Tribune sur l'ouverture des magasins le dimanche : pour l’équité et la préservation des emplois
De passage à l’Université d’été du Medef, Jean-Claude Bourrelier, président de Bricorama, a tenu à interpeler le Ministre du Travail Michel Sapin et le Gouvernement sur le sujet de l'ouverture des magasins le dimanche.
\ 10h15
Monsieur le Ministre, Mesdames Messieurs membres du Gouvernement,
L’Université d’été du Medef a été l’occasion d’aborder nombre de thématiques autour de l’emploi, et plus généralement du travail et de ses valeurs. Le travail, ça me connait. Depuis le 1er juillet dernier, cela fait 52 ans que je travaille 7 jours sur 7 après des débuts avant mes 14 ans comme apprenti boulanger. Actuellement, le groupe que j’ai créé il y a près de 40 ans emploie 4600 personnes dans 4 pays, dont 2600 en France.
Ma société traverse plutôt bien la crise économique comme elle en a déjà traversé plusieurs. Mais elle est aujourd’hui confrontée à une situation qui n’a rien à voir avec ce contexte et est liée à une loi qui protège les grands groupes internationaux et met à mal la santé financière des artisans et entrepreneurs qui sont comme moi.
Le syndicat Force Ouvrière a récemment saisi le Tribunal de Grande Instance de Pontoise pour faire fermer mes magasins le dimanche en Région Parisienne. Mes concurrents en situation de duopole, eux, sont ouverts.
Le Tribunal m’a condamné à verser près de 19 millions d’euros au bénéfice du syndicat Force
Ouvrière. Le Juge à l’exécution est saisi, la Cour d’Appel également.
Mes questions sont simples : que vont devenir mon entreprise et mes collaborateurs ? Qu’attendez-vous pour prendre des mesures permettant de sécuriser les emplois et les activités des entreprises françaises ? Faut-il attendre avec fatalité que des milliers d’emplois en France soient supprimés du seul fait non de la crise économique mais de l’incohérence d’une seule loi ?
Vous avez évoqué devant le Medef et ses adhérents la sécurisation des salariés et des entreprises, qui selon vous constitue la priorité du Gouvernement. Comment est-il possible que l’entreprise et ses salariés soient les otages d’un combat politique et que l’on m’indique que nous en sommes un dégât collatéral ? La réalité actuelle des entreprises, c’est cela !
Je m’adresse plus spécifiquement à Monsieur SAPIN : vais-je être contraint de licencier plusieurs centaines de salariés pour préserver les activités et la santé financière de mon entreprise pour une loi qui n’est absolument pas équitable et, de surcroit, concerne le bricolage, qui est la première activité des français le week-end avant les loisirs ? Pourquoi la première activité des français est-elle ainsi bridée par cette loi absurde, alors que les magasins d’ameublement et les jardineries sont eux autorisés à ouvrir librement le dimanche ?
Jean-Claude Bourrelier, président de Bricorama