Michel Biero (Lidl): "Nous pouvons baisser les prix des grandes marques tout de suite"
Les prix reculent chez Lidl, sur plusieurs centaines de références, y compris les marques nationales. Le prix du Coca par exemple passe de 3,50 à 3,20 euros. « Il faut se remettre autour de la table pour renégocier », demande Michel Biero, directeur exécutif des achats et du marketing de Lidl.
Magali Picard
\ 15h15
Magali Picard
LSA - Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, demande à ce que les négociations avec les industriels rouvrent fin mai pour répercuter les baisses de prix. Est-ce possible, malgré certains coûts encore élevés ?
Michel Biero - Tout est possible. Nous pouvons appliquer des baisses de prix dès la semaine prochaine. Les fournisseurs viennent déjà me voir pour me proposer des révisions à la baisse. Chez Lidl, nous baissons nos prix sur plusieurs centaines de références, environ 300, sur un total de 2000. Et pas seulement sur les marques propres, qui composent 90% de notre assortiment, mais aussi sur les grandes marques. Le prix de notre huile de tournesol a baissé de 18%, sans revenir au niveau de 2019. Elle est affichée à 2,71 euros contre 3,29 avant, mais pas à 1,49 euros comme il y a quatre ans. Pour les grandes marques, le prix du Coca-Cola passe par exemple de 3,50 à 3,20 euros.
Les grandes marques sont donc d’accord ?
M.B. - Nous les invitons à revenir autour de la table des négociations. Il faut de la transparence. Expliquez-moi pourquoi le prix des capsules de café ne baisse pas, alors que le cours de l’arabica a diminué de 30% depuis janvier ? Depuis la LME (loi de modernisation de l’économie, ndlr), les négociations ressemblent toujours à un jeu de dupes permanent. La France est le seul pays au monde où se négocient des services avec les industriels. Nous sommes la risée de l’Europe entière. Il faut pouvoir négocier pour les grandes marques comme nous négocions pour nos propres marques, tout au long de l’année et dans la transparence.
Où achetez-vous le Coca ?
M.B. - Le Coca est négocié par Lidl International pour chaque pays et il est moins cher en Italie qu’en France… C’est ce qu’on appelle l’opacité.
Cependant, le prix des matières premières ne baisse pas pour tout. Prenez un biscuit, le prix du blé et du beurre recule, mais pas celui des œufs et du sucre…Sans compter le reste des coûts, à commencer par les salaires.
M.B. - Il faut faire la différence entre les PME et les multinationales. Nous n’avons demandé aucune baisse de tarif aux premières. Le courrier de Bruno Le Maire s’adresse aux secondes. Mais il n’a aucune valeur juridique. Les grands industriels ne justifient pas leurs demandes de hausses de tarifs. Nous voulons savoir.
Vous prenez donc sur vos marges pour baisser le prix de ces grandes marques. La marge de Lidl en 2022 a-t-elle été affectée par l’inflation ?
M.B. - Nous avons perdu plusieurs points de marge, et pour un distributeur, c’est beaucoup.
Comment s’est passé l’année 2022 pour Lidl France ?
M.B. - Notre chiffre d’affaires avoisine les 15 milliards d’euros. Il a progressé de 6 à 7%, à périmètre comparable. Pour ne pas faire supporter aux consommateurs toute la hausse des prix, Lidl a revu à la baisse ses investissements immobiliers. Au lieu de la trentaine de magasins que nous ouvrons ou transformons chaque année, nous sommes partis sur une quinzaine pour 2023. Mais, si, au deuxième trimestre, nous retrouvons nos marges, nous pourrons réinvestir.
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