[NRF19] Sébastien Liorzou (Carrefour) : "6 à 8 points gagnés sur nos appros grâce au machine learning"

LSA. Carrefour vient d’annoncer un partenariat tech avec le prestataire SAS. Que quoi s’agit-il exactement ?
Sébastien Liorzou.Nous avons retenu la plateforme SAS Viya pour optimiser nos approvisionnements grâce au machine learning. Ce projet est en lien direct avec le plan de transformation Carrefour 2022 et il doit nous permettre de répondre aux exigences des clients sur le service. En effet, un outil puissant de prévisions des ventes représente la clé d’une supply chain performante. Il permet de disposer d’un meilleur stock en magasin et ainsi de diminuer le gaspillage et la casse. On dispose ainsi d’une supply chain plus « lean » et plus optimisée. Au-delà de la prévision des ventes, c’est un outil qui va nous permettre d’être plus fin sur les prévisions des comportements des ventes. Ainsi, nous aurons des indicateurs sur les produits qu’il faut pousser par exemple en bio sur tel ou tel canal.

LSA.Pourquoi avoir choisi SAS ?
SL.Avant de choisir SAS, nous avons mis plusieurs solutions en concurrence. Mais nous les avons retenus car leur solution nous permet autant d’utiliser leurs algorithmes que les nôtres et ainsi de les mixer. Il fallait également que le prestataire retenu soit en capacité de supporter notre énorme base de données. La taille du Saas a été un critère de sélection. De plus, l’outil est également ergonomique, ce qui signifie que la prise en main par les équipes en sera facilitée.

LSA.Quels ont été les résultats des premiers tests?
SL.C’est très encourageant car en 6 à 8 semaines de simulation, nous avons gagné 6 à 8 points dans nos prévisions par rapport au système historique. Et nous n’avons pas encore déployé toutes les fonctions ni mis tous les produits, alimentaires et non-alimentaires. Les premiers tests ont aussi prouvé la stabilité de la solution en cas de jours exceptionnels – fériés ou évènements forts. En février, la solution sera déployée et nous ajouterons toutes les fonctions d’ici septembre.

LSA.C’est un projet groupe ou France ? A combien se monte l’investissement ?
SL.On reste sur la France qui représente le plus gros périmètre pour nous avec une soixantaine d’entrepôts et près de 8000 collaborateurs. Concernant l’investissement, cela rentre dans l’enveloppe de 2 milliards d’euros allouée au digital. Mais il reste raisonnable et le retour sur investissement est rapide.

LSA.Quels sont les autres projets de supply chain qui rentre dans l’enveloppe digitale ?
SL.En supply chain, nous avons deux gros projets. L’un concerne l’amont avec des prévisions des ventes plus fiables et musclées grâce au machine learning. De l’autre côté, nous développons des solutions omnicanales pour apporter de nouveaux services. Cela passe par des investissements sur la PPC (plate-forme de préparation de commandes), les drives hybrides, ou encore l’entrepôt de Pantin qui nous permet de servir les drives piéton. Nous regardons également la livraison du dernier kilomètre. Nous faisons appel à des prestataires mais nous voulons reprendre la main non seulement sur la gestion des tournées (TMS) mais également sur la relation client afin là aussi de monter en qualité.

LSA.Où en vous dans le déploiement des drives hybrides ?
SL.Les commandes e-commerce sont compliquées à gérer car on est en moyenne sur un panier de 45 produits. Pour optimiser la préparation, nous utilisons les réserves des hypermarchés pour y stocker les produits à forte rotation et à faire le picking en magasin pour le reste. Mais au final, le modèle de production des commandes doit être adapté en fonction de la zone de chalandise. Pour les gros volumes comme à Paris ou Lyon, nous misons sur les entrepôts de préparation de commandes. Dans les zones où la densité de population est faible, nous resterons sur un modèle 100% manuel en magasin. Et pour les villes moyennes, nous allons utiliser des robots « goods to man » (ndlr : qui apporte la marchandise au préparateur) pour optimiser la préparation. Nous avons identifié le fournisseur mais aucun test n’a pour le moment était fait.

LSA.Etes-vous satisfait du site de PPC d’Aulnay ?
SL.Nous sommes vraiment contents des résultats et l’objectif de qualité de service que nous ciblions a été atteint. Nous raccrochons au fil des mois de plus en plus de magasins au site. Comme sur Saint-Quentin-Fallavier nous avons commencé en mode 100% manuel et sur le second semestre, nous allons passer à l’automatisation d’une partie du flux avec la même solution que sur le site lyonnais.