Publicité en ligne : pourquoi Leboncoin exige près d’1 milliard d’euros à Google
Le site de petites annonces serait en procédure pour réclamer 952 millions d’euros au géant américain pour réparation suite à ses abus de position dominante, selon les informations du média spécialisé Mind Media.
Bleuenn Féquant
\ 15h17
Bleuenn Féquant
La fin de l’année pourrait coûter cher à Google France. Leboncoin, Le Figaro, Rossel et d’autres éditeurs de site web sont en procédure face au moteur de recherche auprès du tribunal des activités économiques de Paris. Ils réclament réparation après que Google a favorisé ses outils de publicité en ligne, a révélé le media Mind Media le 16 juillet dernier. Et les montants sont conséquents, les plus gros tickets atteignent 952 millions d’euros réclamés par Leboncoin et 832 millions d’euros par Rossel.
Une première condamnation de 220 millions d’euros
Pour comprendre, un rembobinage s’impose : à la suite de saisines de News Corp Inc., du groupe Le Figaro et du groupe Rossel, l’Autorité de la concurrence a rendu le 7 juin 2021 une décision sanctionnant Google, à hauteur de 220 millions d’euros, pour avoir « abusé de sa position dominante sur le marché des serveurs publicitaires pour éditeurs de sites web et d’applications mobiles ».
En d’autres termes, la police française de la concurrence a constaté que le géant de la tech avait accordé un traitement préférentiel à ses technologies propriétaires comme son serveur publicitaire DFP (qui permet aux éditeurs de sites de vendre leurs espaces publicitaires, ndlr), et sa plateforme d’achat de publicité en programmatique SSP AdX, au détriment de ses concurrents.
« Ces pratiques très graves ont pénalisé la concurrence sur le marché émergent de la publicité en ligne, et ont permis à Google non seulement de préserver mais aussi d’accroître sa position dominante », avait déclaré Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la concurrence lors du rendu de la décision. Parmi les acteurs pénalisés, Mind Media note que Leboncoin, Rossel, Le Figaro, Les Échos-Le Parisien, Prisma Media ou encore Reworld ont engagé des procédures pour obtenir des indemnisations.
Le marché de la publicité en ligne en France :
- 6 milliards d'euros de recettes au premier semestre 2025
- 11 % de croissance sur la période
- 2,44 milliards d'euros de recettes pour les publicités sur les moteurs de recherche, en incluant ceux des sites marchands au premier semestre
Source : l'observatoire de l'e-pub.
Des préjudices pouvant atteindre plusieurs milliards
La procédure entamée par Adevinta (maison mère de Leboncoin, ndlr) est particulièrement notable car les montants dépassent largement les cas antérieurs. Pourquoi ? Parce qu’elle ne concerne pas simplement une indemnisation pour les pertes sur le marché publicitaire français, mais également allemand, espagnol, italien et néerlandais, selon les informations obtenues par Mind Media. Sur les 952 millions d’euros réclamés, seuls 248 millions visent les pertes estimées en France. Sollicité par LSA, Adevinta n’a pas souhaité faire de commentaires.
Selon Mind Media, le procès a eu lieu début juillet et la décision devrait être rendue pour la fin de l’année. Les autres dossiers similaires sont en cours. Si toutes les procédures aboutissent en faveur des plaignants, Google pourrait être contraint de payer plusieurs milliards d’euros d’indemnisation.
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