Christian Mazauric, DG de Screwfix France : « À long terme, notre potentiel est d’environ 600 magasins »
Screwfix, enseigne destinée aux professionnels du bricolage née au Royaume-Uni, entame sa troisième année de présence en France. Elle compte, à date, 28 comptoirs. Et ce n’est pas fini. Le point avec Christian Mazauric, le directeur général de Screwfix France.
Jean-Noël Caussil
\ 06h00
Jean-Noël Caussil
Les enjeux
- Screwfix est présente en France depuis un peu plus de deux ans.
- L’enseigne poursuit son déploiement en maillant le territoire depuis les Hauts-de-France notamment.
- L’enjeu est celui de la proximité pour offrir aux professionnels un service de qualité.
Screwfix est apparue en France à la fin de l’année 2022, avec une ouverture à Wattrelos, dans le Nord. Deux ans plus tard, l’enseigne dédiée aux professionnels du bricolage compte 28 magasins-comptoirs dans le pays. Et le cap des 30 est pour bientôt, puisque deux inaugurations sont prévues en janvier, à Douai (59) et Saint-Quentin (02). À terme, le parc visé est de 600 unités. C’est le concept même qui veut cela : Screwfix n’a de sens qu’en proximité, à portée de camionnette des artisans, électriciens et plombiers en tête.
Née dans le giron de Kingfisher, Screwfix est une marque qui compte outre-Manche. Avec ses 922 magasins au 31 janvier 2024, pour des ventes annuelles de 2,54 milliards de livres sterling (2,97 milliards d’euros), elle était, et de loin, la plus dynamique du groupe britannique durant son exercice 2023-2024, représentant quasiment 20 % du chiffre d’affaires. C’est toujours le cas au dernier des neuf mois de l’exercice 2024-2025 : Screwfix est en croissance de 4,5 %. Compte tenu du contexte, guère favorable au bricolage, c’est bien.
En France, l’enseigne est petite encore comparée à Castorama et Brico Dépôt, au sein de Kingfisher. Mais quand ces dernières doivent gérer la crise, avec des ventes en recul respectif de 4,9 % et de 3,3 % au troisième trimestre, Screwfix, elle, ouvre des magasins et grandit. C’est l’occasion de faire le point avec Christian Mazauric, le directeur général de Screwfix France.
En chiffres
- 28 magasins en France
- 2,97 milliards d’euros : le CA de Screwfix au Royaume-Uni, avec 922 magasins
Source : Screwfix
LSA - Screwfix est présent en France depuis maintenant deux ans. Quel bilan tirez-vous de ces débuts ?
Christian Mazauric - Nous poursuivons le développement de Screwfix en France avec une stratégie très méthodique. Avec l’ouverture récente de comptoirs à Verquigneul (62) et Saint-Léonard (62), en décembre, la marque continue à densifier son maillage territorial, notamment dans les Hauts-de-France, une région clé pour son implantation (18 des 28 comptoirs Screwfix en France sont situés dans cette région, NDLR).
Il s’agit, pour nous, de créer un réseau de comptoirs qui répondent aux besoins des artisans. Ces derniers se déplacent beaucoup, allant de chantier en chantier et, au Royaume-Uni, où Screwfix est née, la plupart fréquentent cinq, six, voire sept comptoirs différents.
En France, c’est pareil. Et c’est pourquoi ce modèle d’interconnectivité et de proximité est si important. Chaque comptoir, en gros, rayonne dans un périmètre de 10 kilomètres. D’où un potentiel, à long terme, que nous estimons à environ 600 Screwfix en France, si le succès se confirme, en progressant à un rythme soutenu mais réfléchi. La qualité des sites prime. Ils doivent être visibles, facilement accessibles et, évidemment, avec des loyers adaptés à notre modèle. Cela étant, entre 380 et 800 m², nous avons un peu de tout. L’important est surtout de ne pas confondre vitesse et précipitation.
C’est le modèle britannique de l’enseigne qui a d’abord été dupliqué en France. Est-ce exactement le même ou y a-t-il quelques spécificités françaises ?
C. M. - Screwfix est un format parfaitement rodé : 15 000 références, dont 10 000 immédiatement disponibles aux comptoirs, avec cette promesse de rapidité d’exécution des commandes qui fait la force de l’enseigne. C’est le modèle britannique, qui a fait ses preuves, et que nous déployons en France.
Pour autant, certaines différences culturelles et de pratiques imposent quelques ajustements. En France, notamment pour l’électroportatif, le client a besoin de soupeser les articles, de les prendre en main avant d’acheter. Nous avons intégré cette dimension dans nos comptoirs. Même chose avec l’offre. Pour être crédibles sur le marché français, nous devons avoir les marques que les artisans connaissent et avec lesquelles ils ont leurs habitudes. Nous apportons évidemment ces garanties.
Par ailleurs, c’est l’efficacité du service délivré qui fait la différence. Vous récupérez vos commandes en moins de cinq minutes pour 10 000 références et, pour le reste de l’assortiment, nous livrons partout en France en moins de vingt-quatre heures. Sans parler de notre dernier service en date, baptisé Sprint.
De quoi s’agit-il ?
C. M. - Sprint est un service de livraison ultrarapide, sur chantier, en moins de soixante minutes, proposé par l’ensemble de nos comptoirs. Cela répond à notre objectif de tout faire pour simplifier la vie des artisans. Nous avons testé ce service dès la fin 2023 dans notre comptoir de Wasquehal, sur un assortiment de 9 500 produits, comme une réponse concrète aux besoins des professionnels.
« En France, notamment pour l’électroportatif, le client a besoin de prendre en main les articles avant d’acheter. Nous avons intégré cette dimension dans nos comptoirs. »
Il faut, en effet, avoir en tête qu’un artisan, en moyenne, perd entre une heure trente et deux heures, chaque jour, dans les transports. C’est une perte de temps considérable. Sprint permet de s’affranchir de cette contrainte. Et si la promesse est une livraison en moins d’une heure, dans les faits, c’est même beaucoup moins : trente-neuf minutes chrono, en moyenne.
Le service repose sur une organisation logistique ultra-efficace : sitôt une commande passée, en ligne ou par téléphone, nous déterminons quel est le comptoir le plus proche et la préparation se fait dans la foulée. La livraison, ensuite, est gérée par un prestataire externe, soigneusement choisi par nos soins. Sprint est vraiment quelque chose d’unique, un vrai gage de satisfaction client.
Cette satisfaction des clients, comment se mesure-t-elle ?
C. M. – La première chose que je regarde le matin, c’est notre score de satisfaction client. Un client satisfait, c’est la clé de voûte. C’est un client qui revient et en parle autour de lui, contribuant ainsi à élargir notre base de clientèle. Nous atteignons des scores NPS très élevés, aux alentours de 89 %. Notre premier comptoir, à Wattrelos, entame sa troisième année d’exploitation et continue à croître. Partout, nous parvenons à recruter et à fidéliser.
Depuis le mois d’avril dernier, nous avons lancé notre programme de fidélité, Screwfix Pro, pour accélérer encore. Parmi les avantages exclusifs proposés figurent un service de cash-back sur les achats, des livraisons gratuites, des tarifs préférentiels ou encore des démonstrations de produits en avant-première. Ce programme connaît une montée en puissance rapide avec, chaque semaine, de nouveaux artisans qui intègrent ce club.
L'article est issu de notre édition du 9 janvier 2025
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