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« Une période de transition de cinq à dix ans sera nécessaire »
« Une période de transition de cinq à dix ans sera nécessaire »
Didier Veloso et Xavier Barras, respectivement président exécutif et directeur des opérations de GS1 France, expliquent le pourquoi et le comment du passage de l'EAN 13 au QR Code augmenté GS1.
PROPOS RECUEILLIS PAR YVES PUGET
\ 14h00
PROPOS RECUEILLIS PAR YVES PUGET
LSA - Pourquoi ce remplacement annoncé du code-barres par le QR Code augmenté GS1 ?
Didier Veloso - C'est une petite révolution qui est en marche : le code-barres (EAN 13) que nous connaissons tous va peu à peu laisser place au QR Code augmenté GS1. Le code-barres a bien réussi sa mission : rendre possible la digitalisation des produits en leur associant le fameux code à 13 chiffres. Identification des produits, automatisation des échanges, suivi des ventes, passage en caisse simplifié, etc. : le code-barres est une véritable réussite collective. Il est aujourd'hui scanné encaisse plus de 10 milliards de fois par jour dans le monde ! En facilitant le référencement, il a aussi permis d'offrir aux consommateurs un plus grand choix de produits et aux petits producteurs d'accéder au commerce de masse. .. Depuis cinquante ans, le code-barres GS1 nous a bien servis, et il va continuer de nous servir. Mais il devra progressivement laisser la place à un code-barres de nouvelle génération : le QR Code augmenté GS1.
Mais pourquoi le code-barres est-illimité ?
Xavier Barras - Le temps est venu de démystifier un peule code-barres ! Celui-ci ne contient finalement que le code du produit, l'équivalent de son numéro de Sécurité sociale. La lecture de ce code permet certes de renvoyer aux données essentielles du produit (boîte de petits pois de telle marque, de telle contenance, etc. ), qui sont largement suffisantes pour commercer mais qui restent limitées (pas de numéro de lot ni de date de péremption, par exemple). Or ces données additionnelles sont importantes dans certains cas, comme un rappel de produits. Il sera possible de les capturer avec un QR Code augmenté GS1. Autre limite : un code-barres peut-être lu sur toute la chaîne logistique, moins par un consommateur. Le QR Code, si.
Pour quand ce bouleversement est-il prévu ?
D. V. - Le changement, c'est maintenant… Mais attention, nous ne sommes pas du tout dans une perspective « jour d'avant »/« jour d'après ». On ne peut passe passer du jour au lendemain d'une technologie utilisée à unetelle fréquence que le code-barres. Nous estimons qu'une période de transition, entre cinq et dix ans, sera nécessaire, avec une cohabitation des deux codes sur les emballages, avant que l'utilisation du code-barres ne décline réellement. Et puis tous les pays et tous les secteurs n'avanceront pas au même rythme. La migration vers le QR Code augmenté GS1 a démarré. Le prochain jalon ? Fin 2027, quand tous les magasins devraient être en mesure de lire le QR Code. Un beau défi collectif en perspective !
De quand datent les réflexions sur untel bouleversement ?
X. B. - Ce sujet fait l'objet de travaux depuis au moins une dizaine d'années au sein de GS1. Car notre rôle, c'est aussi d'anticiper l'usage de nouvelles technologies, puis d'embarquer et de mobiliser l'ensemble des acteurs, au bon moment. Aujourd'hui, nous estimons que les conditions sont réunies pour une adoption à l'échelle mondiale du QR Code augmenté GS1. C'est pourquoi le board global de GS1 (qui représente 2 millions d'entreprises adhérentes dans le monde) a pris la décision dès 2022 de démarrer la migration progressive du code-barres vers le QR Code.
Qu'est-ce que ça va changer ?
D. V. - Le QR Code augmenté GS1 peut porter beaucoup plus d'informations produit que le code-barres (comme la date de péremption ou le numéro de lot). Il donne aussi accès, grâce à une URL, au monde infini du web. Il présente enfin un autre intérêt, et de taille : il peut être facilement scanné par un smartphone et donc parle consommateur final. En bref, le QR Code augmenté GS1, c'est un code-barres 2.0 : il permet de rendre l'information produit accessible au plus grand nombre ! Autant dire qu'il va devenir incontournable pour les consommateurs, qui sont de plus en plus demandeurs d'informations produit. Incontournable aussi pour les marques, car il leur permettra, grâce au lien web, d'interagir beaucoup plus avec les consommateurs tout en restant maîtres de l'information partagée.
Donnez-nous des exemples concrets...
X. B. - Le QR Code augmenté GS1 fournira aux consommateurs des informations quine tiendraient pas sur un emballage : origine des produits, traçabilité plus fine des ingrédients, recettes, partage de vidéos… Il permettra aux distributeurs une meilleure gestion des dates courtes, des retraits, des rappels… Et plus largement aux professionnels de la chaîne d'approvisionnement d'accéder aux informations nécessaires pour stocker le produit, le déclarer en douane, préparer les commandes… Sans compter une infinité d'usages qui restent encore à imaginer.
Avez-vous déjà des exemples de déploiements de QR Code augmenté GS1 sur le marché ?
D. V. - Il est déjà utilisé en France par certaines marques pour augmenter l'expérience clients : conseils d'entraînement sur des articles de sport, conseils personnalisés sur des produits cosmétiques (en fonction du type de peau, de l'âge… ). Dans la distribution alimentaire, on le voit déjà à l'œuvre pour réduire le gaspillage et bloquer les produits faisant l'objet d'un retrait ou d'un rappel.
X. B. - Par exemple, GS1 France a accompagné une enseigne de produits frais dans la mise en place du QR Code augmenté GS1 sur plusieurs cas d'usage : pour apporter plus d'in-formations à ses clients sur l'origine des produits, pour mieux gérer les poids variables, pour mieux connaître la démarque connue et inconnue… En Australie, la chaîne de distribution Woolworths a réduit de près de 40 % le gaspillage sur les produits (de la viande) dotés d'un QR Code augmenté GS1.
D. V. - Dernier exemple, celui du secteur des vins et spiritueux. La réglementation autorisera l'accès à certaines informations grâce à un QR Code à partir de 2024. Nous nous y préparons.
Pensez-vous que les consommateurs vont bien s'adapter à cette nouveauté ?
D. V. - D'abord, l'usage du QR Code n'est plus à expliquer : c'est une technologie très grand public qui s'est largement popularisée pendant la crise du Covid, comme en témoigne la multiplication des menus QR Code dans les restaurants. Il ne nécessite ni compétences, ni dispositif particuliers… si ce n'est d'un smartphone. Et pour ceux qui n'en disposent pas, les étiquettes et leurs mentions obligatoires sur le packaging ne disparaîtront pas. Personne n'y perdra. Le consommateur a déjà confiance dans le code-barres. Pour le QR Code augmenté GS1, la confiance viendra de la qualité de la donnée qui sera mise à la disposition des consommateurs parles marques.
Quels bénéfices les consommateurs vont-ils en tirer ?
D. V. - Pour les consommateurs, c'est aussi une petite révolution. Une consommation plus responsable passe par plus d'informations produit. Avec le QR Code augmenté, GS1 donne aux consommateurs, grâce à un simple scan, la possibilité d'être un acteur plus responsable en éclairant leur choix sur les produits consommés, en fonction de leurs composantes, de leur lieu de production, de leur bilan carbone, de la recyclabilité de leurs emballages, de leur durabilité...
Quelle place prend ce QR Code augmenté sur les packagings ?
X. B. - La même taille qu'un code-barres. Les deux codes devront cependant cohabiter pendant un certain temps sur l'emballage.
Quel sera l'investissement ?
X. B. - La bonne nouvelle, c'est que nous travaillons depuis plusieurs années sur ce sujet tant avec les fabricants de scanners que ceux d'imprimantes. L'investissement devrait être limité pour les distributeurs, car il se fera progressivement avec le renouvellement du parc existant. L'informatique back-office devra néanmoins être adaptée avec, par exemple, des systèmes de caisses qui puissent gérer les numéros de lots. Chez les industriels, les investissements seront variables et restent encore à déterminer. Ils concerneront surtout ceux qui souhaiteront inclure le numéro de lot et la date de péremption. Il s'agira alors de pouvoir imprimer directement le QR Code sur les lignes de conditionnement, et ce, sans freiner le rythme de production. Ces investissements s'échelonneront dans le temps. N'oublions pas qu'il a fallu du temps pour généraliser le scannage puisque le premier magasin à se doter de scanners encaisses a été l'Euromarché d'Évry, en novembre 1980, et qu'une bonne dizaine d'années a été nécessaire afin que l'ensemble du parc travaille ainsi.
Quelle est la différence entre la RFID et le QR Code ?
X. B. - La RFID (Radio Frequency Identification) et le QR Code sont deux technologies complémentaires. À l'intérieur d'une étiquette RFID, on retrouve bien les 13 chiffres du code-barres. Mais la RFID permet de mémoriser et de récupérer des données à distance. C'est pourquoi elle est largement utilisée dans des secteurs comme le textile (beaucoup de références à gérer, inventaires permanents… ). En revanche, la RFID n'offre pas de lien URL et n'est pas lisible par un smartphone.
Et la blockchain ? Quelle différence avec le QR Code ?
X. B. - Ce sont deux technologies complètement différentes. Il faut voir le QR Code comme la porte d'entrée pour accéder aux informations qui seront disponibles sur la blockchain.
Pour terminer, quel rôle peut jouer le QR Code augmenté GS1 dans le cadre de l'économie circulaire ?
D. V. - Nous savons qu'il faut encourager désormais un modèle de production, de consommation et de gestion des déchets plus responsables. L'économie circulaire répond à ce défi, mais elle ne représente que 8 % de l'économie mondiale. La donnée produit sera essentielle pour accélérer le développement de l'économie circulaire : une donnée plus fine, plus fiable, plus transparente et accessible à tous. Une donnée produit qui permettra ainsi d'accélérer le tri, le recyclage, le réemploi des matières et des composants ou l'allongement de la durée de vie des produits à travers de nouvelles propositions de valeur, comme la réparation, la seconde main ou la location. Le QR Code augmenté GS1 permettra de capturer et de partager cette information produit auprès du plus grand nombre pour rendre possibles ces modèles de consommation plus vertueux. Le potentiel du QR Code augmenté GS1 est immense. Il sera au cœur de tous les enjeux liés à la donnée produit et un formidable accélérateur de l'économie circulaire.
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