Max Théret, le fondateur de la Fnac, est décédé
Yves Puget
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Yves Puget
Max Théret, fondateur de la Fnac, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi, à l'âge de 96 ans. Il sera inhumé le 3 mars. Max Théret avait fondé la Fnac (Fédération nationale d'achat des cadres) en 1954, avec son ami André Essel (décédé en 2005), tous deux militants de gauche. Il s'agissait à l'époque, boulevard de Sébastopol à Paris, de l'ouverture d'un club de vente de matériel de photo dans un appartement parisien (avec des prix 10 à 25% plus bas que la concurrence). Deux ans plus tard, l'appartement se transforme en véritable magasin. Max Théret court partout afin de trouver les derniers modèles d'appareils, André Essel surveille l'administration, attaque en justice pour « refus de vente » les fournisseurs récalcitrants et s'occupe de « Contact », le journal destiné aux adhérents.
La Fnac a dû, pendant de longues années, «mener, procès à l’appui, une vraie guerre d’usure contre ses fournisseurs», certains refusant de vendre aux "discounters". Pourtant, en ces temps d'inflation, les pouvoirs publics y trouvaient aussi leur compte. Les deux hommes pensaient que l'"action pour le consommateur complète l'action politique", via des produits moins chers. Max Théret a combattu les franquistes en Espagne et dirigé la coopérative des PTT.
André Essel dirigera la Fnac pendant 30 ans. En 2002, il raconta à LSA: "Lorsque nous avons conçu la Fnac en 1954 avec Max Théret, le principe de base reposait sur une alliance avec le consommateur auquel nous proposions des carnets de bons de réduction lui permettant d'acheter moins cher des produits de photo, cinéma, radio ou musique. Ce concept novateur et culturel a perduré à peu près jusqu'en 1969, date de l'ouverture de la Fnac Étoile. Entre temps, les GMS s'étaient mises à vendre des biens non alimentaires et des grandes surfaces spécialisées, comme Darty, avaient vu le jour. La Fnac ne pouvait plus revendiquer les prix les moins chers. En revanche, au fil des ans, et les enquêtes de motivation auprès de la clientèle l'ont bien prouvé, la Fnac a continué de véhiculer une politique culturelle et sociale toujours aussi fortement perçue par le consommateur. Elle est restée valorisante, enrichissante sur le plan personnel, symbole de pluralisme, d'indépendance d'esprit et de sérieux dans son offre. En cela, la Fnac est demeurée fidèle à ses principes de base et l'alliance avec le consommateur existe toujours."