Avec la première promo de l'Académie du métavers, à Marseille
LSA a rencontré à Marseille les étudiants de l'Académie du métavers, créée par Simplon en partenariat avec Meta. Ils apprennent l'art délicat de la création de ces univers virtuels, sur lesquels le géant des réseaux sociaux mise pour sa croissance future. D'autres écoles du même type ont vu le jour en France depuis 2022.
LÉLIA DE MATHAREL, À MARSEILLE
\ 08h00
LÉLIA DE MATHAREL, À MARSEILLE
Scier des projectiles envoyés par des drones flottant au-dessus des dunes avec un sabre laser rouge, comme celui des méchants de Star Wars, battre des ailes et filer vers l'horizon comme un aigle, retirer son casque de réalité virtuelle (RV) et se retrouver nez à nez avec… le mur d'un ancien couvent des quartiers nord de Marseille, où les 13 élèves de la première promotion de l'Académie du métavers viennent suivre leurs cours dans une salle située au-dessus du cloître.
Ce programme de dix-neuf mois, qui a démarré en décembre 2022, forme des étudiants au développement de contenus en réalité augmentée, virtuelle ou 3D. Ces briques s'emboîteront pour créer les métavers (mondes virtuels) de demain, accessibles via un téléphone, un ordinateur ou un casque de RV, comme celui enfilé par LSA. C'est un pilote lancé en parallèle dans quatre villes tricolores : Paris, Marseille, Nice et Villeurbanne (dans la banlieue de Lyon). Le spécialiste français de la formation Simplon est à la manœuvre, en partenariat avec le géant des réseaux sociaux Meta. « C'est une première mondiale. Nous attendons d'avoir les premiers résultats, mais l'objectif est de créer d'autres écoles du même type en France et ailleurs », assure Capucine Tuffier, responsable des affaires publiques chez Meta France, chargée du projet. La multinationale veut développer cette formation car elle cherche des relais de croissance, alors que le nombre d'utilisateurs de ses plates-formes Facebook et Instagram plafonne et, avec lui, les revenus publicitaires qu'elles génèrent. La compagnie développe donc son métavers Horizon Worlds, où les utilisateurs peuvent jouer, discuter, acheter des produits virtuels…
C’est une première mondiale. Nous attendons d’avoir les premiers résultats, mais l’objectif est de créer d’autres écoles du même type en France et ailleurs.
Une armée de développeurs
Pour attester de cette nouvelle dynamique, Facebook a changé son nom en Meta en octobre 2021. Elle espère faire de ce programme un espace virtuel grand public. Sauf que son PDG, Mark Zuckerberg, a essuyé les moqueries des internautes lorsqu'il a présenté, en août 2022, un selfie de son avatar, dont le design a été jugé désespérément eighties. Créer un monde virtuel ne s'improvise pas : il faut disposer d'une armée de développeurs rodés aux problématiques de la 3D. D'où l'idée de créer cette école.
Elle propose quatre mois de formation intensive, puis quinze mois d'alternance dans des entreprises locales du jeu vidéo, de la santé ou de l'industrie. « Les retailers n'ont pas participé cette année mais s'intéressent au projet », assure Guillaume Cavaroc, business director retail et e-commerce chez Meta France. La compagnie a conçu le programme avec Simplon et a offert à l'école des casques de RV, mais attention : « Nos formateurs sont indépendants, nous sommes financés par la Région, Pôle emploi et les entreprises. La formation n'est pas centrée sur Meta, les étudiants apprennent différentes technologies », précise Sarah Samama, chargée de projet chez Simplon PACA. Les élèves apprennent à coder en langage informatique C#, puis à transférer leur programmation vers des outils de développement d'objets 3D. « On peut y changer leur couleur, leur taille », illustre Guillaume Lapotre, étudiant.
Pour créer leur portfolio, les élèves ont, par exemple, développé un musée virtuel exposant Les Ménines de Vélasquez, ou encore un restaurant baptisé Big Burger. « Nous avons aussi participé à un concours de création d'un petit jeu vidéo en RV. Nous avons développé une stress room, une pièce dans laquelle un alien échappé d'un laboratoire casse tout avec ses gros tentacules. L'objectif : se défouler complètement ! », raconte Bastien Aviles, un autre étudiant.
Élèves en reconversion
« Attention, nous ne prévoyons pas d'embaucher ces étudiants », avertit Capucine Tuffier. Pourtant, « travailler un jour chez Meta, ça serait le rêve ! », s'exclame Fabrice Scarantino, un élève dont l'œil pétille d'envie. « Mais pour être recruté dans leurs équipes de développement, il faut passer une série de tests techniques difficiles. Je n'aurai pas le niveau tout de suite après cette école. Un jour peut-être… », se projette-t-il. Comme dans toutes les formations signées Simplon, les élèves sont en reconversion ou au chômage depuis plusieurs années. « Nos étudiants ont entre 19 et 56 ans. Certains sont des passionnés de jeux vidéo qui n'ont pas trouvé leur voie dans un parcours scolaire classique, mais ont la bosse du code », détaille Sarah Samama. Ils seront encore d'un niveau junior en sortant de l'école. Mais ils seront capables de prendre des postes à responsabilité d'ici à une dizaine d'années, lorsque le métavers sera devenu plus grand public.
Selon une étude de Deloitte commandée par Meta, le métavers pourrait générer entre 55 et 105 milliards d'euros de PIB additionnel en France d'ici à 2035. Des estimations au doigt mouillé, mais qui donnent tout de même une idée des besoins de développeurs dans les années à venir. Meta et Simplon ne sont donc pas les seuls à s'y intéresser : plusieurs formations ont vu le jour dans l'Hexagone. Certaines, comme le Metaverse for business de l'ESCP Business School, sont très courtes et centrées business, d'autres sont plus longues et visent à former des codeurs, comme le Metaverse Collège, créé par le Digital College et le Collège de Paris.
Spirituel
Cette formation au métavers a été lancée dans quatre villes pilotes, dont Marseille. Dans la capitale phocéenne, les étudiants viennent étudier dans un ancien couvent, situé dans le nord de la ville.
Dans les pas D'ADAAttentives à la problématique de la féminisation du monde de la tech, les équipes de Simplon ont affiché le portrait de la pionnière de l’informatique Ada Lovelace dans leurs bureaux. De fait, une seule des 13 élèves de la promo est une femme.
CollaboratifCes trois étudiants ont travaillé de concert sur un jeu vidéo en réalité virtuelle. La formation est structurée autour des projets de groupe, qui permettent d’autonomiser les élèves.
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