Patrick Gauthier (Amazon Pay) : “Notre outil de ciblage Curator vise les utilisateurs d’Amazon Pay”
LSA - Votre système de paiement one click Amazon Pay vous permet de récupérer des données de paiement de clients qui achètent des produits sur Amazon mais aussi sur d'autres sites marchands. Ces données transactionnelles doivent intéresser les entreprises qui utilisent vos outils publicitaires, non ?
Patrick Gauthier - Nous avons lancé aux Etats-Unis en 2017 un outil de ciblage marketing baptisé Curator, qui permet aux annonceurs de cibler des internautes équipés d'Amazon Pay en fonction de leurs transactions. Ce service est testé en Europe depuis début 2018. Ces internautes sont plus susceptibles d'acheter que la moyenne car le paiement est facilité.
Sur quoi mise Amazon pour développer sa solution de paiement dans le futur ?
Nous ne donnons pas de détails sur nos investissements à venir, mais les dernières avancées de nos équipes donnent une idée de la direction que nous prenons : nous essayons de tisser des liens de plus en plus étroits entre Amazon Pay et notre service vocal Alexa. Les utilisateurs américains qui utilisent Alexa et qui ont un compte Amazon Pay peuvent faire très facilement leurs courses vocalement, car la solution est intégrée nativement au sein d'Alexa. (Ce servicevocal est intégré à différents appareils, comme les appareils Amazon Echo, NDLR)
Nous avons par exemple conclu en novembre 2018 un partenariat avec l'éditeur e-commerce allemand Shopware, qui a créé un outil pour aider les marchands à développer plus rapidement des skills Alexa (applications vocales, NDLR) incluant Amazon Pay. Nous avons lancé début 2018 une commande vocale native au sein d'Alexa qui permet à ses utilisateurs de réaliser une donation caritative oralement via Amazon Pay aux Etats-Unis.
Combien d'entreprises ont développé à date des skills Alexa incluant Amazon Pay ?
Nous sommes au-dessus de nos objectifs sur cette question, mais je ne peux pas vous donner de chiffres plus précis.
Selon une enquête de The Information datée d'août 2018, seuls 2% des utilisateurs de vos enceintes connectées Echo seraient des adeptes du commerce vocal et 90% des primo-utilisateurs ne renouvelleraient pas l'expérience. Pourquoi misez-vous autant sur le développement de ce nouveau canal ?
Peu de personnes disposent de données fiables sur le commerce vocal et le marché vient à peine d'éclore. Beaucoup d'entreprises commettent les mêmes erreurs que dans les années 2000, au moment du décollage d'internet, où elles essayaient de transposer sur ce nouveau canal les bonnes recettes qu'elles utilisaient sur le papier.
Aujourd'hui, un marchand qui crée une skill ressemblant à une application mobile ne réussira pas. Il ne peut pas se contenter de développer une fonction achat. Il faut repenser l'expérience en repartant du client, qui a envie que l’appareil connecté réponde à ses questions. Une société commercialisant des détachants pourrait développer une skill 'les bonnes recettes pour détacher vos vêtements' et proposer son produit au consommateur après lui avoir offert un contenu pertinent, qui le mette en confiance. Les entreprises montent petit à petit en compétences sur cette nouvelle façon de communiquer avec le client et éventuellement de lui vendre des produits. Le commerce vocal suivra.
Amazon Pay est une solution de paiement desktop, mobile, vocale, quid du magasin physique ? Quand allez-vous déployer le système dans les magasins Kiabi, avec qui avez-vous annoncé un partenariat en mars 2018 ?
Il est trop tôt pour en parler. Nous sommes encore en phase d'expérimentation. Nous commençons avec des magasins de proximité, dont le système informatique est souvent plus flexible que celui des gros distributeurs. Le spécialiste des produits informatiques Teufel Audio en Allemagne propose par exemple à ses clients de payer en boutique avec Amazon Pay depuis Septembre 2018. Des tests sont également en cours au Japon avec Nippon Pay depuis cette année.