Cacao durable : la France est à la traîne de ses voisins européens
À l’occasion de la Journée mondiale du cacao du 1er octobre 2025, plusieurs ONG dévoilent une étude qui révèle le retard de l’initiative française IFCD face aux modèles plus avancés d’Allemagne, Belgique ou Pays-Bas.
François Biaggini
\ 11h36
François Biaggini
Alors que la filière cacao traverse une crise mondiale marquée par la flambée des prix et les effets du changement climatique, une étude comparative commandée par les ONG de l’Initiative Française pour un Cacao Durable (IFCD) pointe le retard de la France en matière de cacao responsable. L’analyse met en lumière des écarts significatifs avec les initiatives allemandes, belges, suisses et néerlandaises, confirment les associations AVSF, Care, Commerce équitable France, Max Havelaar, Nitidae, Rainforest Alliance et WWF.
Durabilité, traçabilité et justice sociale
Sur le revenu des producteurs, seuls 1,8 % des ménages liés à l’IFCD dépassent le seuil de revenu décent, contre 12 % en Belgique et 11 % en Allemagne. « Le cacao reste en tête des importations françaises les moins durables », rappelle l’étude du bureau Le Basic. La traçabilité jusqu’à la parcelle atteint 49 % en France, mais reste insuffisante pour répondre aux exigences du règlement européen sur la déforestation (RDUE).
Les enseignes de distribution sont particulièrement en retard, avec seulement 6 % de cacao tracé jusqu’à la ferme. Concernant le travail des enfants, seuls 11 % des cas identifiés ont été traités dans la chaîne d’approvisionnement française. L’IFCD couvre 32 % des foyers avec des systèmes de prévention, contre 45 % en Belgique et 54 % aux Pays-Bas. Le cacao certifié ou vérifié par des démarches internes représente 63 % des produits français, loin derrière l’Allemagne (100 %) et la Suisse (82 %). Le commerce équitable ne couvre que 8 % du cacao en France, contre 20 % en Allemagne.
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Trois axes d’actions immédiates
Les ONG dénoncent le retrait de l’État français de la gouvernance de l’IFCD, malgré sa signature en 2021. « Les producteurs de cacao attendent des engagements concrets, les consommateurs veulent de la transparence », alertent-elles.
Pour rattraper son retard, les associations en appellent « à un sursaut français ». Elles proposent trois axes d’action immédiats : un sprint traçabilité de 12 mois pour se mettre en conformité totale avec le RDUE, un objectif de 100 % de cacao certifié d’ici 2025-2030, et un pacte public-privé de transformation pour accompagner efficacement les producteurs, lutter contre le travail des enfants et promouvoir l’agroforesterie.
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