Visa et MasterCard accusés d'entente
Le Département de la justice s'attaque aux deux géants des cartes de crédit, accusés de violation des lois antitrust. Procès suivi, avec intérêt, par les distributeurs, qui ont engagé leur propre procédure.
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Après avoir réussi à casser Microsoft, la justice américaine veut briser le duopole de Visa et de MasterCard. Les fonctionnaires de la lutte antitrust ont fixé deux objectifs au procès, qui s'est ouvert le 12 juin devant la Cour fédérale de Manhattan et devrait s'achever dans deux mois : séparer les « soeurs jumelles » des cartes de crédit et lever l'interdiction faite aux banques d'offrir des cartes concurrentes.
Le statut de Visa et de MasterCard, qui contrôlent 75 % d'un marché estimé à 1 300 milliards de dollars (8 950 milliards de francs), est dans la ligne de mire. Toutes deux sont des joint-ventures sans but lucratif, mais elles appartiennent, en fait, au même réseau, celui des banques et des organismes de crédit.
Sur les 8 000 institutions financières qui contrôlent Visa et MasterCard, 7 000 siègent dans les deux conseils d'administration. Pour le département de la Justice, cette collusion a étouffé la concurrence et l'innovation.
Au moins 8 milliards de dollars de préjudice
Les distributeurs, qui ont également lancé une procédure judiciaire contre Visa et MasterCard, suivent le procès avec intérêt. « Une victoire du département de la Justice nous aiderait », estime Lloyd Constantine, leur conseiller juridique. Partis en guerre contre Visa et MasterCard en 1996, environ 4 millions de commerçants, Wal-Mart en tête, dénoncent en effet le principe du « honor all cards ».
Aux États-Unis, 90 % des cartes, appelées « credit cards », sont en fait de véritables outils de crédit, tandis que les cartes de paiement traditionnelles, ou « debit cards », sont encore peu répandues. Pour assurer leur développement, dont les frais de transaction sont plus élevés, Visa et MasterCard les ont imposées aux distributeurs qui utilisent leurs « credit cards ». Les commerçants réclament la fin de cette pratique, ainsi que la réparation d'un préjudice estimé à plus de 8 milliards de dollars. Montant qui sera automatiquement triplé, si l'action en justice des distributeurs, actuellement en appel, se voit confirmer son statut de « recours collectif ».