En exclusivité, Jean-Philippe André tire le bilan de ses années à la tête d’Haribo France

Le 1er novembre, Jean-Philippe André est devenu président non exécutif de la filiale tricolore du groupe allemand. Il dresse le bilan de ses dix-sept années à la direction opérationnelle d’Haribo France, au cours desquelles la marque a su s’imposer à la tête du marché de la confiserie.

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En exclusivité, Jean-Philippe André tire le bilan de ses années à la tête d’Haribo France
Depuis le 1er novembre 2023, Jean-Philippe André n’est plus le président exécutif d’Haribo France.

Ses successeurs

Jean-Philippe André est remplacé par un trio de directeurs généraux, conformément à l'organisation de la gouvernance au sein du confiseur centenaire.

  • Anthony Deleter est nommé DG marketing et commercial.
  • Pascal Bernard devient DG des opérations.
  • Timothée Glorieux accède au poste de DG finance.

Jusqu'ici, l'emploi du temps de Jean-Philippe André était quasiment réglé comme du papier à musique. Trois jours à Marseille, et deux jours à Paris. Trois jours à la tête du directoire d'Haribo Ricqlès Zan pour piloter le développement du confiseur au nounours doré, et deux jours à la présidence de l'Ania, l'Association nationale des industries alimentaires, depuis son élection en juin 2021 pour un mandat de trois ans. « J'aurai quasiment passé autant de temps chez Haribo que chez Danone », se rappelle le dirigeant. Il a en effet œuvré plus de vingt ans au sein du groupe français, en tant que directeur des ressources humaines, directeur commercial, puis directeur général des eaux en Italie. Le diplômé en droit de Sciences Po Strasbourg a ensuite rejoint le confiseur centenaire, après un passage par Heineken Italie. Chez Haribo, en plus de son poste de président du directoire, il a aussi assuré pendant trois ans la direction de la filiale des États-Unis, et la fonction d'administrateur délégué en Italie.

« Depuis le 1er novembre, je n'ai plus aucune responsabilité opérationnelle chez Haribo France », explique Jean-Philippe André. Il continuera cependant d'effectuer des missions au sein du groupe, mais « en dehors de la France », insiste-t-il, sans vouloir en dire plus quant à la nature de sa nouvelle mission stratégique. Il est en effet impossible d'occuper une direction opérationnelle dans le groupe Haribo au-delà de 65 ans, l'âge qu'il atteindra le 22 décembre.

Le groupe Haribo en 2023 

  • 2 Mrds€ : le CA estimé
  • 7 000 salariés
  • 16 usines (Allemagne, France, Espagne, Autriche, Belgique, Danemark, Turquie, États-Unis, Brésil)

Haribo France en 2023

  • 360 M€ : le CA (130 M€ en 2006)
  • 680 salariés (950 en 2006)
  • 45 % de part de marché, leader (22% en 2006, 2e derrière Mondelez)
  • 2 usines, à Marseille et Uzès (3 en 2006)

Sources: Haribo, estimations

Gestion « à six yeux »

Jean-Philippe André est désormais remplacé par une direction tricéphale, composée d'Anthony Deleter (DG commercial et marketing), Pascal Bernard (DG opérations) et Timothée Glorieux (DG finance), qui siégeaient jusqu'ici au directoire d'Haribo France. « Cette organisation de la gouvernance est la norme dans toutes les autres filiales du groupe. La France faisait encore exception en la matière », rappelle l'ancien président. Les trois DG rendront directement compte à la holding du groupe. « Cela apporte une grande sérénité d'avoir une gestion “à six yeux”, comme cela se dit en Allemagne. »

Tout au long de ses dix-sept années de direction, Jean-Philippe André n'a eu de cesse, avec ses équipes, de prouver aux dirigeants de Bonn que la France était un marché à fort potentiel, malgré ses nombreuses « originalités » sociales, réglementaires et commerciales. La France est en effet le second marché du groupe. Il y réalise 10 à 15 % de ses ventes, derrière l'Allemagne, mais devant le Royaume-Uni. « Depuis 2006, nous avons essayé de rassurer la holding quant à la conduite du changement, en mettant en place, notamment dans les usines, une politique sociale basée sur un très fort dialogue. » Haribo France a ainsi réussi à instaurer un système d'intéressement qui est désormais 100 % égalitaire « ce qui est assez rare en France », insiste le dirigeant.

Le « butin de l'année » est désormais partagé à parts égales entre tous les salariés, quels que soient leur poste et leur salaire. Sur le plan réglementaire, Jean-Philippe André salue les efforts du gouvernement, qui a apporté en matière de fiscalité « une visibilité pour les actionnaires qui n'existait pas il y a dix ans ». En revanche, la complexité des relations avec la grande distribution est difficile à expliquer à un groupe allemand. « 14 lois encadrent les relations industrie-commerce, et les prochaines sont déjà en préparation ! C'est incompréhensible outre Rhin. »

Des décisions difficiles

« Depuis mon arrivée, en 2006, j'ai toujours investi sur les forces existantes », résume l'ex-patron. La marque Tagada a doublé en quinze ans, tout comme Dragibus, qui représente désormais 15 % du chiffre d'affaires de la filiale française. Au fil du temps, ces blockbusters ont même eu des « filles », comme Dragibus Pik, Tagada Mini, ou Croco Pik. « Haribo a aussi réussi, avec Pik, à prendre la tête du segment des bonbons piquants dans l'ensemble de la grande distribution hors hard-discount, alors que nous avions pris le train en retard lors de la création de ce segment très apprécié des jeunes.»

« La filiale française n'a jamais été freinée dans le développement d'initiatives locales. Et, à l'inverse, nous soutenons fortement les axes stratégiques du groupe. » C'est ainsi qu'en France, les boutiques Haribo sont nées. La marque en exploite désormais une vingtaine dans plusieurs villages de marques, depuis l'ouverture de la première en 2010, à Troyes. Jean-Philippe André ne cache pas non plus qu'en dix-sept ans, il a aussi eu des décisions plus difficiles à prendre. Outre la fermeture du site de Wattrelos, dans le Nord, en 2007, il a conduit des plans de réorganisation du travail assortis de départs volontaires dans les usines de Marseille et d'Uzès, afin de réduire significativement les coûts de production en France.

« Depuis que je travaille chez Haribo, je n'ai jamais vendu un seul bonbon , résume-t-il, le sourire aux lèvres. J'ai vendu des petits moments de plaisir… tous signés à la marque Haribo ! Et si le potentiel d'Haribo est aujourd'hui infiniment supérieur à ce qu'il était il y a dix-sept ans, il est encore très inférieur à ce qu'il sera dans le futur. » Une perspective réjouissante pour le trio qui, désormais, va œuvrer à la destinée hexagonale de la marque depuis la rade de Marseille.

Plus de temps pour l'Ania

Je vais avoir un peu plus de temps à consacrer à l'Ania, se félicite Jean-Philippe André. La présidence de l'Association nationale des industries alimentaires est, en effet, un travail à temps plein. « Entre janvier et septembre, j'ai pris plus de 150 fois la parole dans les médias, en semaine, mais aussi le samedi ou le dimanche. C'est passionnant, mais cela nécessite d'avoir du temps pour discuter avec les journalistes, les pouvoirs publics, les distributeurs et nos adhérents. » Avoir davantage de temps devrait aussi permettre à Jean-Philippe André d'avancer sur des dossiers aujourd'hui « enterrés » à cause de l'actualité. « Je pense notamment aux questions liées au développement durable ou à la souveraineté alimentaire. Je m'appliquerai à ne pas perdre le contact avec le business français pour décoder et anticiper les subtilités réglementaires qui nous sont propres. » A-t-il l'intention de se représenter à la présidence de l'Ania en juin prochain ? Il se laisse le temps de réfléchir.

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