[Edito] Une élection présidentielle et beaucoup d'interrogations
Tous les cinq ans, l’élection présidentielle est l’occasion d’évoquer les enjeux de demain. Et malheureusement, ce débat risque d’être édulcoré. La faute à qui ? On peut évoquer la guerre en Ukraine, la gestion de la pandémie de Covid-19, la rentrée tardive en campagne d’Emmanuel Macron, la pauvreté du débat politique, des médias qui cherchent plus le buzz que les sujets de fond… Et pourtant, il y a tant de choses à proposer. Les aspirants à l’Élysée doivent dire comment ils comptent s’y prendre pour défendre l’agriculture (pour notre souveraineté…), l’industrie (pour notre balance commerciale…) et le commerce (pour l’emploi…). Qui a vu un programme bien structuré, des plans de financement bien étayés et des études d’impact bien calculées ?
Pour l’instant, les réponses sont trop vagues et les engagements trop peu nombreux. C’est pourquoi LSA entend participer à ce débat. Chaque semaine, un sujet sera abordé, en évoquant l’avis des professionnels et en décryptant le programme des principaux candidats. Dans ce numéro, il est question du made in France et de la réindustrialisation. Suivront le numérique, l’urbanisme commercial, le pouvoir d’achat, l’emploi et l’alimentation. L’idée n’est pas de dire que tel ou tel programme est meilleur qu’un autre. Nous voulons simplement montrer qu’il est temps d’entrer dans le concret. Par exemple de mesurer réellement les impacts de quelques lois votées ces dernières années (Agec, Climat ou Egalim 2). De savoir si les postulants ont des positions arrêtées sur les questions d’étiquetage, de santé ou de nutrition.
Comment comptent-ils éviter toutes les formes de distorsion de concurrence, en France mais aussi à un niveau européen, notamment vis-à-vis des plates-formes numériques ? Parleront-ils équité, compétitivité et marges ? Expliqueront-ils comment aider à financer les 3,5 milliards d’euros d’investissements nécessaires pour le commerce afin d’appliquer les nombreuses lois sur le développement durable. Prévoient-ils de créer un dispositif de soutien aux investissements des entreprises pour accélérer les transitions écologique et digitale ? Et que pensent-ils de l’urbanisme de demain ? Vont-ils prendre le commerce comme un allié, un ennemi ou un mal nécessaire ? L’enjeu étant l’avenir des territoires, des centres-villes, des villes moyennes… Sans oublier d’indiquer comment régler les problèmes de l’emploi avec des métiers qui n’attirent plus les jeunes. Imaginent-ils soutenir l’alternance, simplifier les dispositifs de formation et développer la rémunération des salariés par l’intéressement ? Ceux qui souhaitent devenir locataire du 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré doivent aussi dire s’ils veulent faciliter le travail des dirigeants ou transformer leur quotidien en course d’obstacles fiscaux et normatifs ? Ce choc de simplification que les entrepreneurs attendent sera-t-il une nouvelle fois remis aux calendes grecques ?
On le voit, les sujets ne manquent pas et les fédérations et associations professionnelles fourmillent d’idées. Il ne reste plus que quelques semaines aux 12 candidats pour s’en emparer. Car, avant les 10 et 24 avril, les industriels et les distributeurs, qui veulent de l’écoute et de la considération, attendent des réponses !
ypuget@lsa.fr @pugetyves