Les eaux embouteillées face aux défis environnementaux

La catégorie résiste plutôt bien à l'inflation. Mais alors que s'enchaînent les étés chauds et secs et les restrictions de consommation, elle est souvent pointée du doigt et la gestion des réserves est questionnée.

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Les eaux embouteillées face aux défis environnementaux
Alors que les sécheresses sont de plus en plus fréquentes, l'eau en bouteille est souvent pointée du doigt et la gestion des réserves est questionnée.

Par rapport à d’autres PGC FLS, les eaux embouteillées se montrent plutôt moins inflationnistes, avec un chiffre d’affaires à + 7,3 %, même si celui-ci croît plus vite que les volumes qui sont à + 1,8 % (en CAM au 18 juin 2023 selon Circana). Cependant, même si l’eau reste un produit brut, la catégorie est elle aussi touchée par les hausses diverses. « Il n’y a pas un élément de notre chaîne de valeur qui n’ait été épargné ces deux dernières années », confirme David Merle, cofondateur de la marque savoyarde Bonneval. Par ailleurs, les eaux embouteillées sont confrontées à une nouvelle donne induite par les sécheresses de plus en plus fréquentes. Nestlé Waters doit ainsi compter depuis le début de l’année avec la pénurie de Perrier, absent des rayons depuis plusieurs mois, même si la marque a tenu à être présente à Roland-Garros. Devant la situation, le groupe précisait en avril que « face à ces enjeux, nous accélérons la modernisation de notre site de Vergèze (dans le Gard, NDLR) afin d'assurer l'avenir de nos activités sur le long terme, tout en assurant une gestion durable de la ressource en eau. L'ensemble de ces éléments affecte la capacité de Nestlé Waters à assurer une complète disponibilité des produits Perrier à court terme et pour encore quelques mois ». Et le groupe a récemment suspendu l'exploitation de deux des forages utilisés pour Hépar.

En chiffres

  • +7,3% : l'évolution du CA des eaux embouteillées, à 2,68 Mrds € (+ 1,8 % en volume)

Source : Circana, CAM au 18 juin 2023, tous circuits GMS

Bien qu’il semble être le plus touché par l’inflation, le très gros segment des eaux plates nature tire la croissance de la catégorie avec une croissance en volume non négligeable. Les gazeuses nature ont pu être affectées par l’absence de Perrier dans les rayons, mais ce n’est pas le cas des gazeuses aromatisées

Sécheresses et pénuries

Pour sa part, Danone Eaux France (DEF) explique que ses eaux minérales sont prélevées à des niveaux très profonds (jusqu'à 100 mètres), donc moins sensibles aux enjeux de sécheresses saisonnières. Le groupe rappelle que son activité est soumise à des autorisations accordées par les pouvoirs publics, et qu’elle est toujours en deçà des quantités autorisées par l’arrêté préfectoral. Pour chacun de ses sites, Danone développe des partenariats public-privé pour garantir la préservation de la ressource, protéger les sols des impluviums et inciter les acteurs locaux à agir de manière concertée et responsable.

Hormis Quézac, toutes nos eaux ont une distribution uniquement régionale.

Mathieu Lignac, directeur du marketing et du développement commercial du groupe Ogeu

Pour Volvic en particulier, parfois dans le viseur des associations de défense de l’environnement, l’activité de DEF représente 22 % des prélèvements dans la nappe (50% pour les réseaux d’eau potable). Le groupe a investi 30 millions d’euros depuis 2017 pour économiser l’eau au cours du processus d’embouteillage, ce qui a permis de baisser de 13 % les prélèvements sur la période 2017-2022 à volume de vente égal. La marque a de plus signé en 2021 avec les pouvoirs publics un plan d’utilisation rationnelle de l’eau qui comporte deux volets, une baisse globale de 10 % des prélèvements annuels de Volvic et un dispositif de baisse des autorisations de prélèvements en cas de sécheresse.

Les vertus du régionalisme

Le point commun de toutes ces marques d’eaux embouteillées en butte à des problèmes d’approvisionnement ou incriminées est qu’elles sont (hormis peut-être Hépar), en plus d’être vendues sur le territoire national également commercialisées à l’export. Bien que cela puisse être considéré comme un atout au regard de la balance commerciale du pays, la question du partage de l’eau ne peut plus être éludée. Les autres groupes minéraliers opérant sur le territoire suivent généralement un modèle différent et plaident pour le local. « À part pour Quézac qui est distribuée nationalement, nous prônons le régionalisme. Aucune de nos sources ne rencontre de problème. Nous limitons les quantités que nous pouvons prélever », souligne Mathieu Lignac, directeur du marketing et du développement commercial du groupe Ogeu, qui exploite la marque éponyme dans les Pyrénées, Plancoët en Bretagne, Lutécia en région parisienne, Sainte-Baume en Provence et Valécrin dans les Alpes.

Chez Sources Alma, leader du marché avec son blockbuster Cristaline, et qui exploite de nombreuses autres marques comme Rozana, St-Yorre, Saint-Amand, Vals ou encore Thonon, la directrice RSE et marketing Agnès Jacquot rappelle : « Aucune de nos usines n’est concernée par des restrictions. Nous prélevons dans des nappes très profondes qui ne pourraient pas forcément être exploitées pour l’eau du robinet. Les prélèvements sont très contrôlés et les autorisations sont données en fonction d’études menées par des hydrogéologues indépendants. » Elle précise aussi que les eaux de source sont diffusées dans un rayon de 200 km maximum. Et que le groupe mène un travail important pour économiser l’eau avec par exemple des investissements pour équiper les soutireuses afin qu'aucune goutte ne soit perdue. Les lieux de captage étant bien entendu protégés.

Une question de volumes

Son de cloche identique chez Spadel, qui exploite notamment Wattwiller au national et Carola dans le Grand Est. « Nous restons une PME avec de relativement petits volumes. Notre ligne de conduite est de “puiser sans épuiser”, insiste Julian Schmitt, directeur Marketing Carola Wattwiller. Nous sommes en contact permanent avec toutes les parties prenantes – mairies, ONF, associations locales de défense de l’environnement… – concernées par notre impluvium et notre zone de captage. » Située dans le parc naturel régional des Ballons des Vosges, Wattwiller œuvre en outre à ce que les zones de protection autour de la source soient labellisées réserve naturelle.

Les petites marques récemment arrivées sur le marché des eaux embouteillées ne sont pas en reste. Pour son Eau neuve, la Compagnie des Pyrénées pompe à 1 300 m d’altitude en Haute-Ariège. « Nous prélevons moins de 2 % de la ressource. Nous la contrôlons chaque jour et nous avons un contrat avec un expert qui supervise nos contrôles et en effectue des supplémentaires », détaille Sébastien Crussol, directeur d’Eau neuve. L’eau de Bonneval bichonne également sa source savoyarde. « Nous disposons d’une des plus belles ressources existantes avec une source artésienne de surface. Nous avons dimensionné notre captage pour n’en prélever qu’une toute petite quantité. Il est vrai que la consommation de la ressource devient un sujet important et stratégique », conclut David Merle.

Les produits 

Grand format 
Sainte-Baume, l'eau minérale de Provence du groupe Ogeu, s'est dotée d'un conditionnement adapté aux familles avec son bidon de 6 l en plastique recyclé et recyclable.

Pause fruitée 
Contrex Green offre un goût plus fruité pour ses deux références bio faibles en sucres : infusion de thé blanc et infusion de maté.

Transparente 
Les bouteilles de Badoit (Danone), finement pétillante ou intensément pétillante, ont quitté leur robe verte ou rouge pour passer au plastique transparent, adapté au recyclage.

Hors domicile 
Après le 1 let le 75 cl enfin d'année dernière, l'eau savoyarde de Bonneval continue de décliner ses formats verre à destination des professionnels de l'hôtellerie, de la restauration et la mixologie avec deux bouteilles de 0,33 cl (plate et pétillante).

Fontaine 
Wattwiller (Spadel) propose un packaging inédit au rayon des eaux mais courant au rayon vins, en exclusivité depuis juin dans les magasins U. Cette fontaine de 5 l est composée d'une poche souple en polyéthylène munie d'un robinet et insérée dans un packaging en carton recyclable.

La pêche 
Cristaline (Alma) étend sa gamme d’eaux aromatisées. Après les parfums fruits rouges et citron, c’est un parfum pêche, légèrement sucré et sans conservateurs, qui arrive cet été (en bouteille de 1,5 l et en pack de 6 X 0,5 l).

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