[NRF19] La caisse traditionnelle en voie de disparition ?
Au Retail’s Big Show 2019, zapper le traditionnel et frustrant passage en caisse est l’une des tendances phares du salon. De nombreux prestataires proposent des alternatives allant du chariot caisse ou scénario façon Amazon Go.
Clotilde Chenevoy
\ 05h09
Clotilde Chenevoy
Le Retail’s Big Show vient d’ouvrir ses portes au Javits Center à New York pour 3 jours d’échanges et d’innovations autour du retail. Parmi les sujets du salon, on retrouve comme l’an passé énormément d’analytique et d’outils digitaux au service du magasin. Vraie nouveauté pour 2019, le salon fait le plein de solutions qui proposent de zapper le traditionnel passage en caisse. Cet irritant reste toujours une épine dans le pied de tous les distributeurs du monde entier et la sortie d’Amazon Go a mis un coup d’accélérateur dans les services R&D de nombreuses enseignes.
Zippin, similaire à Amazon Go
Au sein de l’innovation Lab, la start-up Zippin par exemple se présente sans complexe comme un équivalent à Amazon Go, s’appuyant sur des caméras et de l’analyse d’images ainsi que des capteurs dans les étagères. Le client doit s’identifier pour rentrer dans le magasin avec son téléphone, il attrape les produits et sort simplement. Il sera ensuite débité.
« Il faut compter environ 30 dollars par m² comme investissement pour le matériel, indique Krishna Motukuri, CEO de Zippin. Il y a ensuite des coûts annuels d’utilisation du software qui fonctionne en Saas. » Sur ce point, le dirigeant ne communique pas de tarif soulignant que chaque configuration dépend de la taille du magasin. Côté fiabilité, le fondateur annonce un taux proche de 100% et en cas de souci une intervention humaine prend le relais. Exactement comme Amazon.
D’ailleurs chez SmartShelf, cette intervention humaine qui cause 20 minutes de délai entre la sortie du magasin et la facturation est moquée ! « Nous devons avoir des spécialistes de l’intelligence artificielle meilleurs qu’eux car nous arrivons au même résultat avec simplement de l’analyse d’images, indique Kevin Howard, CEO de SmartShelf. En quelques secondes, nous identifions le produit attrapé par le client et nous pouvons même suivre une centaine de personnes s’il le faut. Cela dépendra du nombre de caméras installées. »
Une algorithme pour prédire les mouvements
Le stand dispose d’un espace de démonstration qui démontre en effet que le système fonctionne. La société a développé un algorithme qui détecte les mouvements et anticipe les gestes. C’est cette intelligence qui permet un calcul très rapide assure le dirigeant. En revanche, il pointe du doigt la problématique des images des produits. Le système fonctionne avec de la reconnaissance d’images 3D. Soit des contenus que n’ont pas forcément les marques. SmartShelf travaille en collaboration avec GS1 pour tendre vers un format standard. « Il n’y aura plus de code-barres à l’avenir, les packaging serviront à la reconnaissance des produits », estime le dirigeant.
Un containeur sans caisse clé en main
Chez Aifi, qui dévoilait sur le Retail’s Big Show son Nanostore, Steve Gu, le CEO, se présente comme la fusion d’un magasin Amazon Go et d’un unmanned store (magasin sans personnel) que l’on trouve en Chine. Cette version hybride de 20 à 30m² max a vocation à être ouvert 24h/24 et 7j/7. Pour entrer dans la boutique, il faut utiliser sa carte bancaire – identification via le tokken – ou avec un mobile. On entre ensuite dans la boutique, attrape les produits que l’on veut et on sort. « Il est possible de faire des achats à plusieurs mais il faut que les clients rentrent un part un pour avoir des paiements différents », précise le dirigeant.
Ce scénario n’est pas sans rappeler les magasins Auchan Minute sauf que la caisse a complètement disparu comme dans un Amazon Go. La commercialisation est en revanche très originale car AiFi propose une solution clé en main qui inclut le magasin – pour ne pas dire le container – ainsi que le logiciel de gestion. On peut y loger entre 500 à 800 références. Le produit est entièrement personnalisable et peut aussi évoluer dans sa composition selon les besoins. Steve Gu ne divulgue pas de coût de son magasin-container sans caisse, arguant que différentes configurations sont possibles mais il indique le ROI est calculé pour arriver sous un an.
Le chariot connecté
Après la gestion des petits paniers et des magasins de proximité, il y a aussi des solutions pour les gros volumes. Direction le stand de Caper qui propose un chariot connecté. Ce type de produits n’est pas nouveau mais la solution semble désormais plus mature. D’ailleurs, lors de notre passage sur le stand, la vice-présidente de Kroger en charge de l’informatique ne cachait pas son engouement pour la solution.
Pour faire simple, la start-up américaine a greffé le principe d’une caisse libre-service (scanneur, écran et balance pour la démarque) sur un chariot de courses. Le client doit scanner son article puis le mettre dans son chariot. Des caméras vont vérifier que c’est le bon article. En cas d’erreur, une alerte sera affichée sur l’écran. Quand le client a terminé ses achats, il suffit de cliquer via la tablette sur paiement et de régler par carte bancaire. La fiabilité du système atteint 100% puisqu’il faut scanner le produit. Caper travaille sur une solution sans scan mais doit encore affiner son algorithme.
La start-up a également prévu d’autres fonctionnalités que l’encaissement, en ajoutant par exemple un service de géolocalisation des produits, l’affichage de recettes ou encore de promotions. L’équipement a été conçu pour résister aux mauvais traitements de la clientèle. Il dispose d’une autonomie de 18 heures pour un temps de charge de 4 heures. Il supporte l’humidité et la pluie mais pas un stockage prolongé en extérieur. La start-up mène actuellement 2 tests dans 2 magasins à Long Island et va monter encore d’un cran avec un déploiement dans 150 boutiques. Ahmed Beshry, le cofondateur, assure que les consommateurs sont preneurs de ce type de solution avec un taux d’usage en magasin prometteur. « Dès qu’il y a un chariot de disponible, il est utilisé car ils apprécient de ne pas avoir à passer en caisse », assure-t-il.
Mais si les solutions existent, pour Arnaud Cartigny, Associé chez CGI en charge du retail et du luxe, « la ligne de caisse ne va pas disparaître entièrement, peut-être dans certains magasins urbains. Mais la courbe d’apprentissage de ces technologies va être lente car elles sont pas matures. Mais le passage en caisse étant un vrai irritant, toutes les enseignes testent des solutions mais il reste la question du coût et de la mise à l’échelle. » Et à mesurer l'appétence des clients pour ce type de solutions. La caisse et la caissière ont encore de beaux jours devant eux.
LSA Databoard
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