Un téléphone musical antipiratage
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Sûr de sa force, le géant Sony n'a pas pour habitude de se lancer à l'aventure en défrichant des segments de marché encore vierges. Une stratégie prudente et parfaitement assumée. Ainsi, si la marque s'apprête à faire son entrée dans le petit monde des téléphones mobiles capables de lire de la musique numérique, elle le fait bien après le coréen Samsung et l'allemand Siemens. Présenté au public au salon CeBIT de Hanovre (fin mars 2001), le CMD-MZ5 sera disponible en France en mai. Et se distinguera de ses deux concurrents sur trois points fondamentaux. Un : contrairement au Mp3 Samsung (LSA n° 1655 et 1690) et au SL45 Siemens, le Sony ne se contente pas de charger de la musique depuis un ordinateur. Il est possible d'y connecter toute source musicale classique, comme un lecteur CD ou MiniDisc. Deux : le format de compression utilisé n'est pas le classique Mp3 mais l'Atrac3. Un dérivé déjà utilisé dans les baladeurs numériques Sony (LSA n° 1669), dont la principale caractéristique est d'empêcher les copies illégales. Les fans de Napster n'apprécient pas du tout. Trois : le CMD-MZ5 est presque deux fois plus cher que ses deux concurrents ! Environ 8 000 F (1 219,59 EUR), contre 4 500 F ( 686,02 EUR) pour le Samsung et 4 990 F ( 760,72 EUR) pour le Siemens. Certes, Sony n'a jamais habitué les consommateurs à pratiquer les prix cassés. « Nous n'avons pas de légitimité dans l'entrée de gamme pas chère », constate Pierre Perron, responsable de la division télécommunications mobiles.
Mais comment justifier un tarif aussi élevé ? Car pour 8 000 F (1219,59 EUR), il est facile d'acheter un mobile haut de gamme plus un baladeur Mp3 de bonne qualité. Et il devrait même rester un peu de monnaie ! Pour Pierre Perron, le surcoût est lié aux contraintes technologiques du deux-en-un : « En matière de technologie, explique-t-il, un plus un ne font pas toujours deux. Souvent, un plus un font deux et demi. » C'est le cas pour le CMD-MZ5, à n'en pas douter ! Autre point qui ne devrait pas faire l'unanimité : l'utilisation du format Atrac3. Certes, Sony est également un éditeur de musique et, en tant que tel, se doit de protéger les intérêts des artistes et divers ayant-droits, spoliés par la musique gratuite sur internet. Et pour Pierre Perron, l'Atrac3 va dans le sens de l'histoire, car la musique en téléchargement finira fatalement par devenir majoritairement payante et sécurisée. Possible Mais aujourd'hui, les fans de Mp3 n'ont pas encore pris l'habitude de payer et ils risquent d'être peu sensibles aux scrupules de Sony. La vertu de l'industriel japonais l'honore, mais elle joue, aujourd'hui, en faveur de ses concurrents.