Vers un point de bascule ? [Edito]
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Comme toujours, les optimistes s’opposent aux pessimistes et les deux camps aiguisent leurs arguments avec des panels en soutien, des sondages à l’appui et des croyances en bandoulière. Car l’économie française est à un point de bascule. De quel côté penchera-t-elle ?
Ceux qui broient du noir évoquent le pouvoir d'achat, toujours en berne. Ils se lamentent devant une inflation trop forte. Ils égrènent la liste des entreprises en difficulté et regrettent celles qui ont déjà disparu. Ils mettent en avant le recul des ventes en volume depuis le début de l'année par rapport à 2022. Ils ne comprennent pas pourquoi il est toujours aussi difficile de recruter. Ils craignent, ou espèrent, que le débat des retraites ne soit pas clos et évoquent une chaude rentrée sociale. Et, bien évidemment, pour alimenter leur inquiétude, ils citent pêle-mêle la guerre en Ukraine, le déficit en eau, le réchauffement climatique ou le marché de l'immobilier qui s'essouffle… En résumé, pour eux, tout va à vau-l'eau.
«Plus que jamais, l’économie française est à un point de bascule. De quel côté penchera-t-elle?»
Mais pour d'autres, il existe des raisons de croire que notre situation est plus enviable qu'ailleurs. Eux regardent les indicateurs 2023 par rapport à… 2019 et se réjouissent cette fois-ci des volumes qui « tiennent ». Ils sourient envoyant les Français plébisciter les produits sucrés ou le traiteur frais, comme autant d'injonctions au plaisir. Ils pensent que le « mieux » est synonyme de technologie et de science. Ils décèlent aussi un début de réindustrialisation de la France, après plusieurs décennies de recul. Ils observent que les réservations touristiques pour cet été tournent à plein régime.
Preuve que les Français en ont encore « sous le pied ». Et du côté de l'inflation, ils constatent qu'elle est moins élevée que dans beaucoup d'autres pays et que certains indicateurs montrent que les choses peuvent s'améliorer. Ils avancent aussi que, cette année, les hausses de salaires ont été réelles. Ils se réjouissent du produit intérieur brut qui a progressé de 2,6 % en 2022 et qui devrait s'afficher à + 0,6 % cette année. Bien loin de la récession maintes fois annoncée. Quant au taux de chômage, il est tombé à 7,1 % au premier trimestre 2023. Soit le niveau le niveau le plus bas depuis quarante ans ! Bien loin d'un pays en crise! C'est pourquoi des Français parlent « partage », « lien social » « expérience », « nouveaux rites », « transmission », « réassurance » et ne comprennent pas la meute des déclinistes.
Alors, qui croire, entre ceux qui broient du noir et ceux qui voient la vie en rose ? Entre ceux qui évoquent la résilience de la France et ceux qui estiment que le rebond de l'activité pourrait n'être qu'un mirage. Entre ceux qui prônent la déconsommation et ceux qui évoquent le « consommer autrement ». Comme souvent, la réponse viendra d'éventuels et regrettables événements exogènes (crises boursières, pandémies, guerres, sécheresses… ). Mais aussi de la capacité du gouvernement à soutenir les entrepreneurs, et non à les freiner, ainsi que de la volonté des dirigeants d'investir dans leurs outils de travail. Sans oublier que la consommation dépend aussi des impondérables psychologiques comme la météo estivale ou les résultats des sportifs français. D'où un point de bascule imprévisible… mais pas irrévocable.
