Le contournement d’Egalim par la grande distribution dénoncé par la filière laitière
À l’occasion d’une étude menée avec la Banque de France, la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil) met en lumière les forces mais aussi la fragilité économique du secteur. Elle dénonce le contournement croissant des lois Egalim par les distributeurs, via leurs centrales d’achat européennes, qui fragilise l’investissement industriel dans les territoires.
Sylvie Lavabre
\ 10h37
Sylvie Lavabre
Avec un chiffre d’affaires de 18 milliards d’euros, 36 000 emplois et un tiers du chiffre d’affaires total de l’agroalimentaire français, l’industrie laitière représente un pilier essentiel de l’économie des territoires. PME, ETI et grands groupes laitiers bénéficient d’un maillage territorial dense, d’équipements de production performants et d’un fort dynamisme à l’export : trois entreprises sur quatre exportent, y compris parmi les PME.
Un modèle équitable
L’étude coréalisée par la Fnil et la Banque de France souligne un modèle redistributif équitable au sein de la filière. Les éleveurs ont vu le prix du lait augmenter de 35 % en trois ans, et 64 % de la valeur ajoutée est consacrée aux ressources humaines (vs 59 % dans l’ensemble des IAA). En parallèle, les actionnaires ne captent qu’une part modérée de la valeur : 10 %, contre 14 % en moyenne dans le secteur agroalimentaire. Pour autant, les marges nettes restent faibles, à 1 % seulement, rendant les entreprises très sensibles aux hausses de coûts ou aux chocs extérieurs.
Egalim contourné
Alors que débutent les négociations commerciales 2026, la Fnil alerte sur le recours croissant aux centrales d’achat européennes par certaines enseignes pour échapper à l’application des lois Egalim, notamment sur la sanctuarisation du prix de la matière première agricole. Déjà, 4 milliards de litres de lait traités par les adhérents de la Fnil échappent à la législation française. Un chiffre qui pourrait atteindre 6 milliards d’ici 2027 si aucune régulation n’est mise en place.
La Fnil appelle à recentrer les négociations en France
Face à cette dérive, la Fnil demande que les produits agroalimentaires majoritairement français – dans leur collecte, transformation, distribution et consommation – soient négociés exclusivement en France. "Je ne peux pas accepter que l’on sacrifie l’industrie laitière et ses éleveurs partenaires sans rien faire. On ne peut pas parler de souveraineté alimentaire à longueur de journée et brader à la fois notre agriculture et notre industrie en la laissant échapper à la loi française", s’indigne François-Xavier Huard, président de la Fnil qui veut peser dans le débat public avant l’ouverture des négociations commerciales.
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