textile : Une fibre synthétique issue du maïs
L'autre trouvaille du Dr Gruber a été de savoir s'allier avec de puissants partenaires : Cargill, groupe agro-alimentaire actif dans le négoce du grain (chiffre d'affaires : 60 milliards de dollars) et Dow Chemical, un des géants de la chimie mondiale (CA : 30 milliards de dollars). Cette alliance a donné naissance en 1997 à la joint-venture Cargill Dow.
Depuis, 750 millions de dollars ont été investis et une usine construite. L'essentiel de l'activité de Cargill Dow concernait jusqu'à présent les matériaux de conditionnement. En janvier, la joint-venture a donné corps à ses recherches entamées depuis quatre ans dans le textile en lançant Ingeo, marque vouée à promouvoir sa fibre. Appartenant à la famille des synthétiques mais d'origine naturelle, l'Ingeo présente de nombreux avantages : toucher proche du coton, bonne ténacité, bonne capacité d'absorption et d'évacuation de l'humidité, haute résilience, faible inflammabilité En revanche, son coût actuel est environ deux fois plus élevé que celui d'un polyester. Il est de plus difficile de faire valoir les atouts de cette fibre, non décelables à l'oeil nu.
L'écologiquement correct se paiera plus cher
Du coup, l'équipe d'Ingeo a choisi d'orienter sa communication sur l'idée du développement durable. Et de mettre en avant l'utilisation d'une matière première renouvelable et non utilisée pour l'alimentation humaine ainsi que le respect de l'environnement grâce à un moindre recours aux énergies fossiles et à des émissions réduites de CO2. « Transformer les plantes en plastique oblige à approcher le tissu d'une manière nouvelle », s'enthousiasme Tim Eynon, directeur général du département fibre de Cargil Dow LLC. Conquis par la philosophie d'Ingeo, un des tisseurs européens partenaires pointe tout de même la faible résistance de la fibre aux hautes températures, obstacle à certains traitements, et demeure également sceptique quant à la volonté des consommateurs de payer plus cher pour une fibre, même « écologiquement correcte ».En attendant, les premiers produits finis vont arriver dans les magasins à la rentrée : des vêtements chez Diesel, des couettes et des oreillers chez Dodo. Le processus de fabrication du PLA étant reproductible avec tous les végétaux qui fermentent, à quand une fibre française à base de betterave ?