Travail le dimanche : 22 députés de la majorité signent un appel à aller plus loin
Dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche, 22 députés de La République en marche militent pour offrir aux commerçants une plus grande liberté d'ouvrir le dimanche. En mettant à profit la loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises).
On ne parle pas encore "d’extrémisme dominical". Mais une vingtaine de députés de La République en marche militent pour "aller plus loin" sur l’ouverture des commerces le dimanche. Ceci dans une tribune publiée le 19 aout 2018 dans le - bien nommé, en la circonstance - Journal du Dimanche. Sous le titre "Ouverture dominicale : faisons le choix de la liberté", la harangue débute en affirmant "la loi Pacte est une formidable opportunité pour revitaliser nos centres-villes, répondre aux attentes des Français et accroître l'attractivité de nos territoires en matière d'offre touristique. Alors, utilisons ce projet de loi pour offrir aux commerçants la liberté d'ouvrir ou non le dimanche !". Rappelons que ledit Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises (loi Pacte) est le projet de loi du gouvernement d'Édouard Philippe destiné à repenser la place et la taille des entreprises dans la société, mais aussi à simplifier la vie des petites et moyennes entreprises. Dès 2015, la loi Macron élargissait le champ d'ouverture des commerces le week-end, notamment dans les centres des grandes villes.
De l’aspiration des Français à la liberté des salariés
La tribune des 22 signataires repose sur cinq arguments-clés. D’abord un satisfecit macroniste. "Premier assouplissement, la loi Macron d'août 2015 a été une bouffée d'oxygène pour nos commerces et nos centres-villes. Au sein des zones touristiques internationales créées à l'époque, le chiffre d'affaires des magasins a augmenté de 15% et le dimanche est même devenu le deuxième meilleur score de la semaine pour certaines boutiques. Le nombre d'emplois a progressé d'environ 10% et 1 500 postes ont été créés dans les grands magasins parisiens". D’où cette harangue de ne point attendre pour aller plus loin. Les députés engagés font ensuite de l'ouverture dominicale, "un enjeu sociétal qui correspond à l'aspiration des Français : être libre d'acheter, de se divertir, de travailler ou non le dimanche. Soixante-huit pour cent de nos concitoyens sont favorables à un assouplissement du travail dominical". Sur la question sensible des travailleurs du dimanche, "loin des idées reçues, de nombreux salariés sont demandeurs de cette liberté de travailler le dimanche. Dans les grands magasins parisiens, un roulement entre salariés a même dû être mis en place. Ils étaient tout simplement trop nombreux à vouloir travailler le dernier jour de la semaine !".
Du e-commerce aux capitales européennes
Evidemment l’argumentation ne peut faire l’impasse sur "l'attrait des Français pour l'e-commerce, révélateur de notre aspiration à être libre de consommer". Les signataires décrivent une France au troisième rang européen des ventes en ligne, comptant 37,4 millions de cyberacheteurs. Et déplorent les "nombreux commerces de proximité subissant de plein fouet cette concurrence 24h/24 et 7j/7. Certains, même situés dans les artères les plus commerçantes, ferment et ne contribuent plus au lien social". Le comparatif avec les grandes capitales européennes est une point-clé des défenseurs de l’ouverture dominicale. "Londres, Madrid, Rome… ont bien compris la nécessité d'ouvrir leurs magasins le dimanche pour attirer les touristes internationaux et soutenir l'activité. Car même si Paris, avec 40 millions de touristes accueillis l'an dernier, reste la première capitale visitée au monde, ces visiteurs dépensent moins en France que chez nos voisins. Pour preuve, les recettes générées par le tourisme sont 30% inférieures à celles de l'Espagne… Quel gâchis!". Et de conclure "dans le contexte du Brexit, le temps est venu de rattraper notre retard en offrant des services au moins comparables. N'attendons plus! La loi Pacte serait l'opportunité à saisir pour donner plus de libertés aux commerces d'ouvrir ou non le dimanche et ainsi redynamiser nos cœurs de ville". Reste encore à définir le champ géographique et le calendrier de cet "aller plus loin" non explicitement précisés dans la tribune du Journal du Dimanche…
Lundi 20 août 2018, Buon Tan, député LREM de Paris, a cependant donné quelques précisions sur Europe 1: "On souhaite passer de 12 à 18, le nombre de 'dimanches du Maire' ouverts, et ajouter huit dimanches, qui sont laissés à l'appréciation des commerçants". Au total, les députés LREM veulent donc atteindre un total de 26 dimanche ouverts, soit "un dimanche sur deux".