St Mamet se donne un an pour redevenir rentable
Le leader des fruits en conserve a annoncé un nouveau plan de développement après son récent rachat par Florac. Il vise 20% de croissance par an sur cinq ans.
« Il faut sauver St Mamet. » C’est en substance le message que s’efforce de faire passer Matthieu Lambeaux, son nouveau président, ex-directeur général de Findus France. Aujourd’hui, une partie de l’ancienne équipe de Findus l’a rejoint dans cette nouvelle aventure, qui s’avère périlleuse compte tenu de la guerre des prix et de l’inflation des matières premières.
Car St Mamet, rachetée le 1er octobre dernier par la société de participations Florac et le management à Conserve Italia, pour un montant tenu secret, est virtuellement en faillite. « La société qui génère 100 M€ de CA a enregistré 4 M€ de pertes sur la dernière année et totalise 35 M€ de stocks », indique Matthieu Lambeaux. En l’absence d’une valorisation des produits et d’une véritable gestion, pénalisée par le cours du dollar et le prix de l’ananas, la société a plongé.
Pour sortir la tête de l’eau, la nouvelle équipe dirigeante a décidé de se diversifier et d’en finir avec la catégorie « fruits au sirop », rebaptisée « fruits en morceaux ». « Nous voulons créer 20% de croissance dans cette nouvelle catégorie avec du snacking (berlingos et salades de fruits) dont le lancement a débuté l’an dernier, explique Matthieu Lambeaux. Notre objectif est de suivre le modèle Zara avec près de 40 innovations par an en grandes et moyennes surfaces et dans la restauration hors foyer. »
Local, durable, voire bio
En 2016, ce sont ainsi 18 produits qui seront lancés en GMS avec notamment des compotes en gourde sous licence L’Âge de glace dont le cinquième film sortira au cinéma en juillet 2016. Autres axes, le local et le durable : de nouvelles plantations de vergers, de l’agriculture raisonnée, et peut-être bio. Avec une mise en avant sur les packagings des méthodes durables et des 150 arboriculteurs réunis au sein de la coopérative agricole Conserve Gard, qui fournit contractuellement St Mamet en fruits (poires, pêches…). « Le fruit transformé a un avenir dans la distribution, se réjouit Thierry Meynier de Salinelles, président de Conserve Gard. Nous sommes en phase avec le discours actuel de la société et les exigences de qualité et de traçabilité des consommateurs. Il faut révolutionner l’entreprise sur le plan industriel mais, sur le plan agronomique, nous sommes prêts. Je suis heureux d’être adossé à des gens qui ont des réflexions nouvelles et des moyens financiers. »
Enfin, la marque a choisi de se valoriser avec le développement d’une gamme premium de fruits au sirop, en commençant par l’ananas à compter du 1er janvier 2016. Matthieu Lambeaux vise l’équilibre à fin 2016. « Cela suppose d’arrêter de vendre à perte, prévient-il. Nous allons offrir des packages de création de valeur aux distributeurs qui vont nous aider à avoir des discussions positives. » Le site, lui, sera refondu avec un plan à cinq ans de 15 M€ qui permettra d’intégrer de nouvelles technologies, sans plan de réduction d’effectifs. « Nous avons la chance d’avoir une vraie histoire, insiste Matthieu Lambeaux. St Mamet, c’est l’antigadget. Dans cette région martyrisée, nous avons un devoir de réussite. »
Les chiffres
- 100 M€ : le chiffre d’affaires de St Mamet en 2014
- 600 salariés dont 200 à temps plein
- 1 usine à Vauvert (Gard)
- 40% du marché des fruits en conserve en GMS
Source : St Mamet
Les leviers
- La nomadisation, avec une nouvelle catégorie « fruits en morceaux » élargie aux produits nomades (snacking et salades de fruits).
- Des innovations à tous crins (36 en 2016 en GMS et RHF).
- La premiumisation des gammes existantes.
- La modernisation des outils de production.
« Nous allons lancer 40 innovations par an en grandes et moyennes surfaces et dans la restauration hors foyer. »
Matthieu lambeaux, président de St Mamet