Reportage : dans les coulisses de l'usine de maïs doux Géant vert
General Mills, propriétaire de la marque Géant vert, exploite une seule usine de maïs doux en Europe. Reportage dans les coulisses de cette production emblématique, qui a fait de la réduction de sa consommation en eau une priorité stratégique.
François Biaggini
\ 10h35
François Biaggini
350 millions de boîtes
La production annuelle de l'usine de Labatut, dans les Landes, soit 120 000 t de maïs doux
Source : Seretram
- 174 salariés : l'effectif permanent de l'usine, auquel s'ajoutent 400 saisonniers de juin à octobre
- 80 % : la part de la production exportée vers 25 pays
Source : Seretram
En ce mois de septembre qui touche à sa fin, difficile d'imaginer que l'eau est devenue une ressource limitée. C'est en effet sous une pluie battante que la récolte du maïs doux destiné à la marque Géant vert s'effectue à Barzun, à l'ouest de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Les deux moissonneuses avalent les rangs pour en extraire les précieux épis arrivés à maturité. Ils prendront ensuite la route pour atteindre l'usine de Labatut, dans les Landes. Détenue à 59 % par le groupe américain General Mills, propriétaire de la marque au géant, et à 41 % par le groupe coopératif Euralis, l'usine Seretram traite chaque année 120 000 tonnes de maïs doux.
Sur une surface de 45 000 m² couverts, les opérations s'enchaînent 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 tout au long de la campagne de production, qui s'étale de mi-juillet à fin octobre. Entre l'effeuillage de l'épi et la sortie de la boîte fermée et stérilisée, quarante-cinq minutes à peine s'écoulent à un rythme endiablé. Les 13 lignes de conditionnement produisent chaque jour 3 millions de boîtes de maïs extra-croquant (80 % des volumes), extra-tendre (10 %) et bio (10 %). Et sur les 350 millions d'unités produites chaque année, les quatre cinquièmes sont exportés vers 25 pays, principalement le Royaume-Uni, friand de maïs doux toute l'année, et les pays nordiques.
Irrigation optimisée
En tant que premier transformateur de maïs doux de France, Géant vert a engagé de nombreux chantiers pour réduire son impact sur l'environnement. La question de l'eau est bien entendu centrale. Au niveau des cultures, la Seretram travaille main dans la main avec les équipes agronomiques d'Euralis.
Dans les parcelles irriguées, soit près de 82 % des 6 500 à 7 000 hectares mis en culture chaque année, le pilotage de l'arrosage se fera dès cette année au plus près des besoins du maïs grâce à la généralisation d'un outil de prévision couplé à de l'imagerie satellitaire. « En associant cet outil avec un diagnostic de sol et des capteurs, nous mettons à disposition des données complètes, capacité du sol à stocker l'eau, quantité d'eau encore disponible, besoins de la culture, impact des apports déjà effectués… », explique Baptiste Cuny, responsable innovation du pôle agricole d'Euralis.
Cinq années de calibrage et de tests auront été nécessaires pour ajuster ce dispositif, qui pourrait doper les rendements de quelques pourcents. Un hectare produit en moyenne 20 tonnes de maïs doux, sachant que chaque pied porte un épi unique qui remplira l'équivalent d'une boîte.
Les économies d'eau concernent aussi l'usine, inaugurée en 1977. « L'entrée en application du décret REUSE [de janvier 2024, NDLR] ouvre de nouvelles voies pour optimiser l'utilisation de l'eau », reconnaît Antoine Bille, DG de la Seretram. Il rappelle que le site de Labatut utilise chaque année 250 000 m3. Près de 240 000 m3 sont puisés directement dans l'environnement pour assurer le transfert des grains dans l'usine, puis rejetés dans le milieu après épuration par la station de traitement modernisée en 2018 au prix de plusieurs millions d'euros d'investissements. Après une étape d'économie et de recyclage (- 13 % entre 2020 et 2022), la réutilisation pourrait entrer rapidement dans une phase active, à travers des partenariats noués avec des entreprises ou des exploitations agricoles voisines.
Résidus valorisés
Le chantier environnemental ne s'arrête pas là. « À partir de cette année, 100 % des résidus de production seront valorisés en boucle fermée et locale », dévoile le DG. Les résidus de maïs (rafles, feuilles, épis cassés) seront transformés en biogaz par le site Bio-Béarn à Mourenx, la plus grande unité de méthanisation de Total-Energies en France.
Le résidu de cette méthanisation, riche en matière organique, est un parfait engrais. Dès 2025, il sera utilisé par 160 des 300 producteurs de maïs Géant vert. Soit « une économie de 2 230 tonnes d'engrais chimiques », estime déjà Thierry Cauhape, directeur des productions spécialisées d'Euralis. De quoi rendre le Géant aussi vert pour l'environnement que son nom l'indique.
Réception
Les grains sont extraits des épis en trois opérations : dépouillage par rouleaux à friction, extraction sur bancs de coupe, nettoyage par flottaison et tri optique.
Usine Seretram de Labatut
La Seretram est la plus grande usine européenne de mise en boîte de maïs doux, une plante déjà appréciée des Mayas et des Aztèques.
Gestion de l'eau
L'usine Seretram utilise chaque année 250 000 m³ d'eau, soit l'équivalent de la consommation d'une ville comme Dax.
Récolte
L'usine Seretram utilise chaque année 250 000 m³ d'eau, soit l'équivalent de la consommation d'une ville comme Dax.
Mise en boîte
La mise en boîte sous vide s'effectue en moyenne douze heures après la récolte du maïs à parfaite maturité, pour garantir fraîcheur et croquant.
Cet article est issu du hors-série épicerie d'avril 2025
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