
Comment expliquer un tel contraste? D’après les données financières mises à disposition par Carrefour, ce n’est pas tant la dynamique commerciale du groupe que ses changements de périmètre à répétition qu’il faut incriminer. En 2009, le groupe a vu son chiffre d’affaires progresser de 0,9% malgré des ventes à magasin comparable en recul de 1,8% (hors essence) au global, voire -5% en Europe du sud. L’année suivante, en 2010, le groupe atteint 101 Mrds€ (+1,6% à taux de change constant et hors essence) malgré une conjoncture toujours difficile. En effet, c’est surtout parce que Carrefour a introduit Dia en bourse (juillet 2011), et cédé de nombreuses filiales (Grèce, Singapour, Colombie, Malaisie, Indonésie) en 2012 que son chiffre d’affaires a été allégé de 15 Mrds€ en l'espace de deux exercices.
Soit, l'analyse est connue. Mais elle n'explique pas l'impressionnant contraste de dynamique par rapport à ses concurrents. En fait, il faut surtout regarder du côté... du taux de change euro-dollar. "En 2011, nous avons pris un euro à 1,39 dollars pour notre classement, contre 1,286 en 2012, explique Stéphane Rimboeuf, associé chez Deloitte France. Cela se traduit par une baisse de 7 % pour les distributeurs européens, exception faite des anglais." Ainsi, dans le recul de 15Mrds$ de chiffre d'affaires que subit Carrefour dans le Top 250 de 2012 par rapport à 2011, 6,5 milliards sont à mettre sur le compte des cessions et 8,5 milliards sur le taux de change ! Alors Carrefour de retour à la deuxième place dès 2013 ? C'est bien probable. Au taux actuel de 1,35 dollar pour 1 euro, le chiffre d'affaires de Carrefour était de 117,1 milliards de dollars en 2012, loin devant Tesco et Costco.