’euros. Et en juin, c’est au tour de Findus de faire la une de l’actualité. Le groupe, appartenant depuis 2008 au fonds britannique Lion Capital et, depuis 2012, à deux créanciers, J.P. Morgan et Highbridge (70% du capital), a annoncé être entré en négociations exclusives avec Nomad. Les discussions concernent la vente des activités Findus Europe du Nord (Suède, Norvège, Finlande, Danemark) et Findus Europe du Sud (France, Espagne, Belgique). L’actif serait valorisé à 2,8 milliards d’euros.
1,4 Mrd €
Le chiffre d’affaires de Findus en 2014
Source : Findus
Un géant européen du surgelé
Depuis le rachat d’Iglo, Nomad nourrit en effet de fortes ambitions dans l’univers de l’agroalimentaire et ne cache pas son intérêt pour investir dans de nouveaux groupes du secteur. Avec le regroupement de Findus et d’Iglo, il pourrait ainsi créer un géant européen du surgelé. Et, visiblement, sans problème de monopole. En effet, Iglo et Findus occupent des positions de leader sur leur marché, mais chacun dans des pays différents. En France, par exemple, Findus compte environ 8,6% de part de marché en valeur, quand Iglo est à 1,7% (mars 2014). « Les deux entités n’excéderaient donc pas plus de 10% de part de marché », explique Laurent Prévot, délégué CFDT Findus France.
les conséquences de ce rachat
- En France, aucun problème de monopole, car les parts de marché cumulées de Findus et d’Iglo dépassent à peine les 10%.
- En Europe, si des situations anticoncurrentielles se posent, Findus pourrait être vendu pays par pays.
- Selon les syndicats, l’opération pourrait entraîner la fermeture du site Findus de Boulogne-sur-Mer, avec une délocalisation de l’activité.
Le site de Boulogne-sur-Mer menacé
Mais pour les représentants du personnel et les syndicats de Findus France, l’inquiétude règne. Tant pour leur avenir que pour le sort réservé au site de production de Boulogne-sur-Mer (20 000 tonnes de produits, dont 7 000 pour les bâtonnets de poissons surgelés), qui emploie 240 salariés. Ce dernier risque de disparaître si la vente avec Nomad est conclue. En effet, le futur acquéreur pourrait vouloir rationaliser les coûts et centraliser l’ensemble de la production sur les sites d’Iglo, qui auraient, selon les syndicats, des capacités suffisantes pour fabriquer les produits Findus. Le personnel de Findus France appelle donc leurs actuels propriétaires à faire le bon choix et demande l’appui des politiques. Rien n’est encore conclu, mais l’annonce, début juin, du soutien financier de l’Américain Bill Ackman, qui entrerait dans le capital de Nomad, à hauteur de 21,7% via son fonds Pershing Square, laisse penser que l’entité aurait les liquidités nécessaires pour conclure le deal Findus.
Nomad, un fonds jeune et ambitieux
Basée dans les îles Vierges britanniques, la société d’acquisition Nomad a été créée et introduite à la Bourse de Londres en 2014 par Martin E. Franklin, fondateur de Jarden (Mapa et Spontex en France), et Noam Gottesman. Cette société a fait parler d’elle lors de l’acquisition d’Iglo, en avril 2015, pour 2,6 Mrds €. Depuis, Nomad ne cache pas sa volonté d’investir dans d’autres groupes agroalimentaires, à l’image de Findus. Si Permira, l’ancien propriétaire d’Iglo, détient 9% de Nomad Foods, le fonds vient d’accueillir l’Américain Bill Ackman, à hauteur de 21,7% via son fonds, Pershing Square.