Les dix conseils de Dominique Schelcher, patron de Coopérative U, pour les jeunes générations
Dans un ouvrage qui sort le 7 février aux Editions de l’Aube, intitulé « Le bonheur est dans l’action », le PDG de Coopérative U veut faire partager son expérience de chef d’entreprise. Et livre une boîte à outils à destination des jeunes. Florilège, en avant-première.
Magali Picard
\ 10h51
Magali Picard
Montaigne, Malraux, Churchill, Baudelaire, Shakespeare, Alain, Cocteau pour les classiques, mais aussi Nicolas Sarkozy, de Gaulle, François Mitterrand pour les politiques et même Jean-Jacques Goldman au mot « rêve » et Etienne Daho pour « aujourd’hui », sans oublier quelques-uns de ses confrères (Sam Walton, le fondateur de Walmart, Stéphane Treppoz, celui de Sarenza, Philippe Houzé pour les Galeries Lafayette ou Paul-Louis Halley pour Promodès) : l’abécédaire que publie Dominique Schelcher le 7 février convoque beaucoup de grands noms.
Le souci de transmettre
Trois ans après un premier opus « Le bonheur est dans le près », dans lequel celui qui a démarré sa carrière au journal L’Alsace, dressait un éloge du commerce de proximité, voici la suite. Cette fois, le livre, sorte de manuel de management, prend la forme d’un abécédaire, qui commence par « absolu » et se termine par « voyager ». D’ « agenda » à « ambition », de « contrôle » à « bureau », de « coopérative » à « rentes de situation », mais aussi « courage », « confiance », « enthousiasme », le PDG de Coopérative U prodigue moult conseils en management, mais aussi de psychologie et, oserait-on presque dire, de relations humaines. « J'avais envie de transmettre ce que j'ai appris », confie Dominique Schelcher à LSA.
« On n’a servi à rien tant qu’on n’a pas apporté quelque chose dans la vie des gens. » C’est en partant de cette phrase de Joseph Schumpeter que Dominique Schelcher ouvre son livre. Au détour d’une page, le lecteur pourra découvrir que son recueil de poésie préféré est Spleen et Idéal de Baudelaire, qu’il lit chaque soir une page d’un dictionnaire et pratique la méditation…Mis à part ces quelques références d’ordre plus personnel, le reste de l’ouvrage contient une multitude de conseils avisés à destination des jeunes générations et des moins jeunes, de ceux qui commencent dans la vie et de ceux qui sont déjà installés. LSA l’a lu à quelques jours de sa sortie et extrait dix conseils.
1/ Bien
Quand tout va bien, tout va mal ! Ou plutôt quand tout va trop bien, que le confort et la routine se sont installés, l’entreprise n’est pas loin d’aller mal. La descente aux enfers peut être rapide. Ne jamais baisser la garde et sa vigilance, toujours veiller à sortir de sa zone de confort.
2/ Bureau
Comment simplement organiser son bureau ? Comment organiser ses dossiers pour être efficace ? En ce qui me concerne, ma table de travail est totalement vide de tout dossier le soir. Elle ne comprend que mon ordinateur, mon téléphone, mon pot à crayons et une bannette d’entrée qui doit elle aussi être vide le soir. À cette entrée il faut encore se remémorer le secret de ce vieux chef d’entreprise : ne pas rester derrière son bureau, car l’argent n’est pas là. Il faut sortir et aller au contact des clients aussi souvent que possible.
3/ Carrière
Dans notre parcours, nous prenons chacun une poignée de grandes décisions qui vont marquer notre destin. Celles qui orientent notre carrière en font partie. Il n’existe évidemment pas de conseil parfait dans ce domaine. Un point important est de bien se connaître, pour faire des choix conformes à ses envies les plus profondes. Et à ce niveau je garde toujours en tête le conseil du général de Gaulle : « Le plus dur n’est pas de sortir de Polytechnique, c’est de sortir de l’ordinaire. » La singularité, ajoutée au travail, fera toujours la différence.
4/ Caserne des pompiers
Dans toute entreprise on devrait appliquer le principe de la caserne des pompiers. Quoi qu’il fasse, quand sonne la sirène, le pompier abandonne sa tâche et part au secours de ceux qui en ont besoin. Il devrait en être de même dans l’entreprise quand le client se manifeste : lui donner la priorité dans l’organisation et faire en sorte qu’il obtienne rapidement la bonne réponse par rapport à ses attentes. Or ce n’est pas toujours le cas et certains signes ne trompent pas quand :
- Le client irrite.
- L’équipe est dans le confort.
- On est dans la réunionite sans résultats.
- Les problèmes sont minimisés.
- Les mauvais résultats sont justifiés.
- L’encadrement a déserté.
- Il n’y a plus d’exigence…
Attention, danger !
5/ Co
Le monde qui vient sera CO- ! L’avenir sera à la collaboration, la coopération, la codécision, la co-construction, la cocréation, le co-développement, la co-responsabilité, le consensus, la convergence, la cohérence pour plus de collectif et de cohésion, à la coopérative comme modèle économique. Un collectif d’autant plus important que nous avons besoin d’impacts plus forts. Chacun sent bien que les méthodes du passé ont atteint leurs limites. Que trop souvent nous sommes enfermés dans des postures. Qu’on innove moins. Que l’on reste dans sa zone de confort. Que l’on vit sur ses acquis. Que l’on prend moins de risques que fut un temps alors que le principe de précaution envahit le quotidien. Seule façon de s’en sortir : une nouvelle vision plus collective et plus collaborative.
6/ Dépenses
Sam Walton, le fondateur de Walmart, numéro un mondial de la grande distribution, est bien connu pour sa détestation des dépenses inutiles. Les bénéfices sont alimentés par ce qu’on ne dépense pas inutilement, surtout dans les métiers où les marges sont faibles. La chasse aux coûts doit être l’obsession permanente du dirigeant, mais après l’optimisation des revenus.
7/ Essentiel
Voici un petit exercice tout simple, qui prend quelques secondes, mais peut être foudroyant pour se reconnecter à l’essentiel :
- Prendre un mètre ruban.
- Mettre un doigt à 80 ou 85 cm, soit l’équivalent en âge de l’espérance de vie.
- Mettre l’autre doigt au niveau de l’âge actuel.
- Constater ce qui est passé et le temps qui reste.
Faites-le ! Effet garanti. Merci au lecteur qui m’avait transmis cette technique.
8/ Organisation
Pour bien travailler, il faut être bien équipé et organisé. Dans la journée, se trouvent sur mon bureau uniquement les dossiers à traiter. Pour ce faire je suis organisé de la manière suivante :
- Chaque dossier en cours est placé dans une pochette coin transparente. L’aspect transparent permet un accès direct au type de contenu.
- Tous les dossiers, donc toutes ces pochettes, sont rangés dans une petite desserte à casiers et sont facilement accessibles.
- Les plus gros dossiers sont classés ailleurs. Mais je garde tout de même dans une pochette coin la dernière tâche d’un dossier à réaliser.
- Une fois traité, et si j’ai besoin de le conserver, le dossier est archivé.
Voilà le principe général. La clé est de bien ranger tout dossier qui arrive dans une pochette coin. À partir de là on ne gère plus une pile de documents, mais une pochette facile à déplacer et traiter. Au-delà du principe de classement, le circuit de l’information doit être efficace. Sur mon bureau je n’ai qu’une seule bannette : c’est la bannette d’entrée de tout ce qui arrive de l’extérieur. Le moment opportun, je prends l’un après l’autre chaque document arrivé : soit il est traité immédiatement et disparaît, soit il passe en pochette à coin puis dans le casier adéquat, soit il n’y a rien à faire et cela part directement dans la corbeille. Depuis que j’ai mis en place cette discipline du dossier en pochette coin, c’est un plaisir de classer les priorités, traiter les dossiers clairement, avoir un bureau toujours rangé.
9/ Première et dernière impression
Toute entreprise doit scrupuleusement soigner son premier et son dernier contact avec chacun de ses clients, car il va conditionner un ingrédient crucial de la réussite : la fidélité. C’est pourquoi, par exemple, il ne faut pas hésiter à appeler les hôtesses d’accueil et les standardistes des « directrices de la première impression » et les hôtesses de caisse les « directrices de la dernière impression ». La mission de ces collaborateurs dans l’entreprise est fondamentale.
10/ Promenade
J’aime bien l’idée de management par la promenade : circuler, aller au contact des collaborateurs, partout, parfois de manière inattendue, pour prendre le pouls de l’entreprise. Le manager ne doit pas rester dans sa tour d’ivoire. Ces moments privilégiés sont le prétexte à de petits gestes, des moments d’écoute et de partage qui valent mille théories sophistiquées de management.
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