Livraison à domicile : comment Kol fait migrer son activité
Depuis 5 ans, Kol propose un modèle intégré de livraison en moins de 30 minutes à Paris et en proche banlieue. D’abord spécialisée sur les offres liées à l’apéritif, et devenue rentable, l’entreprise compte à présent un millier de références dans son offre et couvre donc l’essentiel des PGC. Une arme suffisante au moment de l'arrivée de nouveaux entrants à Paris comme Cajoo, Dija ou Gorillas ?
Mickaël Deneux
\ 08h30
Mickaël Deneux
A l'heure où les darkstores poussent comme des champignons dans Paris, le modèle de Kol fait office de précurseur. Fondée il y a six ans, l'application a pris le parti d'ouvrir des mini-entrepôts de stockage dans la capitale, dès l'année 2016. Et ce, bien avant la naissance d'acteurs comme Cajoo, Gorillas ou encore Dija. L'entreprise compte à ce jour cinq unités logistiques, dont la superficie s'étale de 100 à 150 mètres carrés.
A savoir dans le 7ème, le 14ème, le 8ème, et le 11ème arrondissement de Paris. Elle vient d'ouvrir une cinquième unité logistique à Paris, dans le dix-neuvième arrondissement. L'entreprise dispose également d'un entrepôt central de 600 mètres carrés, en sous-sol, sur trois étages de rack et 15 mètres de hauteur, autrefois propriété de la chaine de supermarchés asiatiques Tang Frères. Les darkstores sont ainsi utilisés comme des points relais et l'e-commerçant gagne en en profondeur de stockage et réduit les ruptures.
Migration vers l'alimentaire
A l'instar des nouveaux entrants dans le segment de la livraison express de PGC, Kol stocke un assortiment court de manière à mailler une zone de chalandise réduite. L'e-commerçant essaime à Paris et dans la petite couronne (Neuilly, Levallois, Boulogne, Issy-les-Moulineaux, Vanves et Malakoff). D'abord spécialisée dans la livraison de boissons et de produits apéritifs, l'e-commerçant, qui a annoncé l'atteinte du seuil de rentabilité au début du mois d'avril a fait muter son business model depuis la fin de l'année 2020. "Notre activité a totalement été redessinée, nous avons réfléchi à ce pivot en lors de la période allant de septembre à octobre 2020. Il y avait un besoin croissant des utilisateurs sur les produits du quotidien" justifie Pierre Nicolet, cofondateur de l'entreprise.
L'e-commerçant, détenue à 25% par Coca-cola depuis 2019, s'ouvre désormais à l'alimentaire depuis la fin de l'exercice dernier. Suite à la pandémie et à une remontée des besoins des usagers, il a décidé d'enrichir son offre sur plus de 500 PGC. Une sacrée évolution, vu qu'avant la pandémie, sa gamme était composée à 95% de boissons et dénombrait 300 références. Elle en compte désormais un millier, dont 50% de boissons, 400 produits reliés à l'alimentaire et 100 produits DPH. "On a adapté l'offre en fin d'année dernière avec des besoins du quotidien. Mais nous ne sommes pas là pour faire de la grande surface", avance le dirigeant qui entend conserver son prisme utilisé sur son segment de prédilection.
Un entrepôt central et six darkstores
La formule, gagnante sur le segment des boissons, est de privilégier le qualitatif au quantitatif. Soit garder 30% de références industrielles de manière à rassurer le consommateur sur des articles du quotidien et 70% de références de niches. La plateforme propose, pêle-mêle, des plats préparés, surgelés, des pizzas, des produits d'épiceries salés et sucrés, des produits de beautés, d'entretiens. Mais aussi des mets préparés par des chefs étoilés, ou des meilleurs ouvriers de France. Avec du frais, et une quinzaine de références en fruits et légumes, "sur le segment de la boisson, nous étions sur un ratio d'une vingtaine de consommation par client à l'année. L'objectif va être de pousser ce chiffre à 130 occasion de consommation" explique Pierre Nicolet. En ce sens, l'entrepôt central de 600 mètres carrés se trouve cœur du business model de l'entreprise.
L'enjeu de l'entrepôt est double. Il permet d'approvisionner les darkstores mais aussi de négocier de meilleurs prix d'achat. Kol s'approvisionne en direct des industriels, mais a signé aussi un contrat d'approvisionnement avec une centrale de grand distributeur, sans en dévoiler l'identité. A l'image d'acteurs opérant dans le commerce en ligne de PGC. Kol a bénéficié d'un effet notable de la pandémie "Nous nous situons désormais sur un rythme de 15 000 commandes par mois. Un quart de nos clients viennent recommander sur notre application ", explique le confondateur de l'entreprise. De manière globale, l'e-commerçant dénombre 40 000 clients qui ont passé des commandes sur les 24 derniers mois.
Pas de surenchère
L'implantation de darkstore avait été décidé il y cinq ans, suite à l'arrivée des pionniers de livraison express sur Paris "Deliveroo est arrivé en 2015 via un modèle Saas, avec un intermédiaire et une commission. Nous voulons inscrire notre pâte sur la diversité de l'offre pas imposer une sélection avec un modèle d'intermédiation", abonde Pierre Nicolet appuyant sur la difficulté d'atteindre le seuil de rentabilité pour les acteurs de la livraison express.
Il reste perplexe quant à l'arrivée de nouveaux entrants depuis ce débat d'année 2020 "Un certain nombre de concurrents arrivent sur Paris, avec des temps de livraison allant de 10 à 15 minutes en moyenne. Nous n'avons pas envie de rentrer dans cette guerre. C'est une fuite en avant. La différence se fait aussi dans la sélection de la gamme". L'entreprise n'entend pas entrer dans une course effrénée à l'ouverture de darkstore, et pourrait ouvrir d'autres points de stockage en fonction des volumes et de la demande. Sans partir dans la surenchère. Le but va être de perpétuer un modèle économique sain. Et d'étendre la gamme. "Mais on ne peut pas se permettre d'avoir autant de coûts fixes qu'une grande surface à des mêmes prix, avec de la livraison. C'est un modèle qui ne tient pas !" conclut-il. De manière globale, l'entreprise vise l'extension de sa gamme à 1500 références et l'ouverture du service dans une autre métropole, si ce pivot porte ses fruits.
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