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Consommation
"Le coronavirus, un « hackeur » qui a testé la résistance des organisations" [Tribune Conso Demain]
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Entreprises
Double peine pour le commerce vivant [Tribune - La conso demain]
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Consommation
"Et si nous inventions un nouveau système alimentaire, pour devenir une référence mondiale?" [Tribune Conso demain]
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Consommation
« Repenser le commerce, ce n’est pas forcément partir sur une transformation complexe » [Tribune Conso Demain]
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Consommation
Vers un Next (ab)Normal dans la distribution ? [Tribune - La conso demain]
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Consommation
L’après Covid : un nouveau cycle humain et technologique démarre [Tribune - La conso demain]
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Consommation
Le monde d’après : « Cash is king » mais« Speed is king too” [Tribune - La conso demain]
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E-commerce
L’amazonisation du commerce accelère encore [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
L’omnicanalité quoi qu’il en coûte … vraiment ? [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
Quand il faudra à nouveau fidéliser [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
Des micro-transformations rapides et locales au service d'une transition durable vers le commerce hybridé [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
Retail : cap vers la Résilience Augmentée [Tribune - La conso demain]
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E-commerce
Conséquences de l’après-crise, une histoire de transformation digitale [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
La crise va favoriser encore plus les marques qui s’étaient déjà transformées [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
Retailers, transformez les obligations sanitaires en opportunités commerciales et marketing [Tribune - La Conso demain]]
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Consommation
Cinq impératifs pour assurer le délicat équilibre du redémarrage [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
L’esprit corsaire à l’assaut du commerce du monde d’après [Tribune - La conso demain]
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Consommation
Retail : le Monde d’Après… Comme un Air de Déjà Vu ! [Tribune - La conso demain]
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Management
Retail : il y a urgence manageriale ! [Tribune - La conso demain]
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Consommation
Qui peut prétendre détenir la vérité ? [Tribune - La conso demain]
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Consommation
La crise ne change rien... elle accélère tout [Tribune - La conso demain]
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Consommation
Le nécessaire reset des stratégies de moyens [Tribune - La conso demain]
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Consommation
Dans un monde post-covid, de nouvelles attentes, plus radicales et concrètes [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
Serge Papin: "L’entreprise sera politique ou ne sera plus" [Tribune - La conso demain]
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Consommation
Vade mecum de l’après confinement [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
Qu’est-ce qu’on aura gagné avec tout ce qu’on a perdu ? [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
Magasins, marques : démasquez l’essentiel [Tribune - La conso demain]
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E-commerce
Distribution Alimentaire : L’abonnement, c’est maintenant ! [Tribune - La conso demain]
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Distributeurs
Covid19, l’urgence d’adapter son offre [Tribune La conso demain]
Serge Papin: "L’entreprise sera politique ou ne sera plus" [Tribune - La conso demain]
Réconciliation, solidarité, résilience locale, intelligence collective, bien commun, "raison d'être" et "raison de venir" des enseignes... Serge Papin, ancien PDG de Système U encore très actif, livre en exclusivité pour LSA sa vision de ce que pourrait ou devrait être la consommation et le commerce au sortir d'une crise sans précédent. Une tribune éclairante et un plaidoyer pour des entreprises "politiques".
Les nouveaux médiateurs
La phrase clé : Les leaderships de demain se construiront dans la réconciliation : les leaders seront les médiateurs.
La pandémie que nous affrontons nous permet et nous incite à revenir à l’essentiel et redéfinir une raison d’être dans chaque entreprise, qui puisse s’inscrire dans l’intérêt général. À travers cette raison d’être, les collaborateurs y trouveront leur « raison d’y être » et les clients leur « raison d’y venir ». Ayant désormais la chance d’avoir un pied dans chaque monde, pourrait-on dire, j’ai récemment échangé avec Pablo Servigne (auteur d’Une autre fin du monde est possible) dans le cadre de l’initiative Sorry Children, puis discuté avec Bruno Lemaire aux Entretiens de Valpré, et je suis persuadé qu’on doit adopter une posture de médiateur et se nourrir des initiatives les plus inventives et les plus adéquates aux réalités nouvelles.
Comment s’adapter à l’époque ?
Tout l’enjeu de l’après-Covid sera de se nourrir du positif de cette crise et de ne pas toujours chercher à revenir au modèle précédent, de croissance à tout prix, de sacrifier le lien social, d’individualisme, de financiarisation excessive et d’avidité sans fin. Mais au contraire de saisir cette opportunité pour nous renouveler et inventer d’autres récits, faire appel à l’intelligence collective du pays ou du territoire, pour permettre une consommation et une distribution responsable et vertueuse, résolument tournée vers le bien commun.
Se nourrir doit toujours faire du bien !
Les leaderships de l’après se construiront dans la réconciliation et non plus dans le rapport de force. Les leaders de demain seront des médiateurs.
La fin des négos ?
La phrase clé : La solidarité héritée de la crise actuelle ne doit pas voler en éclats dans les box des négos
Dans cette dynamique, il est fondamental de soutenir les agriculteurs et de réconcilier les parties prenantes de la filière. Cela passe par une nécessaire contractualisation : le « contractualisme » doit nous permettre de sortir du rapport de force entre les agriculteurs, les transformateurs et les distributeurs. C’est le moment de quitter la négociation annuelle dans sa forme actuelle pour passer au pluri-annuel (ainsi que l’a énoncé Emmanuel Macron dans son discours de Rungis du 17 octobre 2017) et de se lier contractuellement sur du long terme. Cela permettra d’en finir avec la logique impitoyable du prix à tout prix : les enseignes ont aujourd’hui la responsabilité de passer du « prix prédateur » au « prix responsable ». De ce point de vue, le contexte est l’allié des Etats Généraux de l’alimentation car il oblige à réconcilier les filières. C’était l’ambition des conclusions des Egalim ! Nous y sommes ! Nous pouvons tourner la page de l’affrontement pour créer de la valeur pour l’alimentation.
La solidarité qui s’est développée entre toutes les parties prenantes pour nourrir les Français ne doit pas voler en éclats dans les box de négos.
Le commerce est le reflet de la société
La phrase clé : le drive et la proximité surpondèrent la part de marché des M.D.D.
Ce contexte conditionne forcément un rapport à la consommation, car n’oublions pas que le commerce n’est que le reflet de la société. Alors les Français•e•s thésaurisent et épargnent. Prudents, ils vont adopter un rapport plus modéré à la consommation, et sans doute limiter drastiquement leurs déplacements. Drive et proximité sont les grands gagnants, ce qui, dans les deux cas, surpondère la M.D.D. La livraison à domicile gardera également une place importante. Nombre d’entre eux se réapproprient leurs cuisines en se cococtant des petits plats. Cette tendance, qui était en route auparavant, va perdurer. Le prêt à manger de qualité accessible à tous et toutes dans les métropoles sera aussi un enjeu avec la reprise, il y a là une grosse fenêtre de tir. Pour l’offre, cette crise amplifie les inégalités économiques, et les nouveaux premiers prix intégrant les valeurs de marque de l’enseigne seront aussi nécessaires que le bio. Les enseignes devront savoir conjuguer les paradoxes !
Dans cette obligation du confinement, la maison va redevenir un précieux abri, un ultime refuge, et l’on se préoccupe davantage du confort domestique. Les hypers ont sans doute là une opportunité sur une offre d’équipement de la maison (en particulier de la cuisine), revisitée sur des valeurs durables. Les enseignes doivent être disruptives : ce qui sera n’est pas seulement la continuité de ce qui fût.
Contrôler la ressource
La phrase clé : Les supermarchés sont les premiers de cordée de la résilience locale
Quand je quittais mes fonctions de président de Système U, il y a tout juste deux ans, en mai 2018, j’ai déclaré à mes collègues de la coopérative : « si j’avais trente ans et que j’ouvrais un supermarché aujourd’hui, j’installerai une ferme à côté ! ». La suite prouve que cette intuition était bonne : la résilience passe par un ancrage local fort, mais aussi par une autonomie alimentaire et par le recours aux circuits courts. Les supermarchés sont en première ligne de cette résilience locale, et doivent par conséquent être moteurs de ce mouvement.
Les groupes de distribution devront investir dans la maîtrise de leurs approvisionnements, soit de manière contractuelle, soit par acquisition, et ils le feront avec leurs marques et en lien avec leurs communautés de clients et avec leurs territoires.
Le virus siffle la fin de la récré et amplifie des tendances qui avaient émergé ces dernières années : le patriotisme agricole, la re-territorialisation locale, la pertinence des circuits courts, la juste rémunération des agriculteurs. Il peut même contribuer à redorer le blason des distributeurs s’ils veulent s’impliquer fortement dans la dynamique collective et la résilience locale.
Conclusion
Cette crise sanitaire renforce un sentiment d’angoisse des Français•e•s face à l’avenir du monde. Je reprends volontiers le terme de solastalgie, qui a été forgée par Glenn Albrecht, un philosophe australien spécialiste de l’environnement. Il définit ce néologisme comme « la douleur ou la détresse causée par une absence continue de consolation et par le sentiment de désolation provoqué par l’état actuel de son environnement proche et de son territoire ». Ce sentiment, consciemment ou inconsciemment, est partagé par bien des personnes, et il est particulièrement palpable actuellement : la conviction que « plus rien ne sera comme avant » est de plus en plus tenace.
Le covid 19 n’est pas le fruit du hasard, il est là pour nous obliger à changer. Nous n’échapperons pas à la prochaine pandémie si les mécanismes d’hier continuent d’être mis en œuvre. Les enseignes doivent rassurer. En tant qu’entreprises, nous pouvons opérer ce changement, en nous engageant sur le bien commun. Je reprends volontiers le titre du livre de Pascal Demurger, qui dirige la MAIF : « L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera plus ».
PARCOURIR LE DOSSIER