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« Cet événement impacte principalement notre consommation de produits quotidiens, explique Sana, une jeune salariée résidante à Tunis. Les gens stockent et déclenchent des pénuries sur les produits comme le lait, l’eau, les pates ou la farine. » Le réflexe est amplifié par rapport à la révolution de janvier 2011. Asma, également salariée dans une entreprise tunisienne explique la mécanique : « Nous avons recours à des achats pour maximiser notre sécurité alimentaire. Cela porte sur nos biens de première nécessité, mais également sur les produits pour les enfants, comme les couches, les lingettes, le fromage et les yaourts. »
Les distributeurs s'organisent
Les distributeurs s’organisent de leur côté pour faire face à ces flux massifs. Ils rationnent le nombre de packs de lait par famille, « un dispositif que nous contournons en plaçant un seul membre de la famille devant une caisse », précise Asma. Monoprix, dirigé par Adel Ayed, communique auprès de ses clients en précisant qu’une heure après l’ouverture du magasin (9h00), il n’assurait plus de pouvoir vendre d’eau et de lait. Certains augmenteraient leurs prix de vente, profitant de ce pic de croissance ponctuelle, comme le souligne Zeineb : « Les prix sont plus élevés depuis hier. C’est le cas à chaque crise et ils ne redescendent pas par la suite. » Khawla, collègue de Sana, note que certains articles font l’objet de vente « forcée » : « Si l’on veut acheter un deuxième pack de lait, nous sommes contraints d’acheter un jeux par exemple. Nous n’avons pas forcément les moyens de le faire… »
Nouvelle pause dans le développement des enseignes
Cette nouvelle crise qui pourrait basculer dans un deuxième mouvement révolutionnaire, va certainement contrecarrer les plans de développement des distributeurs français, comme Géant qui avait déjà reconstruit son hyper en 2011. Serge Papin, dont l’enseigne avait déjà reculé son implantation suite aux événements de 2011, nous déclarait ce matin via Twitter : « Pour l'instant, c'est (au mieux) en sommeil, en stand by depuis quelques temps. » Le commerce de produits non-alimentaire est également au point mort depuis hier. « Les trois principaux centres commerciaux sont situés sur l’avenue Habib Bourguiba, détaille Asma. Ils sont tous fermés car c’est l’endroit où se rassemblent les tunisiens pour manifester. » L’e-commerce est quasi-inexistant en Tunisie, mais depuis hier, ce sont les sites de ventes entre particulier dont l’activité décroit.