Portrait. Rencontre avec Margaux Baillet, la directrice générale de la PME Marius Bernard
Reprenant les rênes de l'entreprise familiale Marius Bernard à son père, Margaux Baillet part à la conquête de nouveaux marchés, portée par sa vision d'une gastronomie accessible, saine et de qualité. Rencontre avec une dirigeante qui conjugue avec succès leadership assumé et vie personnelle épanouie.
François Biaggini
\ 08h00
François Biaggini
Ses dates
- 1990 : naissance à Lyon
- 2012 : entrée chez Marius Bernard comme alternante en master 2, puis directrice marketing et développement
- 2018 : refonte complète des gammes sous le concept Marius, l'épicerie inspirée
- 2023 : nommée directrice générale de l'entreprise familiale
- 2025 : avec la gamme de plats BoQuotidiens, diversification dans les réseaux du hors-domicile
C'est en pleine lumière que Margaux Baillet a choisi de s'asseoir pour l'entretien qu'elle accorde à LSA. « Même dans le Sud, nous avons eu un hiver pluvieux », justifie celle qui habite Aix-en-Provence. Depuis 2023, elle assure la direction opérationnelle de Marius Bernard, une PME de Saint-Chamas, sur les bords de l'étang de Berre dans les Bouches-du-Rhône, spécialisée dans les produits d'épicerie fine. Elle a pris la suite de son père, Patrick Baillet. « En tant que femme, il est difficile de se sentir légitime. Et plus encore quand on est “fille de”. Mais je suis bien entourée, reconnaît la directrice générale de Marius Bernard. Je sais où je veux aller, et tout le monde est aligné avec mon projet. »
Ayant passé tous ces étés d'étudiante à travailler dans l'entreprise familiale, la bachelière de La Nativité, un lycée privé aixois réputé, décroche un BTS en communication à l'Iscom de Lyon, sa ville natale. Mais l'attrait du Sud est le plus fort. C'est donc à l'ESG d'Aix-en-Provence qu'elle poursuit ses études, enchaînant les stages chez Decathlon ou Pernod Ricard, et jusqu'à Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam, où elle rencontre celui qui deviendra son mari. Et c'est en septembre 2012 qu'elle entre chez Marius Bernard.
Un rendez-vous qui n'aurait pourtant pas dû avoir lieu : « Je devais effectuer un master 2 en alternance dans une grande entreprise qui m'a fait faux bond au dernier moment. » Ses premières missions ont consisté à remettre de l'ordre dans les gammes de la PME provençale, avant de lancer Les Pêcheurs des calanques, une marque de soupes de poissons et de sauces froides toujours implantée au rayon marée des GMS.
Transmission progressive
« En 2017, l'entreprise s'apprêtait à fêter ses 60 ans, et je commençais à tourner en rond. » Pourtant, la jeune directrice du marketing et du développement reste convaincue que Marius Bernard peut se rêver un avenir national, au-delà de son univers régional. « Des études montraient qu'il y avait de la place pour une offre qualitative en épicerie fine dans les grandes surfaces. » Ni une, ni deux : elle s'enferme une semaine avec son père pour tout remettre à plat. Marius, l'épicerie inspirée, une nouvelle marque, est alors imaginée pour fédérer les plus de 200 références dispersées entre Marius Bernard, Baptistin Féraud et La Compagnie des épices. Packs, positionnement marketing, meubles de boutique… tout doit changer.
« Mon père m'a alors mis un marché entre les mains : il y allait seulement si je restais dans l'entreprise. » Banco ! Alors qu'une transmission progressive s'engage, Marius fait son entrée en GMS. « Le lancement s'est très bien passé. L'offre correspondait aux envies des Français, et les apéros Zoom pendant la pandémie de Covid ont aussi été un bel accélérateur des ventes », relate la dirigeante, qui précise que la marque est présente désormais dans 1 200 points de vente, gérés en direct par les équipes commerciales de Marius Bernard.
Catering ferroviaire et aérien
En 2023, Margaux Baillet décide de reprendre le chemin des études. Elle intègre le programme 10 000 Small Businesses de l'Essec, réservé aux dirigeants de TPE/PME. Son objectif : écrire la suite de l'histoire. L'avenir de l'entreprise fondée en 1958 par Marius Bernard sera donc omnicanal. « Les consommateurs recherchent des solutions de repas pratiques, rapides et saines. Et ça, on sait faire. » La gamme BoQuotidiens a ainsi été dévoilée lors du Salon international de la restauration, de l'hôtellerie et de l'alimentation (Sirha) à Lyon, en janvier dernier.
Réservée aux réseaux du hors-domicile, elle compte 25 recettes de plats complets en bocaux. « Nous venons de signer avec l'un des plus grands restaurants d'entreprise de France, mais nous ciblons aussi le catering ferroviaire et aérien », annonce Margaux Baillet, qui ambitionne 5 millions de ventes dans les cinq ans avec cette diversification, pilotée par sa jeune sœur Clara. « Il nous suffit de décrocher le TGV et Air France, et on est bon ! »
En 2024, Marius Bernard a réalisé 15 millions d'euros de chiffre d'affaires, avec 75 salariés. « Le modèle actuel me convient très bien. Je ne veux pas forcément faire grandir l'entreprise à tout prix, mais qu'elle vive sainement pendant les soixante-dix prochaines années », explique la dirigeante. Adepte de boxe et de pilates, elle est également la mère de deux jeunes enfants. « Tous les vendredis, je suis à 16h30 devant l'école pour aller les chercher. J'ai une vie en dehors de l'entreprise dont je souhaite aussi profiter. » Elle vient d'ailleurs de s'inscrire à une formation « femme et leadership ». Une évidence.
Cet article est issu du hors-série épicerie d'avril 2025
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