
Le phénomène est bien connu dans le petit monde des insecticides ménagers. Lorsque le printemps arrive, à force de scruter le ciel et le thermomètre, de nombreux professionnels souffrent de douleurs cervicales. Cette année ne fait pas exception à la règle, et affirme par ailleurs déjà sa spécificité. Le printemps s'est fait attendre. Conséquence, en GSA en tout cas, les implantations semblent avoir été retardées. Effectuées d'habitude en mars, elles ont été repoussées en avril, voire début mai dans certaines enseignes. « Cette année, le printemps a pris du retard, les insectes aussi, et les rayons dans la foulée... », explique un industriel implanté en GSA. Une catastrophe ? « Pas vraiment. Pas encore en tout cas, répond-il. On peut espérer un simple décalage. Même si le début du mois de juin est lui aussi décevant, il suffira de quelques jours ensoleillés pour voir se réveiller de nombreuses espèces. Et les populations pourront être d'autant plus nombreuses que 2011, toujours du fait des conditions météorologiques, a ménagé de très bonnes conditions de reproduction à la plupart des insectes. Tous les espoirs sont donc encore permis. »
La propagation des espèces, un relais de croissance
Ainsi, même tributaire d'une météo qui n'a donc pas été vraiment favorable ces derniers mois, le moral de beaucoup d'industriels reste malgré tout assez bien orienté. Tout simplement parce que, au global, les populations d'insectes sont de plus en plus nombreuses, mais aussi de plus en plus diverses. Le moustique tigre et le frelon asiatique, pour ne parler que des plus connus parmi les derniers arrivés, correspondent à autant de relais de croissance pour une catégorie qui peut compter sur le réchauffement climatique, mais aussi sur les déplacements humains pour favoriser la propagation et la prolifération des espèces.
Obtenir des homologations
S'il fallait rechercher des nuages menaçants dans le ciel des insecticides, c'est probablement du côté de Bruxelles qu'il faudrait regarder. De fait, la mise en oeuvre promise de Biocides promet quelques bouleversements. La directive communautaire, dont le calendrier de mise en oeuvre reste par ailleurs très flou, imposera en effet aux industriels un nouveau cadre de travail, constitué, pour l'essentiel, de deux obligations successives. La première : utiliser des principes actifs agréés (pour leur efficacité, leur faible impact sur l'environnement, sur la santé humaine...) ; la seconde : obtenir des homologations pour chacune des formulations intégrant un ou plusieurs de ces principes actifs. Homologations débouchant sur des autorisations de mise sur le marché (AMM).
Un cadre de travail qui suppose la capacité de fournir études, tests préalables... Évaluation du montant de la facture pour une AMM : entre 100 000 et 200 000 € selon les formulations. Si les grands industriels du secteur sont bien sûr parfaitement à même de supporter un tel surcoût, les choses s'annoncent beaucoup plus délicates pour les entreprises de moindre taille. « Investir 100 000 ou 200 000 € supplémentaires dans le développement d'un produit risque d'être difficilement supportable pour les petits acteurs du rayon. Une phase de concentration paraît inévitable », affirme un industriel. Bien sûr, les « petits » pourront toujours négocier la distribution de formules génériques, homologuées auprès des autorités européennes par d'autres acteurs, et commercialisées parallèlement par d'autres marques. Mais qu'apporteront-ils alors de vraiment différent au rayon ?
Restructuration et diversification
Un rayon qui, dans les GSA, n'a pas attendu la mise en oeuvre de Biocides pour se restructurer. L'an dernier, la reprise des activités insecticides de Sara Lee par SC Johnson a placé ce dernier groupe en position d'acteur dominant avec les marques Baygon, Raid et Pyrel. Seule la marque Catch a échappé au coup de filet. Elle est désormais propriété d'Eau écarlate (Eau écarlate, Vigor, Eparcyl...), qui a donc décidé de diversifier ses activités.
Du côté des circuits spécialisés, les GSB pour l'essentiel, les forces en présence apparaissent plus nombreuses avec, notamment, le groupe Brunel, qui revendique le leadership, suivi par la Compagnie générale des insecticides et Bayer. Des circuits spécialisés qui semblent avoir encore une fois fait preuve l'an dernier d'un réel dynamisme face aux GSA. Certes, ces dernières représentent encore plus de 60 % de la valeur du marché. Mais la proportion dépassait les 70 % il y a quatre ans. « Un progrès sans doute dû à un positionnement beaucoup plus qualitatif de l'offre, mais aussi peut-être à une meilleure mise en avant des gammes " vertes ", en progrès constant », affirme un industriel.
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+ 0,4%
La croissance du marché des insecticides ménagers en GSA et circuits spécialisés, à 112 M E, CAM à fin octobre 2011
Source : Nielsen ; origine : industriels